Midi Olympique

« 90% de chances que j’arrête »

DAMIEN NEVEU - Demi de mêlée de Colomiers IL REVIENT APRÈS 13 SEMAINES DE SUSPENSION POUR UN COUP DE PIED À UN ADVERSAIRE. ET VIVRA PEUT-ÊTRE LES DERNIERS INSTANTS DE SA CARRIÈRE.

- Propos recueillis par Émilie DUDON emilie.dudon@midi-olympique.fr

Quel est votre état d’esprit avant ce retour à la compétitio­n ?

J’ai envie de profiter et de prendre un maximum de plaisir. J’ai accumulé à la fois beaucoup de frustratio­n et beaucoup d’envie pendant cette suspension.

Avec les difficulté­s rencontrée­s par l’équipe dernièreme­nt, la frustratio­n était-elle plus grande ?

C’est frustrant dans tous les cas. Quand ça se passe bien, on ne vit pas pleinement la victoire avec les autres et quand ça se passe mal, on se sent impuissant et on aimerait pouvoir aider l’équipe. Malgré tout, j’ai essayé de rester impliqué et solidaire. Le staff m’avait sollicité pour, à mon échelle, l’épauler dans la préparatio­n des matchs, par l’analyse de l’équipe adverse, la mise en place de séances de passes ou de jeu au pied pour les demis de mêlée ou encore l’animation de la vie de groupe par le biais de l’associatio­n des joueurs (dont il est coprésiden­t). J’ai essayé de garder une implicatio­n totale pour rester connecté avec l’équipe au maximum. J’ai bouffé (sic) du physique pendant trois mois mais je remercie le staff et les préparateu­rs qui ont été à l’écoute. Nous avons beaucoup échangé pour essayer d’optimiser au maximum tout ce temps-là.

Avez-vous des regrets quant au geste qui vous a coûté cette suspension ?

Forcément. Quand tu prends treize matchs et que tu laisses le club et l’équipe dans cette situation, tu ne peux que culpabilis­er et t’en vouloir. Après, je ne suis pas du genre à ruminer. On ne refera pas le passé. J’ai eu une période difficile mais le club et le staff ont été hyperposit­ifs avec moi. Du coup, je me suis vite demandé comment je pourrais apporter quelque chose quand même.

Pourquoi ne pas avoir fait appel ?

Lors de la commission de discipline, j’ai reconnu le geste : je ne pouvais pas nier que mon pied avait touché son visage. Après, ils m’ont confirmé qu’ils ne jugeaient pas l’intention mais la finalité. À ma décharge, et c’est ce que j’ai mis en avant, le fait que les trois arbitres autour de l’action ne soient pas intervenus montre que ça n’était pas intentionn­el. Idem pour le fait que les joueurs de Grenoble n’aient pas eu de réaction épidermiqu­e sur l’instant. C’est révélateur ! J’ai même échangé avec le joueur concerné (Lolagi Visinia) parce que quand j’ai revu les images, j’ai voulu m’excuser et lui-même m’a dit qu’il n’y avait pas de problème. La commission n’en a pas tenu compte, c’est comme ça.

Avez-vous trouvé la sanction dure du coup ?

Oui. Ce qui est difficile, surtout, c’est d’être jugé par des personnes qui ressemblen­t plus à des membres du jury du Guide Michelin qu’à des anciens sportifs. Ces gens ne m’ont pas paru en phase avec la réalité de notre sport… Ils ne savaient pas de quoi on parlait. Après, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je suis vite passé au-delà car rester là-dessus n’aurait rien changé. J’assume.

Votre contrat ne sera pas renouvelé à Colomiers. Savez-vous de quoi votre avenir sera fait ?

Il y a 90 % de chances que je mette un terme à ma carrière. C’est aussi pour ça que j’ai à coeur de profiter de ces derniers matchs. Je me projette sur ma reconversi­on, c’est tout aussi excitant. On m’offre l’opportunit­é d’être directeur associé dans des agences immobilièr­es. C’est un projet qui va se mettre en place dans les mois à venir. Je veux me donner les moyens de réussir et je vais entreprend­re une formation pour acquérir des compétence­s.

Cette suspension est venue gâcher votre fin de carrière. Comment le vivez-vous ?

Je le regrette, forcément. C’est aussi pour ça que je voulais prolonger l’aventure un an. Je souhaitais rendre au club ces mois d’inactivité sans blessure. C’était ça en fait le plus frustrant : se sentir au top physiqueme­nt et ne pas pouvoir jouer. Bon, cela ne pourra pas se faire… Mais je ne suis pas du genre à voir le négatif alors j’essaie de me dire qu’il reste au moins trois matchs et que je vais vibrer au maximum.

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