Midi Olympique

ON LEUR A COUPÉ LES PATTES

LE CLUB A ÉTÉ INTERDIT DE PHASES FINALES RÉGIONALE ET NATIONALE AU MOTIF DE SON MANQUE D’ÉCOLE DE RUGBY. MALGRÉ SES EFFORTS FOURNIS EN CE SENS…

- Par Guillaume CYPRIEN

La chute des licenciés faisant, le durcisseme­nt de l’applicatio­n des règlements dans les comités régionaux a été renforcé. Et la politique d’incitation à la création des équipes de jeunes vire à la sanction contre les clubs qui n’en disposent pas. « Pas d’école de rugby, pas de phase finale » est devenue une rengaine, que l’on peut entendre un peu partout en France. Après son arrivée au pouvoir, l’équipe de Bernard Laporte avait même gonflé les muscles la saison dernière en retoquant des autorisati­ons régionales en interdicti­ons fédérales, avant de faire machine arrière. C’est par cette même logique que le comité des Flandres a indiqué à son club de Fourmies qu’il ne pourrait pas être aligné au départ des demi-finales régionales, ni au départ du championna­t de France de la Quatrième Série. « Votre club ne respecte pas les obligation­s concernant l’effectif minimum pour votre école de rugby, et vous permettre d’y participer créerait une jurisprude­nce remettant en question les règlements fédéraux et territoria­ux », a répondu le président délégué des Flandres Sébastien Carrez, à la demande de dérogation formulée par les dirigeants de Fourmies. « Mais que veulent-ils ? s’est indigné Dominique Decaudin, quarante ans de service à Fourmies, ancien arbitre fédéral, toujours arbitre régional, et entraîneur des seniors. Ils veulent qu’on crève ? »

UN NO MAN’S LAND

À huit kilomètres de la frontière belge, dans cette partie du Nord sinistrée par un taux de chômage record de trente-quatre pour cent, et où les clubs de football récupèrent toute la jeunesse, le club de Fourmies fait de la résistance comme il le peut. Il a connu des bonnes époques, « des moments où on emmenait les enfants en car tellement on en avait », raconte Dominique Decaudin. Cette époque est révolue. Aujourd’hui, ils sont vingt seniors, quelques dirigeants, trois féminines, et quelques gamins éparpillés sur le terrain. L’activité a chuté. Le club s’est doté d’un emploi en service civique pour essayer de convaincre les enfants de venir. « On fait tous les efforts nécessaire­s, raconte Decaudin. On a même deux arbitres, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Mais que voulez qu’on fasse ? Dans notre région, les sports de plein air n’ont plus la cote. Il fait froid, et les gamins d’aujourd’hui n’aiment pas les contrainte­s. Ce n’est quand même pas de notre faute. Et maintenant on va dégoûter du rugby des seniors qui se sont investis comme des malades pour se qualifier, en les privant de ce qu’ils ont gagné ? » Ils ont fait durant toute la saison les voyages en voitures individuel­les pour rallier des villes souvent lointaines, situées en moyenne à cent cinquante kilomètres. L’équipe a perdu deux joueurs sur blessure en début de saison, et elle s’est soudée à dix-huit pour aller chercher sa troisième place qualificat­ive. En vain. « Mais à quoi servent les dérogation­s, si ce n’est pour servir à des clubs comme le nôtre ? se questionne l’entraîneur. Chaque année, des clubs en bénéficien­t. Et pour nous, c’est niet. Je ne comprends pas, et j’espère qu’on pourra m’expliquer en haut lieu. Car il n’est pas question d’accepter sans rien faire que nos joueurs ne goûtent pas ce pourquoi ils se sont battus. J’aimerais bien que l’on me l’explique à la Fédération. »

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Photo DR Avec le soutien de leurs adversaire­s de Marquette, les seniors de Fourmies ont pris la pose avec une pancarte pour dénoncer leur non-participat­ion à la phase finale régionale.

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