BIG «MAMA»
C’était relaté dans ces colonnes voilà une semaine. Le mardi précédent, pour la reprise de l’entraînement deux jours après la déconvenue à domicile contre Lyon,Yoann Maestri avait réuni ses partenaires au centre du terrain et élevé la voix : « Si nous sommes une grande équipe, on va le prouver sur le terrain. » Discours ferme et rassembleur pour remobiliser les troupes et sonner la révolte. Et surtout pour ne pas laisser le doute s’instiller dans les esprits alors que la période était jusque-là rayonnante. « Mama (son surnom, N.D.L.R.) est une personne importante dans le groupe, surtout qu’il a été rajeuni, confiait le pilier Cyril Baille. Comme Flo (Fritz), il permet d’apporter une stabilité. Il est considéré comme un ancien aux yeux des jeunes, donc il est écouté et, au vu de son expérience, il remet les pendules à l’heure quand il le faut. » Ce qui a fonctionné. Malgré une préparation tronquée par les incertitudes, les Toulousains ont réalisé un match plein face à Montpellier. Notamment dans l’intensité et le combat. Sur ce plan, le deuxième ligne international a livré une énième prestation monumentale. « Il tire l’équipe, avoue son entraîneur Ugo Mola. Il est accompagné par ses coéquipiers mais il montre souvent la voie et sait remettre le bleu de chauffe. » Le même Mola qui, en octobre, louait déjà l’état d’esprit de Maestri quand ce dernier était écarté du XV de France pour la tournée de novembre : « L’objectif du club est de l’aider à retrouver au plus vite les Bleus, et cela passera inévitablement par de belles performances en Top 14. Je suis personnellement très satisfait de son début de saison. » Et la suite ne fut que meilleure.
Sur ses dernières sorties, Maestri enchaîne les bonnes prestations. Et, si l’on excepte ses trois semaines de suspension après le carton rouge reçu contre Oyonnax, il ne cesse de monter en puissance. À vrai dire, cela faisait deux ans qu’il n’était pas apparu aussi fringant et saignant.
MOLA : « UN JOUEUR DE HAUT NIVEAU »
Toujours aussi précieux dans les rucks, le joueur a encore franchi un cap dans le jeu aérien et surtout dans son apport sur le mouvement général. C’est ainsi que Maestri est très sollicité sur les relances de jeu et s’impose comme un point de fixation essentiel. Dimanche dernier, Mola appréciait : « Yoann a encore réalisé une grosse performance. Ce n’est plus un gamin de vingt ans, il n’a plus rien à prouver sur le fait qu’il est un grand deuxième ligne. » Qui, après de nombreuses semaines de négociations, a décidé en novembre de s’engager en faveur de La Rochelle en vue des prochaines saisons. Ce qui peut, en partie, expliquer pourquoi il semble libéré. « Comme beaucoup de garçons, quand le rugby est le centre de ses préoccupations, c‘est un joueur de haut niveau », souligne Mola. Une évidence. Pourtant, et malgré ce qu’il montre tous les weekends, l’intéressé n’a toujours pas été rappelé dans une sélection dont il fut un incontestable leader. Quelque part, sa situation est symptomatique des maux du rugby français. Lui a été maintenu chez les Bleus, notamment la saison passée, quand il était clairement moins à son aise - il faut dire qu’après le Mondial, Maestri avait payé son énorme temps de jeu et quelques pépins physiques - mais reste en marge alors qu’il est impressionnant de régularité depuis l’entame de l’exercice. En attendant, c’est son club qui entend continuer à en profiter. Mola ne le cachait après Montpellier : « On a besoin de joueurs cadres à ce niveau si on veut réitérer ce genre de prestations… »