Midi Olympique

LES SECRETS DES « AFFAMÉES »

LES FILLES DE FRANCE ONT GLANÉ LE CINQUIÈME GRAND CHELEM DE L’HISTOIRE DANS L’ANONYMAT DE COLWYN BAY, TOUT AU NORD DU PAYS DE GALLES. ELLES SEMBLENT POURTANT PROMISES À UN AVENIR RADIEUX, PLUS QUE JAMAIS CAPABLES DE RIVALISER AVEC LES MEILLEURES NATIONS M

- Par David BOURNIQUEL

Elles l’ont fait. Vendredi dernier, dans la boue d’un stade sans âge, à Colwyn Bay, aux confins du pays de Galles, l’équipe de France féminine a remporté le Tournoi des 6 Nations sans concéder la moindre défaite. Un anonymat détonant avec la grande liesse qui avait accompagné les Bleues à Grenoble (contre l’Angleterre), qui laisse à penser que la FFR ne doit plus perdre de temps dans l’accompagne­ment et la profession­nalisation du rugby féminin. Ces filles-là le méritent.

Les coéquipièr­e de la capitaine Gaëlle Hermet imitent leurs glorieuses aînées de 2002, 2004, 2005 et 2010 et offrent à la France son cinquième grand chelem féminin. Au-delà du titre, c’est la manière qui séduit. Les Bleues ont su imposer leur style et proposer un rugby ouvert, agréable à jouer et à regarder, où renaît le fameux « french flair » qui fit la renommée du rugby hexagonal et que le profession­nalisme a étouffé chez les garçons. Il fallait voir durant ce Tournoi les courses électrique­s de Cyrielle Banet, les prises d’intervalle­s de Caroline Drouin, la vista et le talent de Pauline Bourdon, les passes après contact de Safi N’Diaye ou la montée en puissance d’Agathe Sochat… Samuel Cherouk, l’entraîneur des avants tricolores : « Nous nous sommes appuyés sur le jeu mis en place par nos prédécesse­urs. Au final, nous n’avons pas modifié grand-chose. En revanche, nous avons travaillé sur l’état d’esprit. Notre maître mot, c’est l’intensité. On veut jouer simple, vite et fort ! » Ce XV de France développe ainsi la théorie du danger permanent. Avec ces filles-là, tous les ballons sont une munition. Les Galloises en ont fait l’amère expérience vendredi dernier. Malgré des temps forts dans les 22 mètres bleus, elles ont été six fois chercher le ballon dans leur propre en-but. Punition immédiate

lorsque l’on dispose, comme c’est le cas des Bleues, de joueuses talentueus­es aux jambes de feu et que le plan de jeu incite à l’attaque : « On veut menacer tous les espaces du terrain, reprend Cherouk. Nous créons de l’incertitud­e chez les adversaire­s par

nos courses et nos passes. » Ces filles-là jouent au rugby, tout simplement ! On l’a bien vu durant le dernier Tournoi : chez les femmes, cette forme de jeu ouverte est gagnante. Les formations plus limitées techniquem­ent, qui misent sur la force brute et un jeu d’affronteme­nts perpétuels, sont prises au dépourvu. On sent bien là l’apport du rugby à VII, dont les Tricolores sont pour beaucoup des pratiquant­es assidues.

JOUER PLUS SOUVENT LES MEILLEURES

Les Françaises sont championne­s d’Europe. Forcément, on

se prend à rêver même si le staff tempère : « On ne s’enflamme pas. La Coupe du monde est loin. Pour le moment, on demande aux filles de mettre le même niveau d’investisse­ment à chaque

fois qu’elles mettront le maillot. » Elles ont trois ans pour confirmer. D’ici là, il peut se passer une infinité de choses...

Une certitude toutefois : au sortir de ce Tournoi, les Françaises ne sont plus si éloignée des toutes meilleures nations mondiales. La victoire contre les Anglaises, vice-championne­s du monde, en est la plus parfaite des démonstrat­ions.

Pour écarter la théorie du « coup sans lendemain » et gagner dans la continuité face à de telles équipes, il faudra les jouer plus souvent. « Une demande a été faite à la Fédération en ce sens », assure Samuel Cherouk. C’est en se confrontan­t au top niveau que l’équipe de France progresser­a. Sans faire offense aux Écossaises, Galloises, italiennes, les Bleues et les Anglaises n’ont plus d’égales à en Europe. La chasse aux Néo-Zélandaise­s est ouverte. Ces Bleues, pour peu qu’on les soutiennen­t, n’ont pas fini de nous étonner !

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Lundi à Toulouse, à l’occasion de l’Oscar Midi Olympique décerné à Antoine Dupont, une partie de l’équipe (Gaëlle Hermet, la capitaine, Audrey Forlani, Camille Boudaud, Fiona Lecat, Maïlys Dhia Traoré) et leur manager (Annick Hayraud, trophée en main) éta
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