LE CALME APRÈS LA TEMPÊTE
LE REMAKE DE LA DERNIÈRE FINALE DE TOP14 N’AVAIT QUE LE NOM, LE RCT CONFORTE SA PLACE DANS LE TOP 6 ET RETROUVE LE SOURIRE AVANT D’ALLER AFFRONTER LE MUNSTER, SAMEDI PROCHAIN.
Qui pouvait être assez crédule pour imaginer que la tempête épargnerait la rade toute une saison ? S’il était jusqu’alors plus discret que jamais, Mourad Boudjellal ne pouvait pas rester calmement installé dans son bureau dix mois durant sans piquer la moindre colère. Et, comme par magie, à la troisième humiliation venue, le volcanique président du RCT a rappelé en début de semaine que son club n’était jamais à l’abri d’un coup de sang.
S’il apparaissait jusqu’alors effacé, affirmant maintes reprises qu’il avait confiance aveugle en son staff, le président du RCT a retrouvé ses vieilles habitudes après le revers d’Oyonnax, convoquant trois membres de son staff (Fabrice Landreau, Marc Dal Maso et Tom Whitford). Pour les mettre à la porte ? Pas le genre de la maison… vous imaginez bien : « Oui, je sais virer un entraîneur. Je maîtrise assez bien cet art, mais je n’ai pas envie de m’exercer cette saison. Je ne suis pas assez fou pour virer un coach à dix jours d’un quart de finale de Coupe d’Europe. Je ne suis pas frappé à ce point. […] Je vous affirme que je ne virerai personne d’ici la fin de saison. Si on perd contre Clermont ? On attendra le Munster. Et si on perd à nouveau ? On attendra le Racing, et ainsi de suite jusqu’aux vacances. Soit on arrivera à bon port ensemble, soit pas, mais il n’a jamais été question de virer un coach. »
Pas de remue-ménage dans le staff, seulement un peu de brouhaha pour réveiller ses troupes. « Cela m’a surtout permis de rappeler aux joueurs qu’ici ils sont assis sur un volcan, qui peut se réveiller à tout moment. Ils sont à Toulon. Et à Toulon, on demande beaucoup. » Toujours est-il qu’avec seulement deux points d’avance sur la septième place avant cette 22e journée, les Toulonnais n’avaient d’autre choix que de s’imposer face à Clermont. D’une part pour définitivement éteindre le feu allumé par Mourad Boudjellal en début de semaine. D’autre part pour préserver toutes leurs chances de qualification.
GALTHIÉ : « C’ÉTAIT UN GRAND MOMENT »
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Toulonnais ont entendu le message. Solidaires, conquérants et efficaces, tant en attaque qu’en défense, les joueurs de Fabien Galthié ont roulé sur le champion de France. En arrachant le point de bonus offensif en moins de vingt minutes, les Rouge et Noir ont fait étalage de toutes leurs qualités. Et s’il était pertinent, avant la rencontre, de se demander quel RCT se présenterait à Mayol ce dimanche (celui frileux d’Oyonnax, ou celui brillant d’Agen), les coéquipiers de Mathieu Bastareaud se sont montrés sur leur plus beau jour.
La meilleure illustration ? La possession qui, si elle échappait aux Varois ces dernières semaines, dépassait les 65 % en leur faveur à la mi-temps. Au total, les Toulonnais rallieront sept fois l’enbut de fantomatiques Clermontois. Et, sous les yeux de Rhys Webb, c’est un Clermont réduit au rang de sparring-partner, voire même de simples spectateurs, que le RCT prépara de la meilleure manière possible son quart de finale de Champions Cup. Toulon a donc piqué sa crise, Mourad Boudjellal en tête, mais comme souvent, le vestiaire toulonnais a relevé la tête, et rappelé que les grands matchs appartenaient aux grands joueurs. Rassurant, à six jours de ce qui ressemble fort au plus gros rendez-vous de la saison pour le RCT : « On a quand même un jeu qui commence à prendre forme, souriait Fabien Galthié après la rencontre. On ne peut pas dire qu’on s’attendait à ça. On a fait une première mi-temps qu’il faut garder dans nos têtes. Il n’y a pas eu beaucoup de déchets. Du rythme, de la redistribution, un bon mélange de course, une défense bien en place… la première mi-temps est remarquable. Jouer Clermont à Mayol dans le contexte actuel, c’était un grand moment. C’était un peu comme un huitième de finale. C’est ce que j’ai ressenti. »
Il est un adage qui affirme que le muguet refleurit toujours au printemps sur la rade… Il lui reste désormais six jours pour prendre la route de l’Irlande, où le RCT jouera une partie de sa saison contre le Munster.