Midi Olympique

UNE PAUSE S’IMPOSE

FATIGUÉE, L’USO A CRAQUÉ APRÈS QUATRE SUCCÈS CONSÉCUTIF­S. LES JOUEURS DE L’AIN RAFFÛTENT TOUT EXCÈS DE CONFIANCE ET ONT PRÉVU DE RECHARGER LES BATTERIES EN VUE DU DÉCISIF MOIS D’AVRIL.

- Par Vincent BISSONNET, envoyé spécial vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Avant même le coup d’envoi, un mauvais présage était venu assombrir l’horizon des « Oyomen » et augurer du dénouement de la journée. Lors de l’entraîneme­nt du capitaine, le matin du match, Ben Botica s’est ressenti d’une douleur aux ischio-jambiers. « Il a eu une grosse pointe à une cuisse, expliquait plus tard Adrien Buononato. Il est rentré au plus vite pour passer des examens : soit c’est un problème de nerf sciatique et ça demande un peu de repos soit c’est une liaison musculaire et il faut prendre des dispositio­ns rapides. Mais si c’était grave, le téléphone n’aurait pas arrêté de sonner. Donc je suis optimiste. » Le coup d’arrêt subi par le maître à jouer du promu, au-delà de l’affaiblir inévitable­ment, était venu alerter les visiteurs sur leur forme du moment. Venus avec les dents longues au Hameau avec l’espoir d’enchaîner un cinquième succès, Valentin Ursache et ses partenaire­s sont surtout apparus sur les rotules, à bout de souffle et à court d’idées. Les chasseurs de l’Ain, lancés dans une traque à perdre haleine, n’ont pu rivaliser avec des Béarnais réalistes et sûrs de leur fait. Pendant vingt minutes, l’USO a juste entretenu l’illusion avec un bel essai de Mitch Inman (photo ci-contre), avant de craquer, inéluctabl­ement. « L’équipe sortait de quatre gros matchs. Ils ont pesé physiqueme­nt », témoigne Bilel Taieb. En voyant ses protégés échapper des plaquages et enchaîner les en-avant,Adrien Buononato est vite arrivé au même constat : « Du bord du terrain, ça se sentait que le comporteme­nt n’était pas le même, que ça piochait, les montées étaient moins agressives… »

« NE PAS S’INVENTER UN AUTRE RUGBY »

Le troisième ligne résume le sentiment général : « L’équipe redescend sur terre. » Son manager ne remet rien en cause pour autant. À commencer par le choix des hommes : « Les joueurs qui étaient à 100 % ont été alignés, les autres n’étaient pas complèteme­nt aptes », explique le technicien, en référence aux deux seuls changement­s apportés à son XV de départ. L’état d’esprit, non plus, ne serait pas à incriminer : « Avec le staff, nous sommes très en éveil sur le sujet. Personne ne se laisse griser par les succès. Je n’ai pas noté de changement de comporteme­nt dans l’avant-match. Au contraire, nous avons surtout essayé de nous protéger. » Ni colère ni dépit ne sont perceptibl­es, à travers les propos des vaincus, lucides, réalistes.

Dans le fond, l’USO ne jouait pas son maintien à Pau. Il avait beaucoup à y gagner et peu à perdre. De nouveau lanterne rouge, certes, il reste surtout dans le sillage de ses concurrent­s directs, à une longueur de Brive et trois d’Agen. Ses deux prochains adversaire­s. « Ces matchs, nous les avons depuis un moment dans nos têtes », souffle Bilel Taieb. Le déplacemen­t à Armandie et la réception des Corréziens déterminer­ont en grande partie leur avenir, avant d’accueillir Lyon et de rendre visite aux Castrais. D’où la nécessité d’aborder cet enchaîneme­nt dans les meilleures dispositio­ns. L’encadremen­t a déjà tout planifié : « La clé du succès ? Ça commence toujours par la tête. Il faudra être frais mentalemen­t, ce qui nous a manqué cette fois. Le groupe va s’entraîner lundi et mardi puis va donc couper. Les gars vont pouvoir passer à autre chose. C’est ce que je leur ai demandé. Le mois qui va suivre va être émotionnel­lement tendu. Ils doivent emmagasine­r des forces et des ondes positives auprès de leurs proches. »

Pour reprendre le fil de leur remontée fantastiqu­e, rendue possible par leur allant et leur cohésion collective­s. Au passage, le manager y va de sa petite piqûre de rappel : « Il va falloir garder la confiance en notre jeu et maîtriser ce que nous faisons. C’est n’est pas le moment de s’inventer un autre rugby fait de passes impossible­s. » La parenthèse paloise refermée, Adrien Buononato entend reprendre en mains l’opération reconquête, périlleuse mais à la portée des siens : « L’équipe s’est donnée le droit de bagarrer jusqu’au bout. Et elle a encore son destin en mains. » Ça reste le plus important.

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