UN PACK TOUT ÉQUIPÉ
LES HÉRAULTAIS DÉCROCHENT LEUR NEUVIÈME BONUS OFFENSIF SUR ONZE POSSIBLES À L’ALTRAD STADIUM (INVAINCUS SUR LEURS TERRES) ET CONFORTENT AINSI LEUR PLACE DE LEADER. EN SE RASSURANT AUSSI SUR LEUR CONQUÊTE, DÉFAILLANTE IL Y A PEU.
Quinze kilos séparaient les deux packs sur la balance à la « pesée » et à la fin du combat, il y avait « quinze » classes d’écart entre les avants du CO et du MHR. Le poids « mi-lourds » héraultais (900 kg, moyenne tronquée par Willemse et ses 136 kg) et sa troisième ligne coureuse (300 kg), a mis K.-O. les poids « superlourds » tarnais, renforcés par leurs trois derniers colosses du huit de devant (335 kg). Et pourtant, Castres ne pouvait pas faire plus dense physiquement pour aller au bout de son plan. « C’est sûr que quand nous avons vu la composition du CO, on a compris qu’il serait primordial pour eux de venir nous défier physiquement et nous dominer en conquête », note Kélian Galletier. Alors, pourquoi ce duel a-t-il au final défié avec autant d’excès toutes les lois de la physique ? « L’équipe était vraiment déçue de tout ce qu’elle avait montré à Toulouse et elle avait à coeur de rectifier le tir ce soir (samedi, N.D.L.R.) », explique Bismarck du Plessis, auteur d’un doublé. Blessés dans leur orgueil, les Cistes ont passé leur semaine à ruminer, à travailler leurs fondamentaux dans l’ombre pour honorer leur promesse commune de rédemption dans le combat collectif. Un supplément d’âme qui a sauté aux yeux samedi. Et un plan tactique d’une redoutable efficacité, illustré une nouvelle fois par un jeu au pied d’occupation et de pression parfaitement maîtrisé, qui a fait jouer le CO en « marche arrière ».
À l’image du Racing 92, les Castrais, surclassés sur leurs points forts, ont perdu à leur propre jeu. Ils étaient venus pour ferrailler au près, dominer les zones de collision puis régner sur le jeu au sol. Raté ! C’est l’inverse qui s’est produit. Le MHR avait plus d’envie et de courage qu’eux. « Et nous sommes aussi parvenus à mettre de la vitesse et cela les a surpris. » Le numéro 8 Galletier parle-là de vitesse de transmission dans les passes entre avants ou dans leurs courses sur les pick and go mais aussi de la réactivité des soutiens au porteur, de la rapidité des « gratteurs » à se mettre en exécution dans les rucks pour récupérer un nombre incalculable de ballons… Une des clés de leur succès, à l’instar du contre en touche.
UNE TOUCHE DE PERFECTION
Les Héraultais ont réalisé leur prestation référence dans ce secteur, en volant quatre ballons à l’alignement visiteur, alourdi et donc, moins aérien, qu’ils ont volontairement abreuvé de touches (18), à jouer principalement dans leur camp pour mieux les contrer. « On avait peut-être des sauteurs plus habiles. Nous avons eu toutes les nôtres (9 sur 9), et en plus, on leur a enlevé les leurs ! Grâce à ça, on les a empêchés de lancer leur jeu et laissés constamment sous pression chez eux », ajoute le troisième ligne.
Et même lorsque les Tarnais s’entêtaient à jouer des pénaltouches à répétition pour faire la différence sur groupés-pénétrants, ils se faisaient systématiquement refouler (20e, 55e, 57e, 58e, 60e, 63e). Fulgence Ouedraogo confirme : « On s’était répété toute la semaine que l’on n’avait pas le droit de se louper là-dessus. L’équipe avait subi beaucoup de mauls à Toulouse, ce qui s’était traduit par un essai en fin de match qui nous coûte cher. On a voulu montrer que l’on pouvait bien défendre dans ce secteur-là. » Et attaquer aussi, puisque les Bleu et Blanc ont inscrit un essai sur groupé-pénétrant. À noter pour finir, la prestation de haute volée d’une mêlée retrouvée, sous l’impulsion du retour du taulier, Mikheil Nariashvili, et d’un Jannie du Plessis bluffant. À l’origine de deux réalisations, elle a parachevé le récital du pack montpelliérain. La conquête du MHR monte en puissance au meilleur des moments. Le capitaine « Fufu » tempère : « Quand on battra une équipe de haut de tableau à l’extérieur, là on montera véritablement en puissance. L’exemple, c’est le domaine de la conquête où l’on est un peu inconstant. […] Cela veut dire que l’on marche à réaction. À l’équipe de trouver plus de constance si elle veut véritablement grandir. » Le prix de l’ambition.