Comme des bleus
Qu’a-t-il manqué à l’équipe de France, lors du dernier Tournoi, pour se hisser au niveau des meilleurs ? « Des détails » ont répondu à l’unisson joueurs, entraîneurs et observateurs. Quant à mettre un nom sur ces fameux détails ? Chacun peut évidemment avancer sa propre théorie, en fonction de sa spécialité et de ses propres lubies. On va donc ici vous servir la nôtre, selon laquelle ce n’est pas de talent ni de ressources physiques qu’ont manqué les Bleus. Mais bien d’un cruel manque d’à-propos, pour ne pas dire d’intelligence. On en veut pour preuve certains choix et autres faits de jeu, à l’image de cette dernière pénalité stupidement tentée face à l’Angleterre dans le money-time (laquelle ne permettait pas aux Bleus de se mettre à l’abri d’un essai, tout en offrant aux Anglais de revenir dans leur camp pour s’offrir une dernière possession), sans parler évidemment du dernier dégagement de Beauxis. Mais pour être honnête, c’est surtout au sujet de la maîtrise et de la compréhension du règlement qu’ils paraissent à des années-lumières des meilleurs. Un
« détail » qui n’en est évidemment pas un, si l’on veut bien considérer que le XV de France est probablement la dernière équipe du circuit mondial à se voir aussi régulièrement « coffrer » (alors que toutes les équipes du monde ont compris qu’il suffit au porteur de balle de poser un genou au sol pour obliger ses adversaires à le lâcher), et la seule susceptible d’encaisser un essai pour ne pas maîtriser la règle des dix mètres sur un coup d’envoi, comme au pays de Galles. Et l’on ne parle pas de ces fautes au sol aussi balourdes qu’évitables… Un sujet d’autant plus préoccupant que les joueurs eux-mêmes, à l’instar de Sébastien Vahaamahina dans ces mêmes colonnes, avouent volontiers qu’ils ne maîtrisent pas toutes les règles ! Le truc ? C’est qu’on doute en les voyant évoluer que les Alun-Wyn Jones, Maro Itoje, Johnny Gray ou Iain Henderson aient le même problème, ce qui confère de fait un lourd handicap au XV de France. D’autant plus pesant qu’il ne se travaille pas… Il fut pourtant un temps où le rugby français, sport d’essence universitaire, était le plus inventif au monde, et le premier à utiliser les règles à bon escient, à l’image des divers coups de Trafalgar joués par Blanco et Berbizier aux Britanniques dans les années 80. Car le French flair, c’était aussi ça, à savoir une maîtrise de la règle au service du jeu. Ce que les joueurs modernes ont quelque peu oublié, lesquels maîtrisent davantage le code du travail et l’art l’optimisation fiscale que les règles d’un jeu qui demeure paradoxalement leur métier...