« Le stade Michelin ressemble à Thomond Park… »
EN QUELQUES SEMAINES, L’ANCIEN MUNSTERMAN S’EST IMPOSÉ COMME UN TITULAIRE INDISCUTABLE DU PAQUET D’AVANTS FRANCILIEN ET S’APPRÊTE À DISPUTER SON PREMIER MATCH DE PHASE FINALE SOUS LES COULEURS DU RACING. DANS UN CONTEXTE FAMILIER ?
Peut-on dire que ce quart de finale face à Clermont est votre premier gros match avec le Racing 92 ?
Non. La première rencontre que j’ai disputée sous les couleurs du Racing (le 3 décembre à Jean Bouin, 27-17, N.D.L.R.) était la plus importante.
Je sortais d’une blessure au cou m’ayant tenu éloigné des terrains pendant de longues semaines, j’avais beaucoup souffert de cette absence prolongée et souhaitais être vraiment certain que l’opération avait bien consolidé les cervicales. Vous savez, on avait placé de l’espoir en moi en venant me chercher au Munster. Je ne voulais pas décevoir. En ce sens, ce retour à la compétition était à mes yeux très important. Depuis, j’ai joué quatorze ou quinze matchs…
Comment vous étiez-vous blessé ?
Comment, je ne sais pas… Mais c’était lors d’un match de présaison, contre Bayonne. Cela m’a beaucoup frustré mais j’ai souhaité prendre les étapes de la rééducation les unes après les autres. J’ai d’ailleurs demandé au coach de jouer un match avec les Espoirs du Racing, avant d’être retenu dans le groupe.
Pourquoi ?
Quand je débutais au Munster, j’adorais que des mecs de l’équipe Une s’entraînent et jouent avec nous avant de revenir chez les pros. J’avais l’impression d’apprendre beaucoup de Paul O’Connell (ancien deuxième ligne international), Alan Quinlan (ancien flanker international) et tous ces gars… J’ai également l’impression que l’énergie des jeunes est contagieuse. Lors de ce match contre Narbonne, les Espoirs du Racing m’ont communiqué leur enthousiasme. On avait gagné et ça m’avait fait du bien.
Lorsque Laurent Travers est venu vous chercher à Limerick, qu’attendait-il de vous ?
Je ne suis pas un joueur très flashy. Je ne vois pas beaucoup le ballon dans un match et ne marquerai jamais des essais de quatre-vingts mètres. Mais je pense avoir un peu d’expérience (34 ans, 47 sélections) et un certain goût pour les tâches obscures. Je fais en sorte que mes coéquipiers profitent de ce travail.
Leone Nakarawa, le showman du Racing, avait-il besoin d’un gros travailleur à ses côtés ?
Je ne sais pas… Leone est un des meilleurs avants de la planète et il ne m’a pas attendu pour le devenir ! (rires)
Et ce quart de finale, alors ?
C’est un énorme défi. Clermont nous attend de pied ferme. J’ai joué là-bas deux fois avec le Munster et ne suis jamais parvenu à y gagner… Pour moi, l’ambiance du stade Michelin ressemble beaucoup à celle de Thomond Park. C’est incroyable, vraiment… Dans un tel enfer, les vingt premières minutes s’annoncent capitales. C’est à ce moment-là qu’il nous faudra être forts.
Avez-vous une chance ?
Heureusement, oui. Mais je n’oublie pas que Clermont a écrasé les Saracens à deux reprises cette saison et que les chances de remporter un quart de finale à l’extérieur sont inférieures à 25 %. On verra bien…
Que savez-vous de Sébastien Vahaamahina, l’un de vos visà-vis dimanche ?
Il a débuté le rugby tard, non ? Un peu comme moi… (Donnacha Ryan, après avoir été un grand espoir du Hurling, a débuté le rugby à 15 ans). Je l’ai beaucoup observé pendant le dernier Tournoi des 6 Nations. Vahaamahina se déplace beaucoup, plaque énormément. Si on ajoute à son rendement les retours de Slimani, Lee, Yato ou Kayser, ça donne une idée du talent de ce paquet d’avants.
Le Munster affrontera Toulon à Thomond Park, ce week-end. Votre pronostic ?
Je pense que mes anciens coéquipiers vont gagner. Toulon va débarquer à Limerick avec beaucoup de confiance, le Munster a énormément de blessés (Taute, Cloete, Farrell, Scannell…) mais le pack irlandais est vraiment dominateur cette saison. Quant à Conor Murray (le demi de mêlée), il est au sommet…