Le nombre fait-il la force ?
Il y a plusieurs façons d’analyser le tableau de ces quarts de finale de Champions Cup, cuvée 2018. Ou plutôt, d’en quantifier les chances françaises. Les clubs de Top 14 sont quatre à s’être extirpés des poules pour intégrer le Grand huit européen. C’est évidemment le plus fort contingent, avec parallèlement deux provinces irlandaises, une entité galloise et, petite surprise, une seule équipe anglaise : les Saracens, double-tenants du titre et sauvés in extremis, huitièmes et derniers qualifiés au terme d’une phase de poule ratée.
Cette forte présence française assure-t-elle une domination à l’étage suivant ? Rien n’est moins sûr. Car les Français, s’ils ont su tirer leur épingle du jeu, sont en revanche sortis des poules dans des positions majoritairement défavorables. La preuve : trois des quatre représentants du Top 14 se déplaceront. Avec quelles chances ?
LA ROCHELLE DANS L’INCONNUE
Dire que les Rochelais sont dans l’inconnue est une évidence sur la forme. Puisque les Maritimes n’avaient jamais disputé la grande compétition européenne, ils n’en avaient jamais connu le parfum si particulier des phases finales. Ce sera chose faite, vendredi soir sur la pelouse des Scarlets (18 h 30). Et leur seule présence à ce stade de la compétition, pour un nouveau venu, est déjà remarquable.
Mais l’inconnue des Maritimes, c’est aussi celle de leur niveau de jeu. Le Stade rochelais qui s’est produit sur la scène européenne, d’octobre à décembre semblait irrésistible. En déplacement ou pas, Scarlets ou non, ils auraient certainement été favoris de ce quart de finale s’ils étaient restés sur cette dynamique. Mais depuis trois mois, les hommes de Patrice Collazo sont en perte de vitesse. Dès lors, le défi qui les attend au Parc Y Scarlets, ce vendredi sur la pelouse du champion de Ligue celte, sera tout sauf une promenade.
TOULON AU TEST DU FEU
La faiblesse des Toulonnais, c’est leur inconstance. Leur force, c’est l’accumulation sans équivalent des qualités individuelles qui, quand les planètes s’alignent, leur permet de culbuter tout ou presque. S’il fait peu de doute de leur coeur à l’ouvrage, samedi pour le premier match éliminatoire de leur saison, le défi sera toutefois immense : le Munster n’a pas les individualités les plus flambantes de la planète rugby, mais sa force collective et sans commune mesure.
Dans le vacarme de Thomond Park, Mecque du rugby mondial des clubs, le RCT sera challengé sur son point fort : l’engagement et le défi hormonal. Si les Varois rivalisent dans ce don de soi, leur talent naturel fera le reste. Mais il y a un gros si, comme un énorme point d’interrogation.
CLERMONT - RACING 92, EN TOUTE LOGIQUE ?
Si le rugby laisse de moins au moins de place aux exploits, disonsle tout de suite : le Racing 92 s’imposera en Auvergne ce dimanche. En pleine bourre, les Franciliens sont à l’exact opposé des Clermontois, vérolés par le doute. Pour préserver le moral des Auvergnats, il reste la glorieuse incertitude du sport. Désormais focalisés uniquement sur la compétition européenne, ils n’auront d’autre choix que celui d’un combat féroce. Les retours de Kayser, Slimani, Vahaamahina, Yato, Lapandry, Lee, Lamerat, Abendanon ou Grosso, tous absents lors de la raclée toulonnaise, peuvent-ils suffire à inverser le cours de l’histoire ? Réponse dimanche après-midi.