LES NOUVEAUX PROPRIÉTAIRES
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE A DÉCIDÉ DE RESTRUCTURER LE CLUB VERS UN PROJET PROFESSIONALISANT AUTOUR D’UNE SASP. UN CHANGEMENT DE CAP PHILOSOPHIQUE COMPLET.
Les licenciés de Suresnes ont décidé de sortir leur club de son impasse, en modifiant complètement sa trajectoire. Il demeurait en Fédérale 1 un îlot d’amateurisme dans la course vers le haut niveau, où les équipiers premiers, non contractualisés, ne pouvaient pas vivre de leur activité. Mais il a poussé le modèle jusque dans ses limites extrêmes. Situé depuis longtemps à mi-chemin de la domination en Fédérale 2 et de la relégation en Fédérale 1, il ne semblait pas pouvoir aller plus avant. Par une écrasante majorité de 95 %, l’assemblée générale, réunie il y a quinze jours, à donné son blancseing à deux partenaires pour le professionnaliser. Olivier Pouligny et Laurent Piepszownik étaient rentrés l’an dernier dans le club par le groupe des sponsors où ils occupaient une place latérale. Ils ont proposé leur vision d’un club professionnel à la suresnoise. Ils ont posé sur la table leurs ressources financières. La mairie a donné son accord de principe à cet emballement. On leur a permis d’acheter le club. Ils sont devenus actionnaires majoritaires d’une SASP « Rugby Club Suresnes Hauts-de-Seine ». Ils disent viser le Pro D2. Pour une révolution, c’est une révolution.
VERS UNE LENTE MUTATION
Les deux propriétaires de la nouvelle SASP suresnoise sont deux hommes d’affaires. Olivier Pouligny est du sérail. Joueur de Montauban, Valence-d’Agen et du Racing, il fut aussi international, en militaires et en France A. Tous les deux sont des amis associés depuis plus de vingt ans dans « Umanis ESN » qu’ils détiennent à 70 %. Cette société spécialisée dans le numérique emploie trois mille personnes et annonce un chiffre d’affaire de 220 millions d’euros. Leur première action économique sera d’augmenter de 40 % le budget actuel (900 000 €). « Nous investissons à titre
personnel », précise Pouligny, sans donner de limite à leur engagement. Leur plan, à travers cette SASP, consiste à modifier peu à peu le profil de l’équipe première jusqu’à sa professionnalisation réelle. Tout en annonçant dix recrues de bon niveau pour gonfler l’équipe, ils annoncent qu’il n’y aura pas encore de contrat la saison prochaine. Le passage au professionnalisme réel est programmé pour être opérationnel aux portes de la poule d’accession au Pro D2, un objectif atteignable d’ici trois ans dans leur vision. L’actuel entraîneur Vincent Carbou est devenu leur premier salarié, en demandant sa mise en disponibilité de l’Éducation nationale et en refusant sa mutation vers Montpellier. Il occupera un poste de directeur technique avec une vue générale sur le contenu de toutes les équipes du club. L’association restera dirigée par l’actuel président Jean-Pierre Catherine.
Ce club, doté de l’une des plus grosses écoles de rugby de d’Ile-deFrance - plus de trois cent enfants - et de nombreuses équipes cadette et juniors, indépendantes et compétitives, veut devenir le petit Massy des Hauts-de-Seine. « Il ne faudra pas perdre notre
ADN dans tout ça », est la réflexion des hésitants de la première heure, quand cette grande évolution a suscité un grand débat en interne. La mairie a décidé de suivre complètement. Les nouveaux propriétaires ont obtenu une rénovation du stade conséquente. Tout le projet est déjà sur des rails. À partir de quel niveau se lancera cette fusée ? En Fédérale 1, si le club s’y maintient ou en Fédérale 2 ?
« Une relégation ne remettrait pas en cause notre projet, dit Pouligny. Nous sommes là pour longtemps. » Le quatrième club professionnel d’Ile-de-France est né.