Midi Olympique

DÉFICITS EN PAGAILLE

LES CLUBS DE PREMIERSHI­P TIRENT SÉRIEUSEME­NT LA LANGUE, Y COMPRIS ET SURTOUT LES SARACENS, QUITTÉS PAR LEURS ACTIONNAIR­ES SUD-AFRICAINS. QUE FAIRE POUR ÉVITER LA FUITE EN AVANT DES COÛTS SALARIAUX ?

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr J. P.

Le rugby anglais ne se porte finalement pas si bien que cela. On passe sur le Tournoi décevant du XV de la Rose après deux saisons de folie. Ça peut arriver. Mais ce qui pose problème, ce sont ces clubs profession­nels qui tirent sérieuseme­nt la langue. Il apparaît clair qu’ils sont tous en déficit, sauf Exeter, le champion en titre, dont le dernier bilan montre un excédent de 1,14 million de livres (soit 1,3 million d’euros). Belle performanc­e pour un club qui joue dans un stade de 12 000 places et dans une région plutôt rurale. Derrière, ce n’est pas la joie. Même Northampto­n, qui était fier de ses profits continus depuis seize ans, a reconnu avoir perdu de l’argent la saison dernière et pas qu’un peu : 1, 2 million de livres (1,4 million d’euros). Leicester, traditionn­ellement « sage » dans sa gestion, limiterait les dégâts avec 460 000 €, tout comme Gloucester. Mais les autres écuries de l’Aviva Premiershi­p sont dans le rouge vif. Même les Wasps, qui ont déménagé à Coventry pour jouer dans un stade de 30 000 places en 2014, accusent des pertes, considérab­les, environ 3,4 millions de livres en 2016 (3,9 millions d’euros). Les Harlequins, Bath, Sale, Newcastle et les London Irish sont dans les mêmes eaux avec, paraît-il, la palme pour Worcester, que ses actionnair­es de bases ont failli lâcher après 16 millions de pertes en trois ans.

La cause principale de ces tracas, c’est bien sûr l’inflation des salaires des joueurs profession­nels, surtout depuis que le salary cap a été assoupli. Pour être compétitif­s, les clubs anglais n’ont pas trente-six solutions : ils solliciten­t leurs actionnair­es, tel Bruce Craig, bienfaiteu­r historique de Bath. Reste le cas des Saracens. Le club du nord de Londres s’est hissé au sommet de l’Europe grâce au soutien d’un groupe sud-africain, Remgro, mené par l’homme d’affaires, Johann Rupert. Mais on vient d’apprendre que les Sud-Africains se sont lassés après neuf ans de présence et de pertes financière­s assumées sans sourciller (encore 3,5 millions d’euros la saison passée, 4,6 millions la saison d’avant). Ils ont mis leurs actions en vente, soit 50 % du capital. Elles ont été récupérées tout de suite par Nigel Wray, le président historique du club, qui a tenté de rassurer tout le monde en annonçant qu’il était en discussion avec de nouveaux investisse­urs.

CONTRATS CENTRAUX OU FIN DE LA RELÉGATION ?

Ce triste panorama financier relance une rumeur : la création de contrats centraux pour les internatio­naux, payés au moins en partie par la puissante RFU afin d’alléger la colonne « dépense » des bilans. Depuis vingt ans, les clubs s’étaient toujours historique­ment refusés à en arriver là pour ne pas laisser la main à la Fédération. Mais les réussites irlandaise et néo-zélandaise ont fait vaciller certaines certitudes. Autre solution : limiter, voire supprimer, les risques de relégation. S’il n’y avait plus de descente, pour environ cinq ans par exemple, les clubs joueraient l’esprit libéré. Ils ne chercherai­ent pas à se renforcer à tout prix, même pour les jours de « doublons » internatio­naux. Ils auraient aussi une vraie visibilité en termes de gestion et de formation. De plus, ça tombe bien. Si Bristol monte et que les London Irish descendent comme tout le monde le prévoit, tous les clubs de l’élite seront propriétai­res de leur stade : facteur décisif de la prospérité d’une équipe profession­nelle.

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Nigel Wray reste indéfectib­lement aux Saracens, son club de coeur et se fait fort de surmonter le départ de ses gros actionnair­es. Photo Icon Sport

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