Midi Olympique

Lutte finale vers les barrages

LE DEMI DE MÊLÉE INTERNATIO­NAL NE TRAVERSE PAS LA MEILLEURE PÉRIODE DE SA CARRIÈRE ET IL NE LE CACHE PAS. UNE FIN DE SAISON SANS ENJEU SERA PEUT-ÊTRE UNE BONNE THÉRAPIE.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr Malgré une saison plus que difficile, Baptiste Serin garde la foi : « Si je n’avais pas la motivation, vaudrait mieux que j’arrête le rugby tout de suite. »

C’était le 23 décembre 2016… Par une froide soirée d’hiver, l’UBB avait sombré à domicile contre Pau, à la surprise générale (16-18). Jale Vatubua avait marqué à la dernière minute et Baptiste Serin s’était fait siffler, cruellemen­t, comme une sorte d’épreuve initiatiqu­e pour deux coups de pieds manqués. Début d’une série noire qui aboutirait à la mise à l’écart de Raphaël Ibañez. À l’époque, les Bordelais étaient censés dominer les Palois dans la hiérarchie nationale. Quinze mois plus tard, les rôles sont inversés. Pau vient en Gironde pour consolider sa place dans les six, voire plus si affinité. L’UBB ne joue plus que pour l’honneur. Vu les couacs des dernières semaines, ce n’est finalement pas si mal.

Baptiste Serin est toujours là, évidemment, même si son statut a changé. Fin 2016, il était encore une jeune vedette en pleine ascension. Début 2018, nous voyons un internatio­nal qui se pose des questions et, il ne le cache pas vraiment, qui cherche à relancer sa carrière. « Mais je me sens très bien puisque j’ai goûté de nouveau au rugby (contre La Rochelle durant quatreving­ts minutes, N.D.L.R.), ce qui ne m’était pas arrivé un petit moment, aussi bien avec l’équipe nationale qu’avec mon club. » Le demi de mêlée a vécu le paradoxe des internatio­naux modernes, empêché de jouer avec son club, mais barré en sélection et donc condamné au chômage technique. Il n’a participé qu’à une seule rencontre du Tournoi, quarante minutes contre l’Écosse en remplaceme­nt de Machenaud. Pour le reste, rideau ! Il a participé depuis les tribunes à quatre matchs sur cinq tandis que Maxime Machenaud et Antoine Couilloud se partageaie­nt la place de numéro 9. « Des joueurs me sont passés devant », avoue-til sans fard.

« SE FAIRE RESPECTER… »

Même s’il reste mesuré, il n’est pas du genre à enfiler les fameux éléments de langage, sa réputation de sincérité traverse les vicissitud­es de sa carrière. « J’ai essayé de garder ma bonne humeur, c’est ce que m’ont montré les cadres de l’UBB quand j’ai débuté : les Adams, Clarkin, Chalmers qui prônaient la joie de vivre même quand les fins de saison étaient difficiles. » Il a fait son possible pour participer à la vie du groupe : « Mais j’étais frustré, c’est normal pour un compétiteu­r. J’étais en chambre le soir avec Jefferson Poirot alors, entre Bordelais, on s’entraidait. Il est vrai que, le soir, je n’avais pas le même comporteme­nt avec lui qu’avec les autres… Mais je n’allais pas demander à Jacques Brunel de revenir plus tôt dans mon club. C’est quand même délicat comme attitude. »

Nous avons senti de vrais doutes chez Baptiste. Il sait qu’il va jouer gros lors des quatre derniers matchs : « Vous savez, pour la tournée en Nouvelle-Zélande, je ne suis sûr de rien. La saison passée, dans la foulée de mon premier Tournoi plutôt réussi, je vous aurais dit que j’étais confiant. Mais en 2018, je ne suis plus le numéro un, même si rien n’est figé. Mais si je n’avais pas la motivation, vaudrait mieux que j’arrête le rugby tout de suite : je n’ai pas joué de l’année avec mon club. De toute façon, même si nous ne jouons plus rien, nous devons montrer de la dignité et du caractère. Nous sommes encore passés à côté de notre saison. Il faut désormais se faire respecter, arrêter de parler pour agir… »

Après le long épisode internatio­nal, Baptiste Serin a aussi dû découvrir un club renouvelé, avec un nouveau manager. « Nous Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany

entendions beaucoup de choses sans pouvoir nous faire un avis personnel. Nous nous sommes posés beaucoup de questions entre internatio­naux bordelais : « Qu’est ce qui se passe ? Est ce une bonne chose ? » Nous avions des a priori. À notre retour, nous avons eu une réunion avec le président et Rory Teague pour clarifier les choses et nous en sommes sortis soulagés. C’est sûr, nous allons fonctionne­r avec une mentalité différente. Il fallait sans doute du changement, le président et le manager veulent apporter quelque chose de nouveau. Des joueurs vont nous quitter. Ce fut dur à accepter pour plusieurs d’entre nous. Des joueurs de haut niveau vont arriver. À nous de monter le curseur individuel­lement… »

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