Midi Olympique

« La clé ? La fraîcheur mentale »

GUILLAUME RIBES - Ancien talonneur de Colomiers, Aurillac, Albi, Toulon et Brive LEADER DE COMBAT ET DE VESTIAIRE EXEMPLAIRE, IL A MENÉ PLUSIEURS OPÉRATIONS MAINTIEN DANS LES DIFFÉRENTS CLUBS OÙ IL EST PASSÉ. REGARD.

- Propos recueillis par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Quel est le secret pour réussir l’opération maintien ?

Il faut remettre les choses dans le contexte de chaque club. Certains se préparent depuis l’été à jouer le maintien, comme Agen, donc à être dans cette situation à quatre journées de la fin. Ils sont en ordre de marche. Pour eux, une sorte d’habitude s’est créée depuis la première journée. La clé, c’est la fraîcheur mentale. Il ne s’agit pas forcément de beaucoup bosser, mais plutôt de le faire de manière efficace et de concentrer le travail sur l’adversaire à venir. Le reste, les mecs l’ont dans la tête et savent ce qu’il faut réaliser. On arrive en fin de saison, la fatigue s’est accumulée. Il faut donc trouver les leviers pour ne pas trop la sentir et favoriser cette fraîcheur mentale qui sera capitale, celle qui donnera le supplément d’âme.

Car la confiance est parfois déjà bien entamée…

Si tu te retrouves à jouer le maintien, c’est que tu as accumulé plus de mauvais résultats que de bons. Et quand tu enchaînes les défaites, la tête va moins bien. Or, c’est en te sentant bien physiqueme­nt et mentalemen­t que tu parviens à réaliser des performanc­es de haut niveau. En fait, si je résumais, il faut peut-être travailler moins mais mieux, et mettre en place des choses ludiques lors des séances ou en dehors, notamment en passant du temps ensemble. Il ne faut pas le sousestime­r car c’est ce qui permet de régénérer les esprits.

En organisant par exemple des repas ou des sorties ?

Par exemple. Ce ne sont pas vingt-trois mecs qui iront chercher le maintien mais quarante. Tout le groupe doit se sentir investi. Après, il y a le niveau personnel. On doit se changer les idées, trouver du bon temps, en famille ou avec des amis, pour se sentir bien dans l’équipe ensuite. Car, si vous ne gardez pas de joie de vivre dans le vestiaire, il est certain que vous allez descendre. Il faut savoir positiver et conserver le sourire.

En ce sens, les cadres du groupe, comme vous l’étiez à Brive, ont-ils un rôle essentiel à jouer ?

Ceux qui ont un rôle capital sont ceux qui connaissen­t ces situations, souvent les plus expériment­és. Par exemple, quand un entraîneme­nt n’est pas bon, les cadres disent : « Ce n’est pas

grave. Ce qui compte, c’est être bon samedi. » On doit rassurer les autres : l’important, c’est d’être prêt le jour J. On va aussi proposer d’aller boire un café ensemble, lancer quelques blagues pour détendre tout le monde. Cela fait partie d’une opération maintien. Car si vous l’abordez la tête basse…

Vous avez connu deux situations similaires aux destins opposés lors d’une dernière journée « à la vie, à la mort » avec Brive. En 2012, vous aviez perdu à domicile contre Bordeaux-Bègles (9-23) et aviez été relégués. En 2015, vous aviez battu le Stade français (270) et vous étiez sauvés. Quelle avait été la différence ?

Contre l’UBB, nous étions si focalisés sur l’enjeu que nous en étions apeurés, minés… On avait perdu le match avant même de jouer. Face à Paris, nous étions sûrs de nos forces, en confiance. C’est difficile à expliquer mais je vous assure que nous savions ce qui allait se passer. On sortait pourtant d’une lourde défaite à Castres. Mais si, sur les quatre derniers matchs, vous en perdez un, il faut tout de suite dire aux autres : « Ce n’est pas dramatique, nos concurrent­s ne gagneront pas les quatre. »

Quel serait votre pronostic ?

Affectivem­ent, j’ai bien sûr peur pour Brive. Je me rappelle des mots de Mauricio Reggiardo l’été dernier qui parlait de maintien. Agen possède l’avantage d’être préparé à la guerre depuis longtemps. C’est une vertu de l’équipe qui monte. Quand cela avait été le cas de Brive, on voulait tellement exister qu’on s’accrochait partout pour grappiller des points, même un ou deux. Cela avait été décisif à la fin. Cela a en revanche été fatal à des équipes comme Perpignan ou Biarritz qui n’étaient pas programmée­s pour jouer le maintien. Ça a pu être la faiblesse du Stade français ou de Brive cette année qui avaient parlé de Top 6 en début de saison. C’est dur de changer d’objectif en cours d’exercice. Il est plus aisé de le revoir à la hausse qu’à la baisse. Pour la quatorzièm­e place, je dirais quand même les Oyonnaxien­s qui ont laissé de nombreux points lors de la phase aller. Je ne vois pas, même s’ils jouent bien actuelleme­nt, où ils prendront plus de points que leurs concurrent­s d’ici la fin. Celui qu’ils n’ont pas pris à Brive, en refusant d’assurer le nul à la dernière seconde pour essayer de l’emporter, leur fera peut-être défaut. Pour la treizième place, je ne sais pas. Ce sera serré.

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