MOYENS SUR LA FIN

CRUELLE FIN DE MATCH POUR DES BRIVISTES QUI ONT COMPTÉ DOUZE POINTS D’AVANCE AVANT DE CÉDER. SORTIR DE LA ZONE DANGEREUSE SERAIT MIRACULEUX.

Saïd Hirèche reste debout, seul dans son coin, le regard vers un ordinateur allumé en salle de presse. Sur l’écran, le score du match est écrit en gros : Brive 25, Lyon 27. Il le fixe pendant de longues secondes, se confrontant à la réalité cruelle car cette issue paraît tellement invraisemblable. Les Corréziens avaient réussi à écrire un scénario idéal, en résistant en première période face au vent, et prenant leurs distances au retour des vestiaires. C’était avant un improbable revirement de situation dans le dernier quart d’heure parti d’un errement sous un renvoi.

À l’image du capitaine, le vestiaire briviste est K.O. debout. À chaque fois que la porte s’entrouvre, l’image est identique, presque figée : regards dans le vide dans un silence de cathédrale. Saïd Hirèche finit par chuchoter : « Mais quel score de m...» Une nouvelle contre-performance à domicile, la sixième, à l’image de cette saison de galère pour un CAB toujours fébrile pour ne pas dire fragile en fin de rencontre et toujours aussi inefficace pour tuer des matchs à sa portée. Encore une fois, les regrets sont au rendez-vous avec cette occasion d’essai où James Johnston était retourné dans l’en-but au moment d’aplatir, et que dire de cette pénalité de Gaëtan Germain qui trouvait le haut du poteau au moment d’achever les derniers espoirs du Lou. Didier Casadéï, derrière un sourire de façade, est lucide : « Nous sommes dans une période difficile, et souvent dans ce cas-là, la chance n’est pas avec toi. » Tellement cruel pour des Corréziens qui ont pourtant montré un très beau visage jusqu’à cet essai de Liam Gill qui a fait ressurgir tous les doutes, paralysant une équipe terrifiée par l’avenir. « On a craqué en fin de match. Le sport peut être cruel mais il faut être capable d’accepter les coups durs, les coups du sort et repartir de l’avant. On doit accepter le verdict et regarder vers Oyonnax, pour un match qui sera certainement décisif pour notre avenir en Top 14. »

SAUVER LE BARRAGE

Un mot est alors revenu dans la bouche de plusieurs acteurs brivistes au moment de quitter le stade : celui de barrage. Et derrière celuici, on peut sentir autant de crainte que d’espoir, l’envie de croire que le chemin du maintien sera seulement un peu plus long mais aussi la peur qu’il ne devienne trop sinueux au bout d’une saison aussi épuisante physiquement que mentalement. Didier Casadeï poursuit : « Nous sommes sur le coup de la déception, c’est un coup dur. Mais nous devons avaler cette déception. La marge est maintenant réduite, d’autant plus que le Stade français a gagné nettement. C’est difficile mais il faut être capable d’assumer, d’accepter les choses et repartir de l’avant. J’ai vu une équipe de Brive vraiment soudée, volontaire, disciplinée, déterminée, bonne défensivement. C’est un match que l’on aurait probablement gagné l’année dernière en faisant le même match, et peut-être un peu moins, mais aujourd’hui nous sommes dans une période compliquée… Contre Clermont, nous encaissons un essai à la dernière minute, ce soir c’est à la 77e minute. On se rend compte que nous ne sommes pas loin du niveau des autres équipes mais il faudrait que ça tourne rapidement en notre faveur. » Si l’état d’urgence avait été décrété par le président Simon Gillham au lendemain de la défaite face à Clermont, le CAB doit maintenant sauver sa place en zone orange pour éviter le convoi express pour le Pro D2. Une éventualité encore inconcevable il y a peu, devenue terrifiante. Saïd Hirèche ne le cachait pas : « Peu importe la manière avec laquelle ça a craqué aujourd’hui, on a perdu le match. Le match de barrage est notre objectif maintenant mais nous devons gagner à Oyonnax ou au Stade français avant d’assurer à la maison contre Bordeaux. » Sacré programme pour cette équipe qui espère toujours mieux finir sa saison que ses matchs.