Midi Olympique

LA FIERTÉ DE LA FAMILLE

GAËLLE HERMET - TROISIÈME LIGNE ET CAPITAINE DU XV DE FRANCE FÉMININ DANS UNE FAMILLE OÙ TOUT LE MONDE A JOUÉ AU RUGBY, GAËLLE HERMET A SU TRACER SA PROPRE VOIE. QUI A MENÉ LA TROISIÈME LIGNE DE 21 ANS AU CAPITANAT DU XV DE FRANCE. POUR LE PLUS GRAND BONH

- Par Vincent BISSONNET

Aussi loin que remontent ses souvenirs, Gaëlle Hermet a toujours entendu parler rugby à la maison. Comment pourrait-il en être autrement ? Le grand-père Henri avait pratiqué la discipline, imité par le papa, Cyrille, talonneur passé par l’équipe une de l’ASM avant de porter les couleurs de Vichy puis de Carmaux, et par les tontons, dont Franck, partenaire de Didier Codorniou à Villefranc­he-de-Lauragais, avant de voir les cousins assumer l’héritage… « C’est vraiment une religion chez nous, témoigne la native de Clermont-Ferrand. Le sujet s’est toujours retrouvé au centre des discussion­s. Je me remémore les soirées devant les matchs quand j’étais enfant. » Son destin paraissait tout tracé. À 11 ans, elle a pris la direction du stade de rugby de l’US Carmaux comme une grande : « Honnêtemen­t, personne ne m’a forcé la main. Mes parents m’ont toujours laissé le choix de pratiquer le sport que je voulais et c’est moi qui ai pris la décision. Je n’ai pas été poussée, c’est venu naturellem­ent. Après, l’environnem­ent familial a joué, c’est sûr. J’y jouais régulièrem­ent avec mes frères dans le jardin et j’avais envie de tester vraiment. » Une tentation comme une évidence : « Mon père était content de partager cette passion avec moi. »

Après la satisfacti­on de voir sa fille marcher sur ses traces, l’instinct paternel s’est rapidement réveillé : « Papa avait un peu peur des impacts avec les garçons. Il cherchait à me protéger. La première année, après que nous en ayons parlé, il a décidé de me sous classer avec les moins de 11 ans. » Elle s’est ainsi retrouvée aux côtés de son frère Dorian, de deux ans son cadet. Une première expérience aux allures d’échauffeme­nt : « J’ai joué pendant un an et puis j’ai arrêté. J’avais envie de me mettre à l’athlétisme. Deux ans plus tard, je suis revenue. » Avec les moins de 15 ans, elle s’épanouit pleinement et commence à se projeter sur une carrière au long cours. Elle est ensuite poussée à quitter le bercail : « J’ai dû rejoindre une équipe de filles. Je me suis alors engagée avec le SCA féminin à Albi. Ce fut un gros changement mais j’y ai pris mes marques. » L’ascension s’est poursuivie au lycée de Jolimont, à

Saint-Orens puis au Stade toulousain où elle évolue depuis ses

18 ans.

« UN OEIL CRITIQUE, UN DISCOURS FRANC »

Le père, Cyrille, a suivi de près cette belle ascension, jouant tantôt le rôle de conseiller, tantôt le rôle de consultant : « Il m’a énormément poussée et soutenue.

Surtout quand j’ai eu des périodes de doute. Je me suis régulièrem­ent posé des questions. Est-ce que je continue ou pas ? Est-ce que c’est vraiment ce que je veux faire ? Dans quel club je signe ? Il a toujours été à mes côtés. J’ai aussi le droit à mes analyses d’aprèsmatch. J’apprécie cette démarche, ça me permet d’avoir un oeil critique. Il dit la vérité et est franc, c’est ce qui est important. »

La troisième ligne n’oublie pas d’où elle vient ni à qui elle doit en partie sa réussite : « C’est grâce à ma famille mais principale­ment à lui que j’en suis là aujourd’hui. » Là ? En équipe de France où elle s’est même vu confier les galons de capitaine, à seulement 21 ans : « Il ressent énormément de fierté, je le sais. Il me le répète souvent. » La petite troupe de passionnés suit régulièrem­ent les aventures du nouveau porte-drapeau de la famille mais pas seulement : « Les week-ends sont très remplis. Je joue le plus souvent le samedi et mes frères sont sur le terrain le dimanche. Mon frère de 19 ans, Dorian, joue à Albi en Espoirs et les jumeaux sont en Crabos, Joris à Albi et Hugo à Castres. »

Originaire d’une maison 100 % ovale - « ma mère aime bien aussi, heureuseme­nt pour elle » -, Gaëlle Hermet apprécie de voir des filles d’horizons divers venir au rugby : « C’est varié, il y a de tout dans les équipes, des filles qui ont commencé très jeunes comme d’autres qui sont arrivées sur le tard après avoir pratiqué le handball ou le basket. C’est une richesse et c’est ainsi qu’il faut promouvoir le rugby féminin. »

Moins de dix ans après avoir marché dans les pas de papy, papa et des tontons, elle en est devenue une des plus fameuses ambassadri­ces.

« C’est grâce à ma famille mais principale­ment grâce à mon père que j’en suis là aujourd’hui » Gaëlle HERMET Capitaine de l’équipe de France féminine

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