Les étrangers en Top 14
Il y a deux lectures concernant l’apport des joueurs étrangers dans notre championnat de France. Pour les clubs et surtout pour leur président, c’est un atout pour remporter un titre et pour amener le public au stade. Cet apport est indéniable et a permis par exemple à Toulon dans un premier temps de valoriser le championnat de Pro D2 et médiatiquement de faire parler de lui (Tana Umaga, Victor Matfield) puis de conquérir des titres suprêmes avec de grands joueurs (Jonny Wilkinson, Matt Giteau, Bakkies Botha, Ali Williams, Ma’a Nonu, Drew Mitchell, Carl Hayman, Bryan Habana…) puis d’autres clubs se sont inspirés de la réussite de Toulon pour enrôler aussi ce type de joueurs, par exemple le Racing (Dan Carter), Pau (Conrad Smith), La Rochelle (Victor Vito). Ces joueurs exceptionnels sont tous arrivés en France en fin de carrière et n’étaient plus sélectionnés dans leur équipe nationale, ils étaient remplacés par des joueurs plus jeunes qui ont pris le relais, conserver l’état d’esprit et la philosophie d’un jeu basé sur la vitesse et la prise de risque, ainsi les générations se succèdent globalement bien. Pendant ce temps, en France, ces anciennes mais encore grandes gloires occupent les postes clés de notre championnat, nous jouons à leur rythme tout en bénéficiant de leur expérience, mais en perdant notre propre identité. Donc ce n’est pas notre championnat qui est en cause mais l’usage que nos clubs, nos entraîneurs et nos présidents en font pour rester dans l’élite à tout prix et si possible remporter des titres. Pour notre équipe de France ce système est catastrophique parce qu’il empêche l’épanouissement de nos jeunes joueurs car c’est en jouant que l’on progresse, c’est en prenant des risques que l’on retrouve le plaisir de jouer et que l’on peut reconquérir un public averti qui sature de voir des rencontres sans essai ou l’affrontement est devenu la référence. La liste des quarante-cinq joueurs protégés est certainement pour la récupération et la préparation une avancée significative, mais attention à ne pas remplacer ces joueurs par des recrutements de joueurs chevronnés étrangers, mais en incorporant de jeunes joueurs issus de notre formation afin qu’ils s’aguerrissent et naturellement renouvellent les générations.