ROIS DU PARADOXE
LOGIQUES VAINQUEURS DU LEADER MONTPÉLLIÉRAIN, LES TOULONNAIS ONT CONFORTÉ LEUR PLACE DANS LE TOP 6 ET SE DIRIGENT TOUT DROIT VERS UN BARRAGE À DOMICILE. POURTANT, SAMEDI, LES VAROIS ONT QUITTÉ LE VÉLODROME AVEC UN SURPRENANT GOÛT D’INACHEVÉ...
Au RCT on s’amuse à crier haut et fort qu’« ici tout est différent ». Et samedi, face à Montpellier, les joueurs de Fabien Galthié ont une nouvelle fois entretenu leur différence. Ainsi, la joie de la victoire et des trente points (!) passés au leader montpelliérain a rapidement fait place à la déception du bonus oublié en route. « Le sentiment est un peu mitigé… Nous avons fait une très bonne première mi-temps, mais on s’est carrément compliqué la tâche en deuxième, reconnaissait Eric Escande. Nous n’avons pas pu mettre notre jeu en place. On s’est mis le doute seuls… » Et s’ils auraient, avant la rencontre, signé des deux mains pour une victoire sur le MHR, les Toulonnais se sont finalement mordus les doigts de ne pas avoir arraché le bonus… à raison ! « Je n’ai pas d’explication. En première mi-temps, on touchait du doigt énormément de choses positives et il y a eu une forme d’euphorie qui a été douchée par la deuxième mi-temps » admettait quant à lui Fabien Galthié. Les trois essais inscrits en vingt-trois minutes, l’excellente tenue de la mêlée, le 22e essai de Chris Ashton ou les entrées extrêmement rassurantes de Xavier Chiocci et Levan Chilachava ? Oubliés, au profit d’un sentiment d’inachevé. Les « rois du bonus » comme s’amusait à les décrire le manager mercredi, sont ainsi devenus les rois du paradoxe. En effet, quel autre club en Top 14 pourrait se targuer de passer plus de trente points au leader incontesté du championnat, tout en sortant la mine déconfite ?
LA PÉNALITÉ DE LA DISCORDE
Pourtant, la déception née de cette absence de bonus aurait même pu tourner au mélodrame, peu avant la 72e minute. Alors qu’ils mènent 29-12 (4 essais à 2), les Toulonnais bénéficient d’une pénalité à trente mètres, légèrement sur la gauche des perches héraultaises. Une ultime munition pour récupérer un bonus que les Toulonnais ont eu en poche à deux reprises pendant le match ? Que nenni, puisqu’à la surprise générale, le capitaine, Mathieu Bastareaud désigne les poteaux. S’en suivent alors plusieurs dizaines de secondes de flottement, où l’on voit plusieurs joueurs, et même Gilles Panzani, le porteur de tee et intendant du club, échanger avec le centre toulonnais. « C’est moi qui fais le choix. Je commence un peu à en avoir marre que de l’extérieur, on me dise ce que je dois faire. Ils ont qu’à mettre un autre capitaine » s’agaçait l’international tricolore à chaud. À Fabien Galthié, de longues minutes après la rencontre, de répondre : « On nous a tellement bâchés sur les pénalités non-tapées contre le Racing 92, je pense qu’il a eu un réflexe. Les fils se sont touchés et il a décidé de prendre les points. Après le match, je lui ai demandé ce qu’il s’était passé. Il m’a dit : tu n’as qu’à leur dire que j’étais énervé. » Une polémique tuée dans l’oeuf, donc. Mais les tensions au RCT sont récurrentes, cette saison encore. « On a assuré la victoire, expliquait Anthony Belleau. On menait de quinze ou vingt points et on voulait sécuriser le match. On n’était pas forcément sur un temps fort. On est allé une fois dans leur camp et nous avons scoré. C’était l’objectif. » S’il apparaît sans conséquence, puisque le RCT a toujours son destin en main, ce nouvel imbroglio a simplement permis de rappeler qu’à Toulon, les crises naissent et disparaissent d’un claquement de doigts. Et comme souvent, après avoir allumé la mèche seul, le RCT l’a éteint… seul. Ainsi si la déception était au rendez-vous samedi, le club toulonnais n’en a pas moins conforté sa place dans le top 6 et se semble se diriger vers un barrage à domicile.