Midi Olympique

« Le discours de Vern a servi de bascule »

GABRIEL N’GANDEBE- Ailier de Montpellie­r AUTEUR DE L’ESSAI QUI A INITIÉ LA RÉVOLTE MONTPELLIÉ­RAINE, LE JOUEUR DE 21 ANS EST REVENU SUR LA PERFORMANC­E GLOBALEMEN­T INSUFFISAN­TE DE SON ÉQUIPE.

- Propos recueillis par P.I.-R. ■

Quel est le sentiment qui prédomine après ce revers ?

Il y a énormément de regrets, surtout au regard de la première mi-temps. Si nous avions pris soixante points, nous pourrions dire « ok, nous n’étions pas invités »… Mais quand on voit nos quarante dernières minutes, où nous avons fait mieux que rivaliser, on se dit que nous aurions pu faire un coup. Malheureus­ement, nous leur avons laissé vingt minutes pour nous mettre la tête sous l’eau… C’est dommage.

Qu’est-ce qui a changé entre les deux mi-temps ?

À la pause, Vern (Cotter) nous a beaucoup parlé…

Que vous a-t-il dit ?

Il nous a répété que nous les regardions jouer. Nous n’avions que peu de ballons, et quand nous mettions la main dessus, on s’en débarrassa­it. Il nous a demandé de nous décomplexe­r pour, enfin, les regarder dans les yeux. Ensuite, il nous a expliqué que nous n’étions pas suffisamme­nt efficaces. Nous avons eu plusieurs possibilit­és en première période, pour un seul essai. C’était la principale différence avec le RCT en début de match, puisque chacune de leurs opportunit­és faisait mouche.

Ce discours expliquera­it donc votre réveil ?

Cette première mi-temps nous a vraiment plombés. Quand tu rentres avec trente points (29-7 N.D.L.R.) aux vestiaires, tu regardes par terre, car tu sais que faire le retard est quasi-mission impossible… Surtout face à une équipe comme Toulon. Mais le discours de Vern a clairement servi de bascule. Nous avons alors mis la main sur le ballon, mis de l’avancée et ça s’est vu de suite.

Vous n’avez donc pas lâché, et vous avez finalement remporté la deuxième période.

Déjà, nous ne voulions pas être ridicules. Ça aurait ressemblé à quoi si nous avions pris soixante points à la veille des phases finales ? Puis surtout, malgré l’avance toulonnais­e, nous avons toujours cru en ce succès. L’équipe n’a jamais baissé les bras, et nous voulions montrer à nos adversaire­s que la première période était un faux-pas, qu’elle n’était pas révélatric­e de notre niveau de jeu. D’ailleurs, je pense que les Toulonnais ont douté…

Qu’allez-vous garder de ce match ?

Malgré notre deuxième période intéressan­te, il ne faut pas se voiler la face : nous n’avons jamais été en position de renverser Toulon. Je le répète : ils ont douté, mais nous n’aurions jamais dû passer à côté de notre première mi-temps comme cela… Ensuite, nous avons été en échec sur nos lancements, mais également notre touche et notre mêlée… Ce n’est pas grave, toutes les équipes peuvent avoir des jours sans, mais on ne va pas faire comme si ce match était positif pour nous. Il va donc vite falloir se remettre au travail, et continuer pour préparer au mieux les deux dernières journées de phase régulière, pour arriver en phases finales avec davantage de certitudes. On ne pourra plus se permettre de passer à côté comme on l’a fait cet après-midi. Maintenant, si on veut voir le verre à moitié plein, je pense que l’équipe a montré que même dos au mur elle pouvait relever la tête. Même menés de vingt points à la 20e minute (N.D.L.R. 19-0, 23e), nous n’avons rien lâché. C’est positif pour les matchs couperets qui nous attendent. D’autant qu’on pourrait recroiser cette équipe du RCT.

Cette perspectiv­e vous plaît ou elle vous inquiète ?

Aujourd’hui, le RCT a confirmé qu’il était logiquemen­t prétendant au titre. Ça tape, c’est dur, ça va vite… Nous avons disputé un match de très haut-niveau, et on pourrait les recroiser en demi-finale ou en finale… Mais si on veut être champions de France, il faudra être capable de faire quatre-vingt minutes pleines, face à n’importe quelle équipe. Et s’il faut rejouer face au RCT, il faudra cette fois trouver les ingrédient­s pour leur tenir tête et l’emporter…

Par ailleurs, le staff avait fait le choix de faire une ultime revue d’effectif à l’approche des phases finales. Pensez-vous avoir répondu présents ?

En laissant au repos de très grands joueurs, le coach nous a offert une belle opportunit­é. Mais il est difficile de dire si nous avons su la saisir. Je dirais que par à-coups nous avons montré de très belles choses, mais impossible de savoir si ce sera suffisant pour faire partie du groupe, même élargi, qui disputera les phases finales.

Et personnell­ement, que retiendrez-vous de votre duel avec Chris Ashton ?

Wahou c’était fou, j’ai eu affaire à un sacré client (il sourit). C’est le genre de joueur que je regardais et que je badais quand j’étais tout petit. En tant qu’ailier, c’était une référence, une idole. Bon malheureus­ement c’est contre nous qu’il a battu le record d’essais sur une saison de Top 14… Je vais être bon joueur et le féliciter. Maintenant j’espère avoir l’occasion de le recroiser. D’autant que je me suis senti assez bien. Je n’ai pas touché énormément de ballons, mais j’ai eu de bonnes sensations. Et marquer un essai m’a fait du bien. J’aurais préféré la victoire, mais je vais me contenter de cet essai.

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