En avoir ou pas
MAUVAIS ÉLÈVE ET JOUEUR DE BAS NIVEAU, IL EST DEVENU UNIVERSITAIRE ET ENTRAÎNEUR PROFESSIONNEL. À LA FORCE DU POIGNET.
Les dirigeants de Provence Rugby se sont donc mis en quête d’un super manager pour diriger leur prochaine saison en Pro D2. Cet homme providentiel ne sera ni Gerard Fraser, ni Patrick Pézery, les deux artisans de la montée. L’entraîneur des trois-quarts a décidé de rejoindre Vannes. À l’entraîneur des avants, ses dirigeants ont fait la proposition minimale de prolonger son action d’une année. Sous les ordres de qui, c’est là toute la question, qui n’a pas encore été tranchée. Patrick Pézery sera un passeur de plats, entre ce championnat de Fédérale 1 où cette équipe a enfin réussi à matérialiser sa supériorité supposée, et celui de Pro D2, dans lequel elle redeviendra un simple promu. L’arrivée de cet entraîneur chez les professionnels est une ode à l’insertion par la valeur travail. Son parcours le prédisposait à incarner cette réussite personnelle par voies détournées. Ce déraciné de l’école, parti dans la nature à 15 ans, était revenu dans le système scolaire pour obtenir son baccalauréat à 30 ans. Il décrochait trois ans plus tard sa licence Staps après une très grande vadrouille dans le monde de la restauration où il a eu des affaires.
Au rugby, il fut un joueur mineur au Pradet en Fédérale 3, avant d’épouser la fonction d’entraîneur en Première Série. Ce Toulonnais figurait un inconnu qui devait le rester. Il a gravi les échelons par la Vallée du Gapeau (Fédérale 2), la Seyne-sur-Mer (Fédérale 1), et Provence depuis trois ans. On rajoute à son parcours ces deux années de consultant passées dans l’ombre aux côtés de Grégory Lecorvec et de Martin Jagr à Hyères-Carqueirannes. Il a eu sa part dans le titre de champion de France de
Fédérale 2. En position inverse, dans celle du profiteur, il sait aussi distribuer sa reconnaissance
« envers Christian Califano pour sa discrétion, Christian Labit qui m’avait accueilli, et Marc
Delpoux, qui a oeuvré pour constituer l’effectif de la montée ». Porte de prison au discours minimaliste, les excès de la Provence qui coulent dans ses veines - beaucoup de sports de combat dans sa jeunesse et des amitiés toulonnaises viriles - se transforment par la concentration en des mots rares, rigoureux, pesés, lourds. Il n’est pas exactement un expansif. Mais les creux de sa trajectoire sinueuse l’ayant mené jusqu’aux sommets de cette réussite de la montée en Pro D2, il affirme en silence mais avec éclat, que la vie est possiblement souriante.