LES ÉTATS-UNIS LANCENT LEUR CHAMPIONNAT
CE SAMEDI DÉBUTE LA MAJOR LEAGUE RUGBY, LE NOUVEAU CHAMPIONNAT PROFESSIONNEL AMÉRICAIN. TRÈS DIFFÉRENT DE CELUI QUI AVAIT ÉCHOUÉ IL Y A DEUX ANS, ET AVEC DES FRANÇAIS DEDANS.
Avec l’Asie, l’Amérique est l’autre immense marché pour le rugby mondial. Si c’est le VII qui offre le biais de développement le plus évident pour l’instant (avec la traditionnelle étape de Las Vegas du Sevens World Series et l’organisation de la Coupe du monde à VII à San Francisco du 20 au 22 juillet), le rugby à XV va enfin y trouver une place honorable. Après l’échec du Pro Rugby, le premier championnat professionnel lancé avec cinq équipes il y a deux ans et qui n’avait pas survécu plus d’une saison en raison, notamment, de problèmes entre son directeur Doug Schoninger et la Fédération des États-Unis, une nouvelle mouture voit le jour. Pro Rugby est mort, vive la Major League Rugby ! Elle débutera dès ce samedi avec, en guise de premier choc, l’affrontement entre Austin, l’équipe d’Alain Hyardet (seul entraîneur français du championnat) et Glendale samedi à 17 heures locales. Au total, sept équipes sont engagées : Austin et Glendale donc, mais aussi La NouvelleOrléans, Salt Lake City (Utah Warriors), San Diego, Houston et Seattle, qui s’affronteront durant une saison régulière de dix semaines, avant de disputer des demi-finales le week-end du 30 juin et la finale le 7 juillet.
Sept « franchises » qui ont dû s’acquitter d’un droit d’entrée de 500 000 $ (environ 400 000 €) pour répondre au cahier des charges imposé en terme de salary cap (350 000 $), de recrutement mais aussi d’infrastructures. Pour éviter qu’elle ne connaisse le même sort que le Pro Rugby, les dirigeants de la Major League Rugby ont beaucoup basé leur projet sur sa viabilité économique. « Le business plan est très solide, il prévoit de ne pas faire d’argent pendant les cinq premières années par exemple. C’est du rugby mais c’est aussi du business et pour survivre, il faut que notre plan soit aussi costaud sur le plan économique que sportif », nous expliquait James Kennedy, propriétaire de New York, qui rejoindra la compétition en 2019, aux côtés de Dallas et peutêtre de deux équipes canadiennes supplémentaires. Organisée de janvier à mai, la saison prochaine sera longue de seize à dix-huit semaines, avant les phases finales. Si aucune autre équipe ne sera intégrée durant une ou deux saisons en suivant, de nouveaux candidats la rejoindront à l’avenir pour, à terme, composer un championnat de vingt-quatre, vingt-huit ou trente équipes comme cela fait dans les autres sports collectifs américains.
QUINZE ANS POUR DEVENIR
LE MEILLEUR CHAMPIONNAT DU MONDE
« Le potentiel est immense. Le droit d’entrée pour l’an prochain a déjà été triplé pour monter à 1,6 million de dollars et pourrait atteindre à 5 ou 6 millions dans quatre ou cinq ans », assure Thierry Daupin, directeur et propriétaire d’Austin. Si la plupart des équipes ne sont pas encore dotées de stades de rugby à proprement parler, des projets de construction ont déjà été entamés. En attendant, les matchs auront souvent lieu sur des terrains de soccer (football) adaptés. Les promesses sont énormes, en tout cas. Des accords ont été trouvés pour une couverture télévisuelle nationale avec CBS, qui retransmettra l’affiche de la semaine et les phases finales, une couverture régionale avec AT&T Sportsnet, qui diffusera tous les autres matchs, et digitale avec les matchs accessibles sur tablette. On estime que le rugby aux États-Unis pourrait toucher 40 millions de fans, dont 27 millions d’enfants.
Lancés sur un projet à long terme, les États-Uniens se donnent cinq ans pour mettre en place un championnat professionnel performant, sept ans pour le hisser au niveau des compétitions européennes et quinze ans pour en faire le meilleur du monde.