Les Espagnols sanctionnés
LES INTERNATIONAUX ESPAGNOLS GUILLAUME ET SÉBASTIEN ROUET, PIERRE BARTHÈRE, LUCAS GUILLAUME ET MATHIEU BELIE ONT ÉTÉ LOURDEMENT SANCTIONNÉS PAR RUGBY EUROPE APRÈS LE MATCH CONTRE LA BELGIQUE.
Sans surprise, ils devraient faire appel (si cela n’a pas déjà été fait depuis notre bouclage, jeudi midi). Entendus lundi matin à Paris, rue de Liège au siège de Rugby Europe, par une commission judiciaire indépendante composée de l’Écossais Lorne Crerar assisté du Français Jean-Claude Legendre et du Biélorusse Aliaksandr Danilevich, cinq internationaux espagnols devaient répondre de leur explosion à l’encontre de l’arbitre roumain Vlad Iordachescu au coup de sifflet final du fameux match perdu contre la Belgique, le 18 mars dernier. Leurs sanctions sont tombées dans l’après-midi : les troisième ligne Pierre Barthère (Rouen) et Lucas Guillaume (Narbonne) ainsi que l’ouvreur Mathieu Belie (Nevers) ont été suspendus quatorze semaines (club et sélection nationale compris) pour « menaces ». Les deux demis de mêlée, les frères Guillaume (Bayonne) et Sébastien Rouet (Narbonne) ont eux été beaucoup plus lourdement punis : ils écopent respectivement de trente-six et quarante-trois semaines de suspension pour « violences physiques et verbales », exécutoires immédiatement.
Un nouveau coup de massue pour les Espagnols. « Je trouve les sanctions très lourdes et hors de proportion compte tenu du contexte du match et de l’arbitrage plus que discutable, explique l’avocat qui les représentait lundi, Maître Romuald Palao. Les joueurs ont réagi et ont certes été véhéments mais il n’y a pas eu de coups portés. Ils ne s’en sont pas pris physiquement à l’arbitre.
On reproche à Guillaume Rouet de l’avoir touché, de l’avoir pris au bras. Pour son frère, il y avait contestation. Lui dit qu’il s’est arrêté devant l’arbitre tandis que l’arbitre affirme qu’il l’a poussé. Pour les autres, ils l’ont applaudi ironiquement et l’ont suivi jusqu’aux vestiaires en continuant de l’applaudir. Après, les Belges sont venus plus ou moins séparer tout le monde alors cela donnait un effet de foule impressionnant mais il n’y a aucune violence sur les officiels. »
LE MATCH BIENTÔT REJOUÉ ?
Romuald Palao a plus été marqué par la façon dont s’est déroulée cette commission de discipline de Rugby Europe. « Nous étions écoutés mais on nous a interdit de parler de l’arbitre en nous disant qu’il s’agissait d’un autre problème. » Mais c’est surtout la présence de Vlad Iordachescu comme témoin de moralité qui pose souci selon lui : « Vous avez la personne qui est à l’origine de tout ce désordre, dont on est en droit à la vue du match de s’interroger sur les véritables intentions qui a fait valoir ses arguments comme si de rien n’était. » Si World Rugby a nommé trois magistrats (deux Anglais, James Dingemans et Peter Fraser et un Sud-Africain, Lex Mpati) au sein d’une commission indépendante qui doit statuer « en urgence », aucune décision n’a été prise à ce jour. Les Espagnols s’attendent à devoir rejouer le match. C’est peut-être la raison pour laquelle leur Fédération ne s’était pas montrée favorable à demander un report de la comparution des joueurs devant Rugby Europe en attendant que l’arbitre soit sanctionné par World Rugby. « J’y étais favorable, reprend Romuald Palao. Mais la Fédération espagnole voulait sûrement régler les choses rapidement en pensant qu’elle récupérerait ses joueurs après leur suspension pour rejouer le match contre la Belgique. »
Ils ne seront pas disponibles si tel est le cas, c’est le moins qu’on puisse dire. Et un appel n’y changera peut-être pas grandchose. Maître Palao conclut : « On suspend les joueurs et pas l’arbitre, c’est à n’y rien comprendre. Il faut prendre conscience qu’il ne s’agit pas d’une simple discussion sur une erreur ou une interprétation d’arbitrage qui a mal tourné. Les joueurs concernés sont tous professionnels et ont un parcours exemplaire sur le plan disciplinaire. Pour être comprise et acceptée, une sanction doit être juste, là c’est tout le contraire. »