Midi Olympique

LE CHOC DES COMÈTES

MONT-DE-MARSAN ACCUEILLE BÉZIERS, SAMEDI (15 H 15) À GUY-BONIFACE, LORS D’UNE AFFICHE INÉDITE EN PHASES FINALES DE PRO D2. UN DUEL ALLÉCHANT SUR LE PAPIER ET UN BARRAGE INDÉCIS ENTRE DEUX « FAUX-JUMEAUX ».

- Par Julien LOUIS

Trajectoir­es inverses. La Loi des dynamiques plaide en faveur du challenger biterrois. Vainqueur sans partage de son dernier combat « régulier » (36-22), l’ASBH est passée dimanche à une minute près du bonheur ultime : un barrage dans une Méditerran­ée en fusion (les Montois ont décroché le bonus défensif à la 79e à Aurillac et battent in fine Béziers aux points terrain, 5 à 4). Un rêve touché du doigt, qui paraissait illusoire il y a peu : « En novembre, j’avais cette image dans ma tête : tu vas finir ta carrière à Béziers, on sera 10e et il y aura trois mille supporters au stade. Et là, on se qualifie pour les barrages, c’est monstrueux. […] Maintenant, j’espère finir ma carrière à ErnestWall­on (finale, N.D.L.R.) ! Avec la dynamique qu’on a et notre parcours fait de hauts et de bas, je me dis pourquoi pas, même si le barrage s’annonce déjà très difficile. Ma sortie rêvée serait celle-là. Un titre de Fédérale 1 en 2011 et une montée en Top14 en 2018. Si cela arrive, je fais une saison de plus à un euro l’année », lance Simon Chevtchenk­o dans un sourire, qui vivra peut-être sa dernière bataille samedi.

Les Biterrois restent sur une série impression­nante de huit matchs sans défaite (sept succès, trois bonifiés et un nul) et paraissent inarrêtabl­es. Là où les Landais, ont, sur la même période, concédé cinq revers (et trois victoires). Et si l’on élargit le constat à 2018, ils affichent environ 46 % de triomphes, là où leurs adversaire­s, sont eux à 77 % de succès.

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Les chiffres sont à sens unique. Font-ils de Béziers le favori de ce barrage ? Pensez-vous ! « L’équipe peut battre n’importe qui et perdre

aussi contre n’importe qui », ajoute le flanker François Ramoneda, qui arrive lui aussi au bout de son aventure. Alors, si les Rouge et Bleu sont les rois de cette seconde partie de championna­t (avec Perpignan), les « Abeilles » sont-elles les reines de la régularité. Mont-de-Marsan n’est en effet jamais sorti des places qualifiabl­es en phase régulière, dégageant une sérénité et une solidité que Béziers n’a jamais eues. L’ASBH était relégable à la mi-novembre et la lutte pour le maintien était alors prônée.

Les Montois eux, « n’explosent » réellement jamais. Ils n’ont perdu qu’une seule fois de plus de vingt points en déplacemen­t cette saison, là où les Héraultais ont prix trois raclés mémorables. Preuve de la constance landaise et de sa domination sans partage dans ses succès : les seize bonus décrochés (12 offensifs ; six bonus pour l’ASBH), un record cette saison. Les locaux sont aussi la seconde meilleure équipe du championna­t à domicile avec soixante-cinq points décrochés et une seule défaite concédée (l’ASBH reste sur huit défaites et un nul à Boniface. Un seul succès en 2005). Celle face à Grenoble, qui a fait basculer leur fin d’exercice et leur a coûté leur troisième place. Le Stade montois, qui a largement battu Béziers (43-12) et a perdu de dix points à la Méditerran­ée, sera donc samedi à Guy-Boniface, le « chouchou » des bookmakers. Mais miser sur les Biterrois ne serait pas non plus un pari très risqué.

BÉZIERS : 7 VICTOIRES À L’EXTÉRIEUR, DONT 4 DERNIÈRES CONSÉCUTIV­ES

Avec sept victoires à l’extérieur et trente-deux points décrochés dont deux bonus, ils sont les seconds meilleurs performeur­s de Pro D2. Sur la saison, l’ASBH a aussi décroché plus de triomphes que Mont-de-Marsan (19 contre 17). Le rapport de force s’inverse à nouveau, avant qu’une donnée change encore la donne : l’expérience.

Depuis combien de temps Béziers n’a pas participé à une phase finale de rugby profession­nel ? Onze ans (2007, défaite face à Dax en demi-finale de Pro D2) ! Et les Montois ? À peine une année. Eux, qui n’ont raté ce rendez-vous qu’une fois depuis leur descente de Top 14 en 2013, ont participé à sept « playoffs » de Pro D2 (7 demi-finales et 3 finales)

sur les onze dernières années (moins deux saisons en Top 14). « C’est vrai que nous sommes sur une bonne passe. Mais c’est une nouvelle compétitio­n qui commence, ça reste des phases finales. Et rien que quand on demande à mains levées dans notre vestiaire qui a déjà joué des play-offs, il y a très peu de bras qui se lèvent (quatre, N.D.L.R.). On est nouveau à ce niveaulà… », explique David Gérard, coach des avants. À l’opposé, la grande majorité des Landais ont eux déjà vécu ces moments uniques. Ils ne passeront pas à côté de leur match samedi. Là où les « novices » héraultais peuvent eux rater leur rendez-vous sur le plan mental, surtout : « s’ils manquent leur entame », selon Thibauld Suchier. Mais attention, ils ont jusqu’alors gagné tous leurs matchs « éliminatoi­res » dans la course à la qualificat­ion et se sont construits dans l’adversité. « Au vu des dix derniers matchs, je pense clairement que Béziers est favori. Même si c’est un match à l’extérieur pour eux, c’est une équipe très solide qui a enchaîné une belle série de victoires. Ils créent beaucoup de jeu et les joueurs ont confiance en leurs entraîneur­s et ce qu’ils proposent. C’est aussi une équipe qui se base sur des individual­ités capables de faire la différence à tout moment avec leurs trois-quarts notamment », note le capitaine montois, Julien Tastet.

DEUX PROFILS DE JEU SIMILAIRES

La différence pourrait donc se faire sur les pics de forme physique, où Béziers semble dominer. Les Méditerran­éens montent crescendo en puissance depuis bientôt trois mois, résistent à la fatigue et seront au complet. À l’inverse, les Montois ont terminé leur marathon à bout de souffle. Mais ils savent parfaiteme­nt gérer ces semaines si spéciales et devraient enregistre­r les retours de plusieurs atouts maîtres : Carlos Muzzio, Ropate Ratu, Timoci Matanavou, Dan Malafosse et peut-être même César Damiani. Encore un statu quo entre les deux adversaire­s, donc. Reste maintenant à parler du profil rugbystiqu­e, pour tenter de sortir un potentiel vainqueur. Mais sur ce point, les deux formations se ressemblen­t à s’y méprendre. Tournées vers le mouvement, elles misent sur un jeu rapide pour déstabilis­er leurs adversaire­s. Petit avantage aux Montois sur la solidité défensive et la conquête directe ; là où les Biterrois semblent un peu plus performant­s sur l’efficacité offensive et les phases de collisions dynamiques. Impossible de départager ces deux comètes qui ont chacune brillé de mille feux à des moments opposés cette saison. C’est du « 50-50 » et la victoire reviendra à celle qui ne sortira pas de la trajectoir­e dictée par son système.

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