Midi Olympique

La course aux Jiff

● MARCHÉ A LA VEILLE DE LA PROCHAINE COUPE DU MONDE, LE MARCHÉ SUDISTE EST APPARU PLUTÔT CALME EN TOP 14, LES JOUEURS MAJEURS DEMEURANT AVEC LEUR FÉDÉRATION POUR RESTER SÉLECTIONN­ABLES. ● JIFF LE CALENDRIER N’EST PAS LE SEUL RESPONSABL­E DE CETTE SITUATION

- Par Pierre-Laurent GOU pierre-laurent.gou@midi-olympique.fr

Où sont les Giteau, Nonu,Vito, Cruden ou autre Pienaar sur le marché des transferts 2018 alors que le Top 14 va dire au revoir à Carter, Habana, Vermeulen, Smith, Albacete ? Mis à part Jérôme Kaino à Toulouse, pour le moment les recrutemen­ts sont bien pauvres en matière d’arrivée de stars estampillé­es Super Rugby cette saison. Non, c’est plutôt les Delhommel (à Montpellie­r), Arrate (Paris), Malafosse (Pau), Plessis-Couillaud (La Rochelle), Klemenczak (Racing 92), Onambélé (Toulon) qui ont fait l’actualité ! Des quasi-inconnus, sauf pour les aficionado­s assidus du Pro D2, qui possèdent parmi leurs qualités rugbystiqu­es d’avoir pleinement le statut de Jiff (pour Joueurs Issus des Filières de Formation). Le gros coup en matière de recrutemen­t ? C’est aussi un internatio­nal français qui a bien passé trois ans en centre de formation :Yoann Maestri qui s’en va de Toulouse pour La Rochelle. Et le dossier brûlant du moment, c’est Gaël Fickou que Toulouse va peutêtre libérer pour le Racing 92 ! C’est une course effrénée aux Jiff qui se déroule. À croire qu’il suffit de l’être pour trouver un contrat. Les exemples sont multiples et ne concernent pas seulement les jeunes prometteur­s. Ainsi Erbani (28 ans en route pour Pau), Andreu (32 ans vers Toulon), ou Tales (34 ans qui finira à Mont-deMarsan), connaissen­t déjà leur avenir.

15, 16 PUIS 17 JIFF SUR LA FEUILLE DE MATCH

Auparavant, ce « marché » ne débutait qu’à l’issue de la saison et s’étirait durant le mois de juillet. Il n’était pas rare de voir un internatio­nal débuter l’été sans savoir où il allait poser ses valises. Seulement, en février dernier, le comité directeur de la LNR a confirmé le passage à 15 joueurs Jiff par feuille de match en moyenne pour la saison prochaine. En 2019-2020, elle passera à 16, sous peine de se voir retirer des points. Elle montera même à 17 en 2020-2021. Une règle qui s’appliquera sur la totalité des matchs de Top 14 et Pro D2, phases finales comprises. « Résultat, leurs salaires explosent, pestait en cette fin de semaine le président du RCT Mourad Boudjellal. J’estime la majoration de leur salaire à 40 %, quand elle était à 20 % au début du dispositif. Un joueur de Pro D2 qui émarge à 4 000 ou 5 000 euros, on se le bataille à 12 00014 000 euros ! Avec en plus un Salary Cap très restrictif, tu dois changer ta politique de recrutemen­t. » Car les clubs qui ne respectent pas la règle vont se retrouver dorénavant lourdement pénalisés. Des retraits de points sur la saison suivante pourront leur être signifiés. « Débuter un Top 14 avec 4 ou 12 points en moins, quand tu vois que la qualificat­ion ou le maintien se jouent à un point… »

UNE RÈGLE QUI PORTE SES FRUITS

On s’arrache donc les joueurs français qui sont de plus en plus assurés de jouer avec ce procédé. « Je n’aligne pas ma meilleure équipe sur le papier chaque week-end mais je compose en fonction de cette

règle ! », indiquait sous couvert d’anonymat un manager de Top 14. Décriée à ses débuts, attaquée par un internatio­nal français d’origine sudafricai­ne Scott Spedding qui espère en obtenir le statut, la règle des Jiff mis en place par le duo Revol-Perez commence à porter ses fruits. Le Top 14 attire moins de stars du Sud, mais pourrait bien en faire naître ! Carbonel à Toulon, Fouyssac à Toulouse ou Etien à Paris sont des noms qu’il faut suivre car ils n’ont plus un Anglais, un All Black ou un Sud-Africain pour les priver de temps de jeu.

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