Midi Olympique

40 MINUTES DE PAIN NOIR

LES IRLANDAIS ONT TOTALEMENT MANQUÉ LEUR PREMIÈRE PÉRIODE, LEUR RETOUR FINAL NE FUT QU’ANECDOTIQU­E. COMMENT PEUT-ON ÊTRE AUSSI MALADROIT ?

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial jerome.prevot@midi-olympique.fr

L’Irlande ne peut quand-même pas être euphorique à cent pour cent. L’équipe nationale et le Leinster marchent sur l’eau, c’est entendu, mais le Munster s’est totalement noyé sous le soleil bordelais.

Il n’aura gagné que le match des encouragem­ents avec le coup d’envoi avec leur savoureuse adaptation du « Carmen » de Bizet. Les joueurs ont ensuite infligé une soupe particuliè­rement saumâtre à leurs cinq mille supporters. Jamais, la province de Limerick-Cork ne s’était présentée en demi-finale européenne avec une équipe aussi faiblarde. La série noire commença pas une absence au plaquage de Wooton face à Thomas, puis Keatley joua à la porte de saloon face à Vakatawa. Le pauvre Ian Keatley se souviendra de sa première mitemps comme une longue série de piqûre d’orties. Cet ouvreur internatio­nal de 31 ans est forcément capable de faire mieux. Ce n’est pas possible autrement. Mais il a passé quarante minutes à manger du pain noir : quel festival de maladresse­s et d’approximat­ions. Un drop rase-mottes, des passes à la mauvaise hauteur…. Mais il ne fut pas le seul à démériter car la touche, par exemple, multiplia les couacs. Les Irlandais battaient des records d’impuissanc­e face à l’insolente euphorie des Parisiens en défense comme en attaque. « Je ne me souviens pas d’avoir vu une équipe du Munster aussi mauvaise dans l’exécution. Même Conor Murray m’a paru en dedans », confiait Donald Lenihan, ancien grand deuxième ligne internatio­nal.

TOUT SE JOUE À L’ENTAME

Face à un tel naufrage collectif (24-3) Van Graan, le coach sud-africain tenta un coup de poker à la mi-temps en changeant toute la première ligne et l’ailier Wooton pour Zebo. Comme souvent dans ces caslà, l’équipe blessée a repris du poil de la bête et revint vaguement dans le match. Oui, Zebo sut donner quelques regrets à son entraîneur par sa classe naturelle (essai pour sa pomme à la 63e), Erasmus abrégea les souffrance­s de Keatley à la 53e et surtout, le Racing vécut la décompress­ion classique de l’équipe qui a pris le large. Le Munster a su éviter le ridicule, il a même remporté le deuxième mitemps (12-3) grâce à deux essais. Oui, ça nous fait bizarre d’écrire ça. Et pendant deux minutes à 27-15, après le ballon porté victorieux de Marshall, les fidèles supporters du Munster ont retrouvé le frisson, cinq minutes de plaisir revenues de nulle part avec ce coup de pied à suivre de Zebo pour Conway. Ce score final de 27-22 est finalement présentabl­e pour le Munster, c’est ce qui fut le plus énorme dans cette rencontre. Un cliché s’en trouva renforcé : tout se joue à l’entame dans un match de rugby. Quant à la Red Army, elle n’a pas tout à fait fait le voyage pour rien même s’il a manqué cinq minutes pour que ce sursaut final ressemble vraiment à quelque chose. « J’en ai assez de prendre des leçons. J’en ai assez de perdre en demi-finale. Je suis fier de la réaction de nos hommes, mais ce n’est pas suffisant. Ils nous ont fait tourner la tête en première mi-temps, c’était terrible », soupira Peter O’Mahony.

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Photo M. O. - D. P. Dominateur­s dans tous les secteurs du jeu et bien que monopolisa­nt le ballon, les Munsterman s’inclinent face au réalisme des joueurs du Racing.

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