Midi Olympique

L’ART DE LA DOUBLE MONTÉE

LE CLUB DE GRAVENCHON A OBTENU SA DEUXIÈME MONTÉE CONSÉCUTIV­E AVEC L’ENTRAÎNEUR ERIC DORBEAUX. IL Y A VINGT-CINQ ANS, IL L’AVAIT DÉJÀ FAIT.

- Par Guillaume CYPRIEN

Il y a huit jours, la vie des joueurs de Gravenchon a basculé en cinq petites minutes, depuis cet instant où vainqueurs chez eux de leur dernier match de la phase régulière, ils chantaient gaiement tous ensemble, jusqu’au moment où l’arbitre des réserves est venu leur annoncer la nouvelle : « Hey, les gars, L’Aigle a perdu. Vous êtes en Fédérale 3. » Le délire. Personne ne s’y attendait du tout. Aucun émissaire n’avait été envoyé au Havre Rugby Club, où les leaders de L’Aigle jouaient sur la pelouse du septième du classement. La marche semblait assez basse et les Aiglons, vainqueurs, seraient partis retrouver la division nationale qu’ils n’avaient pas revue depuis si longtemps. C’était écrit qu’ils le fassent. Mais ils se sont pris les pieds dans le tapis, et cette défaite offrant leur place promotionn­elle à leur dauphin, les chants ont redoublé dans le petit vestiaire gravenchon­nais. Pour le président Stéphane Faudemer, qui fut capitaine en Fédérale 2, et qui a connu les saisons ascenseurs, « c’est juste génial. Dans mon for intérieur, j’ai toujours voulu que nous revenions en Fédérale 3. Mais je ne pensais certaineme­nt pas que nous le ferions cette saison. » Gravenchon revenait à peine en Honneur, après une année de purgatoire subie en Promotion Honneur. Il y a deux ans, l’effectif senior trop peu garni n’avait pas permis d’assurer le championna­t en réserve. Déclarée forfait générale, elle avait coulé la première. C’est là-dessus que les dirigeants avaient rappelé le sorcier local. Éric Dorbeaux est monté chez les seniors, et à peu près comme il l‘avait fait il y a vingt-cinq ans, a piloté cette double montée.

« JUSTE UN BON ÉTAT D’ESPRIT »

Rappelé dans l’urgence dans une situation de descente, son retour en seniors s’est passé exactement de la même façon qu’il y était entré pour la première fois en tant que technicien. C’est Jean lloza, l’ancien président du club, puis de la Normandie, qui avait poussé ce joueur de toujours à passer la barrière vers la direction des entraîneme­nts. Gravenchon avait subi une rétrograda­tion depuis la Fédérale 3. Il fallait tout relancer. En l’espace de cinq années, avec le même groupe, entre 1988 et 1993, Eric Dorbeaux avait conduit Gravenchon jusqu’à son plus haut niveau en Fédérale 2. Il entraînait alors son président d’aujourd’hui. Vingt-cinq ans après cette aventure, reproduisa­nt cette double montée dans un temps plus resserré, il savoure et professe que « seul l’état d’esprit permet de jouer ensemble. Je préfère un débutant positif qu’un confirmé traîne-savates. On peut tout faire avec un bon état d’esprit. Avec ce groupe de joueurs volontaire­s, nous sommes parvenus à construire quelque chose de méritant. » On note aussi dans sa boîte à outils une faculté d’adaptation personnell­e à la mode. Il y a vingt-cinq ans, il avait bâti le succès de Gravenchon sur la rudesse de ses avants. La double montée d’aujourd’hui a été construite sur un jeu de mouvement aéré, avec un petit effectif assidu d’une cinquante de licenciés. « Que des mecs accrocheur­s, juret-il. La saison prochaine, et ceci est notre plus grand défi, il nous faudra une vingtaine de joueurs en plus pour tenir la saison en Fédérale 3. Et peu importe que ceux qui nous rejoignent ne viennent pas d’un bon niveau. S’ils ont un bon état d’esprit, on vivra une superbe saison. »

 ?? Photo DR ?? Éric Dorbeaux, ici en tant que porteur de tee à son buteur et neveu Antoine Dorbeaux, a conduit Gravenchon à une double montée consécutiv­e. Comme il l’avait fait il y a vingt-cinq ans.
Photo DR Éric Dorbeaux, ici en tant que porteur de tee à son buteur et neveu Antoine Dorbeaux, a conduit Gravenchon à une double montée consécutiv­e. Comme il l’avait fait il y a vingt-cinq ans.

Newspapers in French

Newspapers from France