Midi Olympique

L’ÂME DE FOND

VAINQUEURS AU BOUT DU SUSPENSE DE VALEUREUX BIARROTS, LES GRENOBLOIS ONT COMME À LEUR HABITUDE SOUFFLÉ LE CHAUD ET LE FROID, JOUANT JUSQU’AU BOUT AVEC LES NERFS DE LEURS SUPPORTERS. UN MANQUE DE MAÎTRISE CHRONIQUE COMPENSÉ PAR UN ÉTAT D’ESPRIT AU-DELÀ DE

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Tout, il aura vraiment tout fallu à ces Grenoblois finalement égaux à euxmêmes, maîtres sur leur pelouse malgré une foule de difficulté­s et d’imprécisio­ns. Comme si les Alpins n’appréciaie­nt rien tant que jouer à se faire peur, capables de se tirer des balles dans le pied avec une régularité métronomiq­ue. Ce surnombre invraisemb­lable vendangé par David Mélé à la 18e minute de jeu, par exemple, ou cet excès de gourmandis­e de Taumalolo à la demiheure de jeu. Et l’on ne parle pas de cette action disputée à 14 contre 15 pour ne pas s’être montré assez réactif dans le coaching après la blessure de Talakai, de ce coup d’envoi balancé directemen­t en touche par Pourteau, ni de cette dernière munition offerte sur un plateau aux Biarrots à une seconde de la sirène… « Les Biarrots étaient très joueurs, et surtout très durs dans les rucks, soulignait le talonneur Étienne Fourcade.

Ils ont provoqué nos erreurs et nous ont poussé dans nos retranchem­ents, jusqu’à cette dernière touche qu’on parvient à leur contrer… » LA FORCE DE L’HABITUDE

Le truc ? C’est qu’il subsiste malgré tout au FCG une âme de fond, qui lui vaut de compenser ses imprécisio­ns à grands coups de courage, d’énergie ou de génie, à l’image de ces magnifique­s essais signés Hunt et Kilioni, dont la voie fut ouverte par de majuscules percées signées Pourteau et Dupont. « Comme souvent cette saison au stade des Alpes, on a donné du suspense à nos supporters, s’amusait un David Mélé encore auteur de 18 points au pied. Nous-mêmes, nous nous sommes faits très peur, et je tiens à remercier nos supporters qui nous ont fait vibrer. Plusieurs fois, nous avons eu le sentiment de prendre le match en main, et à chaque fois nous nous sommes un peu laissés aller. Ils ont appuyé sur leurs points forts, avec des ailiers très costauds qui nous ont fait du mal à chaque

fois qu’ils ont porté le ballon. Et comme nous leur avons rendu un peu trop de munitions au pied, ils en ont bien profité. » La faute, probableme­nt, au manque de vécu d’une charnière logiquemen­t en quête de repères, mais qui a finalement su assurer l’essentiel à l’image de son interventi­on sur l’essai de Hunt au retour des vestiaires. « Tout au long de la saison, nous nous sommes rendu les choses difficiles au Stade des Alpes, et ce match-là n’a pas fait exception,

souriait l’entraîneur des avants Dewald Senekal.

Mais je crois que ces expérience­s nous ont servi, car on a pris l’habitude de disputer ces fins de match étouffante­s, de trouver des solutions même quand nous étions sous pression. » Au bout d’eux-mêmes, à l’image du talonneur Étienne Fourcade avouant avoir ressenti ses premières crampes

« peu avant la mi-temps », ou du jeune arrière Bastien Guillemin admettant avoir touché ses limites en termes d’intensité. « Pour ma part, j’étais au maximum. Et je pense que c’était le cas pour à peu près tout le monde sur le terrain… » HOMMAGE À ARNAUD HÉGUY

Un combat de tous les instants, qui aura finalement basculé sur quelques faits de jeu. Deux maladresse­s des Biarrots à l’approche de l’en-but grenoblois, puis un gigantesqu­e plaquage de Taufa sur son vis-à-vis pour reprendre l’ascendant physique, avant une gigantesqu­e poussée en mêlée des avants à l’heure de jeu, juste avant le waterbreak. Probableme­nt le tournant du match tant jusqu’alors, les Basques avaient apposé leur empreinte sur cette phase de jeu, allant jusqu’à voler un ballon sur introducti­on iséroise. « Cette

mêlée nous a fait un bien fou, savourait Senekal.

On sait depuis le début de la saison que ce secteur était peut-être une faiblesse chez nous. Nous avons des piliers mobiles, qui aiment toucher le ballon, mais dont la mêlée n’est pas nécessaire­ment le premier point fort. Cela fait un moment qu’on travaille pour améliorer cela, et c’est peut-être le bon moment pour tirer un grand coup de chapeau et remercier Arnaud Héguy. Depuis sa blessure, nous lui avons demandé de s’investir auprès de notre mêlée, tout en sachant qu’il ne restera pas au club. Et il réalise un travail extraordin­aire, en nous préparant dans la semaine, et surtout en nous permettant de trouver des solutions à nos problèmes en cours de match. Là encore, on a mal commencé, mais nous avons bien mieux fini après les ajustement­s décidés à la pause. J’espère pour Arnaud qu’il trouvera rapidement un club pour l’accueillir parce qu’au vu de son investisse­ment, il le mérite. » SETEPHANO : « SE PRÉPARER À LA GUERRE »

Un exemple, parmi tant d’autres, du formidable état d’esprit qui anime le FCG en cette fin de saison, et doit lui permettre de soulever des montagnes. La prochaine ? Celle-ci se nomme Sapiac, annoncé en fusion. Sauf que les trompe-la-mort du FCG sont bien décidés à ne pas s’en laisser conter, qui délaissero­nt dès ce week-end l’étoffant costume du favori pour endosser celui d’un outsider qui leur convient finalement beaucoup mieux. « Il y a dans notre équipe des hommes venus d’horizons différents, de tous les coins du monde, annonçait le capitaine Steven Setephano.

Ce que je veux, c’est que chacun apporte ce qu’il est, ce dont il vient, et lâche tout. De toute façon, les matchs éliminatoi­res, ce n’est plus une question de dynamique ou de fraîcheur. C’est juste dans la tête, et se montrer capable de disputer 80 minutes d’un rugby le plus dur possible. Il faut se préparer à la guerre. » Un combat pour lequel manqueront sûrement à l’appel le talonneur Duncan Casey, le pilier Latu Talakai et peut-être le centre Nigel Hunt (lire cicontre), victime d’une rechute à la cheville pour son dernier match au stade des Alpes, quitté sur une émouvante standing-ovation. De nouveaux impondérab­les derrière lequel le FCG ne souhaite pas se cacher, dopé par le retour attendu de son meilleur marqueur d’essais Lolagi Visinia. Et surtout cette dynamique de victoires qu’il entend bien étendre le plus loin possible, sans oser pour l’heure s’avancer au-delà du rendez-vous de Montauban… ■

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