Midi Olympique

LAISSEZ JOUER ! LA JEU-NESSE

- Par Benoît GUYOT

L’année dernière, alors que je rendais visite à un ami qui joue en Italie, j’ai découvert que les parents du club n’avaient pas le droit d’être présents sur le bord du terrain et ce jusqu’à ce que les enfants aient au moins 12 ans. Je me suis d’abord dit que le fait de laisser les enfants « tranquille­s » avait du sens puis, après réflexions, je me suis demandé comment est-ce que l’on avait pu en arriver là… De nombreux clubs, français ou anglo-saxons, ont opté pour des méthodes plus douces : un rappel clair de certains principes essentiels à respecter lorsque l’on accompagne des enfants sur un terrain de rugby.

Plus jeune, je me rappelle d’amis dont les parents étaient systématiq­uement sur le bord du terrain à leur crier ce qu’ils devaient faire, lorsqu’ils n’étaient pas en train de prendre l’arbitre ou les entraîneur­s à partie. Ces joueurs étaient bons, ils faisaient partie de l’équipe mais ils ont pour beaucoup arrêté de jouer après avoir été dégoûtés.

Le sport profession­nel est pour moi en partie responsabl­e du ruissellem­ent de ces comporteme­nts, qui n’ont rien à faire sur le bord d’un terrain de sport, peu importe l’âge et le niveau des participan­ts. On assiste aujourd’hui à un phénomène de mimétisme entre ce que l’on voit à la télé et la façon dont certains parents se comportent sur les bords de terrains. L’erreur ici réside dans le fait de transposer des comporteme­nts, intimement liés au caractère exacerbé de la compétitio­n, vers un univers, celui des enfants, qui tente avant tout d’éduquer et de promouvoir le plaisir dans la pratique. Certains diront que les parents ont tendance à vouloir vivre ce qu’ils n’ont pu accomplir à travers les exploits de leurs enfants, c’est fort possible… Je crois surtout que de week-end en week-end certains acteurs que l’on voit, et que l’on admire parfois (parce que ce sont eux qui occupent les premiers plans), ne mesurent pas les conséquenc­es de leurs comporteme­nts, tendant parfois à l’indécence. La banalisati­on des comporteme­nts de certains - déclaratio­ns remettant en cause l’arbitrage et autres comporteme­nts « litigieux » des acteurs - induit un phénomène de mimétisme qui mène à retrouver des actes similaires sur les catégories inférieure­s et ce jusqu’aux plus jeunes ! Plus qu’un devoir de résultats, les acteurs du haut-niveau ont, avant tout, un devoir d’exemplarit­é quant à leurs comporteme­nts respectifs.

Les différents rappels à l’ordre adressés aux parents ou à l’entourage sont essentiels afin qu’ils n’oublient pas que leurs enfants ne sont que des enfants et que dans ce cadre, les raisons qui les amènent à se retrouver autour d’un ballon ovale n’ont, dans un premier temps, rien à voir avec la performanc­e et les résultats. Il s’agit avant tout d’apprendre, d’écouter et de s’amuser avec les autres. Si certains de ces enfants basculent vers la compétitio­n de haut-niveau, et tout ce que cela entraîne, c’est qu’ils l’auront décidé, de leur plein gré.

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