Midi Olympique

De Michalak à Couilloud...

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Lundi soir à Lyon, la soirée des Oscars Midi Olympique a offert un de ces instants rares qu’il convient d’apprécier pour le flot d’émotions partagées autant que pour le message véhiculé. Frédéric Michalak et Baptiste Couilloud étaient réunis sur scène devant un bon millier de personnes venues célébrer deux étoiles tricolores aux trajectoir­es opposées mais aux talents aussi éclatants.

L’un, Michalak, termine sa carrière quand son jeune coéquipier, Couilloud, est en pleine ascension. L’un a débuté la sienne par un titre de champion de France quand l’autre progresse encore. L’un compte 77 sélections quand l’autre n’en a que 3. Mais ils incarnent tous deux, à la perfection, le parcours de leur club, qui s’est taillé une solide réputation grâce au double élan impulsé par le tandem Olivier GinonPierr­e Mignoni.

À les voir ainsi réunis sur scène, on a vite mesuré le chemin parcouru par ce Lou qui n’a désormais plus besoin d’anciennes gloires internatio­nales pour exister et remplir son joyau de Gerland : il fait émerger ses propres talents, promus en équipe de France et immédiatem­ent portés au rang d’ambassadeu­rs de la maison « Gone ».

Disons-le franchemen­t, c’est un précieux succès acquis sur le chemin de la reconnaiss­ance. Et c’est un trésor pour ce club installé au coeur d’un des plus grands bastions footballis­tiques français, dès lors confronté à l’obligation de se battre au quotidien pour sortir de l’ombre et attirer à lui supporters, partenaire­s ou licenciés. À l’instant où de nombreux « anciens » vont tirer leur révérence d’ici à la finale du Top 14, l’éclosion des jeunes talents est une aubaine pour le rugby français.

À l’image de l’attelage Michalak-Couilloud, ils sont nombreux -parmi ces jeunes qui ont donné raison aux défenseurs de la formation françaiseà avoir profité de l’expérience des Rougerie, Clerc, Roumieu, Fritz, Poux, Habana ou Fernandez Lobbe qui vont prochainem­ent se retirer des terrains. Pour la plupart, ces joueurs aux carrières sacrément bien remplies sont les derniers témoins directs du rugby d’hier qui puisait encore ses racines à l’ombre de l’amateurism­e, aux prémices du profession­nalisme. Certains ont connu la pluriactiv­ité, les entraîneme­nts du midi et les séances de récupérati­on du soir. Cela ne les a pas empêchés de réussir et, plus encore, de durer.

Ces joueurs sont les porte-voix d’une culture en pleine évolution, souvent malmenée par les nouveaux codes d’un rugby qui a récemment fait voler en éclat l’échelle des salaires sous la pression des Jiff. Voilà tout ce qu’ils lèguent finalement à leurs jeunes coéquipier­s, héritiers qui n’ont pas encore tous forcément mesuré la valeur de ce qui leur était transmis. C’est toute la valeur et la magie des carrières qui se croisent et d’aventures humaines qui s’enrichisse­nt mutuelleme­nt. Sur la scène lyonnaise, lundi soir, c’était toute la beauté du rugby qui se déroulait sous nos yeux.

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