NEUF, À PLUS D’UN TITRE
SÉBASTIEN BÉZY - DEMI DE MÊLÉE DE TOULOUSE APRÈS AVOIR ÉTÉ PROPULSÉ TITULAIRE DES BLEUS EN 2016 PUIS TRAVERSÉ UNE PÉRIODE CREUSE, IL A « PROFITÉ » DE LA BLESSURE DE DUPONT POUR REVENIR AU PREMIER PLAN.
La vie appelle le rebond, d’autant pour un sportif. Parfois, il peut être inattendu, voire subi… C’est ce qui est arrivé au Stade toulousain quand il a perdu début février son demi de mêlée Antoine Dupont, sensation du début de saison. Quelques jours plus tard, alors que la sinistrose était crainte, Ugo Mola nous confiait : « C’est malheureux pour lui et le club mais c’est comme ça. Nous devons composer et c’est là qu’on verra les ressources du groupe. » Ses hommes ont rebondi de suite mais, dans l’esprit de l’entraîneur principal, il s’agissait aussi de faire prendre conscience à Sébastien Bézy et JeanMarc Doussain que leur poids dans l’effectif allait être décuplé. « On savait que ce serait à nous de jouer et de prendre nos responsabilités », assure Bézy.
C’est d’abord Doussain qui s’est illustré… Car son partenaire avait été victime d’une fracture de la main gauche, une semaine avant la tuile de Dupont, contre Oyonnax. Au plus mauvais des moments. « Le soir même, j’étais un peu déçu car j’en avais pour six semaines, avoue-t-il. Mais les blessures, dans le rugby actuel, ça arrive tout le temps, donc il faut savoir patienter et passer à autre chose. Je savais aussi qu’à mon retour, il resterait pas mal de matchs et que j’aurais ma chance. » Et, depuis son retour à la compétition contre Montpellier le 18 mars, Bézy s’est montré à son avantage. À chaque fois qu’il a été aligné, son équipe a gagné. Et lui a convaincu. Comme si l’absence de Dupont avait favorisé le déclic. « La dynamique est bonne globalement, donc c’est surtout collectif, relativise le numéro 9. Quand je ne jouais pas, ça marchait bien aussi… Mais forcément, pour un demi de mêlée, c’est plus facile quand le paquet avance. Et quand les victoires sont là, ça l’est aussi personnellement. Surtout par rapport à la saison dernière où les défaites se sont enchaînées. »
« SUR UN TERRAIN, ON RESTE DES HUMAINS »
Sébastien Bézy sait mieux que personne qu’une carrière est faite de hauts et de bas. Lors de la première partie d’exercice, devant l’éclosion de Dupont, il a eu moins d’occasions de s’exprimer. Mais n’a pas étalé ses états d’âme et a tâché de ne pas laisser sa frustration nuire à son comportement. « Lorsqu’on joue moins, c’est dur… Mais je n’ai pas changé ma façon de travailler. J’ai continué à bosser sur mes gammes. » Et il a attendu son tour. « Si Antoine était encore là, il apporterait ce qu’il sait faire au groupe… Mais quand j’ai l’opportunité d’être aligné, je tente de la saisir. » Débarrassé de la charge des tirs au but, Bézy apparaît ces dernières semaines comme le joueur enthousiaste qu’il était d’il y a deux ans, capable d’accélérer le jeu à souhait. De retour à son meilleur niveau ? « À l’approche des phases finales, chacun a envie de se montrer et de faire partie du XV de départ », sourit-il. Prudence propre à l’homme qui a été propulsé choix numéro un et buteur du XV de France pour les débuts de l’ère Guy Novès, lors du Tournoi 2016, avant de disparaître des radars internationaux en seulement quelques mois. « J’ai rapidement compris que cela va très vite dans un sens, mais aussi dans l’autre, analyse-t-il aujourd’hui. J’ai appris à ne plus me prendre la tête. C’est la vie, il faut avancer et, si ça revient un jour, tant mieux. »
Lui qui a aussi vécu l’épisode de la transformation à cinq mètres des poteaux contrée par Péjoine en mars 2016 à Brive, laquelle aurait offert la victoire aux siens à la dernière minute. Péripétie malheureuse qui l’a longtemps poursuivi… « Cela m’est arrivé.Voilà, c’est comme ça », souffle-t-il. L’épisode l’a endurci et le fait relativiser. « Je suis aussi papa d’une petite fille, je me prends moins la tête, puisque j’ai compris qu’il y avait des choses bien plus importantes que le rugby. C’est mon métier, je veux me donner à 100 %. Mais sur un terrain, on reste des humains et on peut commettre des erreurs. Si j’en fais une, je suis déçu mais ça me mine moins qu’avant. » Et, franchement, ça se voit.