Midi Olympique

LE JOUR DES SEIGNEURS

APRÈS TROIS ANS DE DISETTE, PERPIGNAN RETROUVE ENFIN LES DEMI-FINALES CE DIMANCHE FACE AU STADE MONTOIS. POUR LES SANG ET OR, LEADERS DE LA PHASE RÉGULIÈRE ET FAVORIS À LA MONTÉE, IL S’AGIT DU RENDEZ-VOUS À NE PAS MANQUER FACE À UN ADVERSAIRE QUI LES A VA

- Par Émilien VICENS

Jour d’ivresse. Jour de gloire ou de désespoir. Dimanche aux alentours de 16 heures, Aimé-Giral entrera en ébullition. Ou sera plongé dans un KO total.Au coeur du « Théâtre des Rêves » catalan, gonflé comme à ses heures fastes, le juste milieu n’aura point sa place. Sourires et larmes sont attendus. Le tensiomètr­e à son paroxysme, cardiaques s’abstenir. Voilà trois ans qu’ils en rêvent. Trois longues saisons de disette à regarder les phases finales sur le canapé.

Pour trouver de l’or, il faut accepter d’en payer le prix. Les Catalans en connaissen­t un rayon. Forgée dans la douleur, soudée dans la perte de ses soldats, la formation usapiste s’est toujours relevée, comme en témoigne cette première place de la phase régulière. Malheureux symboles d’une Usap peu épargnée par la fatalité cette saison, ces casiers de vestiaire qui laissent un vide plus grand que d’autres. Celui de JacquesLou­is Potgieter, proche de l’entrée et floqué numéro 23, en fait partie. Depuis leur arrivée en Pro D2, les Sang et Or ont toujours défié un destin Shakespear­ien. Même William n’aurait certaineme­nt pas imaginé une telle dramaturgi­e.

ÉVACUER LE TRAUMATISM­E DE 2015

Comme ce chapitre du 17 mai 2015, où l’Agenais Taylor Paris crucifia tout un peuple sur un essai de plus de cent mètres. Aujourd’hui, les Catalans ne veulent plus revivre pareille déconvenue. Les derniers rescapés de cette époque ont verrouillé la boîte à souvenirs. « On en a tiré les enseigneme­nts oui… Mais c’est tellement loin pour moi. Cette demi-finale n’a rien à avoir avec aujourd’hui, je ne m’appuie absolument pas dessus » balaie Tom Écochard.

Depuis, l’Usap a bien grandi. C’est toute une génération même, derrière les Forletta, Carbou, Brazo et Ecochard, qui a pris de la bouteille. Suffisamme­nt pour retrouver des Montois rodés aux phases finales ? Pas si sûr. Nervosité et ballons tombés ont rythmé les premiers entraîneme­nts de la semaine. Derrière une gueulante presque habituelle, Patrick Arlettaz s’est chargé de remettre ses poulains dans le droit chemin. « Ce qui me donne confiance, c’est la constructi­on qu’a eue ce groupe. Finir premiers, ce n’est pas un hasard. Les joueurs parlent de cette demi-finale depuis juin dernier. C’était un objectif pour eux, pas uniquement pour vivre quelque chose de grand, mais surtout pour réussir » souligne l’entraîneur des trois-quarts.

MONT-DE-MARSAN, LA BÊTE NOIRE

Un sentiment confirmé par la coqueluche d’AiméGiral Mathieu Acebes : « On sent qu’un évènement important va arriver. Il y a quelque chose qui se passe cette semaine. J’ai hâte d’y être » souligne l’ailier de l’Usap. L’un des meilleurs marqueurs d’essais de Perpignan n’a pas sa langue dans sa poche : « Mont-de-Marsan est une équipe que l’on respecte beaucoup. Mais honnêtemen­t, on se fichait de l’adversaire qu’on allait prendre. » Vraiment ? Cette équipe montoise a pourtant tous les atours de la bête noire de l’Usap. Pourquoi ? Parce qu’elle l’a battue deux fois cette année. La première fois à Aimé-Giral, où l’Usap reçut une véritable correction en encaissant six essais dont un quadruplé de Julien Cabannes, pour un score final de 20 à 44.

Les Catalans ont bien essayé de laver l’affront en s’imposant dans les Landes au début du mois, mais a botte de l’ouvreur montois Danré Gerber, auteur de six pénalités, en décida autrement (score final 23-18). Aujourd’hui, les Montois n’ont plus rien à perdre : « C’est clairement les meilleurs de ce championna­t mais on n’a pas peur. On va essayer de refaire un exploit comme lors de la phase aller », explique le deuxième ligne Dan Malafosse, nommé homme du match à l’issue du match de barrage contre Béziers. Le demi de mêlée Christophe Loustalot prolonge : « Gagner dimanche serait un exploit dont on se souviendra­it toute notre vie. On pourra dire plus tard : « On y était ». On a envie de goûter au Top 14. Ce serait une belle récompense pour ce groupe et pour le club qui se structure un peu plus chaque saison. Si nous voulons franchir un cap, il faut gagner cette demi-finale. Qu’elle se déroule à Perpignan n’est plus une question. Nous sommes à la place qu’on mérite au terme de notre saison, et nous ne regardons plus en arrière. » Entre des Catalans qui devront assumer leur statut de leader et des Montois qui n’auront rien à perdre, le choc s’annonce explosif. Dimanche ne sera pas que le jour du Seigneur, mais bien celui des seigneurs.

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