TOUT ÇA POUR ÇA ?
AUSTRALIE APRÈS TROIS MOIS DE COMPÉTITION, LES FRANCHISES AUSTRALIENNES SEMBLENT FAIRE DU SUR-PLACE. LES MESURES PRISES ONT ELLES ÉTÉ VAINES ?
Il y a un an, la décision était prise de supprimer une des franchises australiennes du Super Rugby afin de permettre une plus grande concentration des talents et de remonter le niveau de jeu des franchises restantes. Pendant quatre mois, le rugby australien s’est déchiré. Pour quels résultats et sept mois plus tard, où en est-on ? Sur le plan sportif, après un départ canon des Rebels et des Waratahs fringants, on est revenu aux mêmes travers que la saison dernière : des résultats inconstants, des skills parfois rudimentaires, un sens tactique plus que limité. De progression, on n’en voit pas ou alors il faut être de grande mauvaise foi. Le week-end dernier, 4 défaites pour 4 matches (dont trois à domicile) et le prochain devrait être du même acabit.
MANQUE D’IMAGINATION
Passons en revue les quatre provinces australiennes, à commencer par les Rebels et sa pléiade d’internationaux venus de la Western Force. Sans Genia, cette équipe est sans imagination et en manque de confiance. Si la sauce a semblé prendre au départ, il ne faut pas oublier que les Rebels ont battu les équipes de la conférence australienne et ont accroché le scalp des Sharks. Sinon, rien : une déroute contre les Hurricanes à la maison, une autre défaite à domicile contre les Jaguares et une tournée sudafricaine mal embarquée face à des Bulls loin d’être des terreurs. Les Waratahs semblaient avoir pris un virage intéressant mais la dernière sortie face aux Lions a jeté le doute quant aux réelles qualités de cette équipe. Face aux Lions, on les a vus amorphes, sans imagination et avec un seul plan d’attaque rapidement mis à mal par la défense des Lions. Les Reds, avec leur nouvel entraîneur, Brad Thorn, ont surpris leur monde avec trois victoires consécutives mais, si l’équipe est très forte sur les phases statiques, le jeu d’attaque est insipide, manquant cruellement d’un meneur de jeu.Thorn ne souhaite pas rappeler Cooper donc il y a peu d’espoirs de voir les trois-quarts des Reds enflammer les terrains. Enfin, les Brumbies, régulièrement en tête des provinces australiennes, ils marquent le pas, même après le retour de David Pocock. Encore une fois des défaites frustrantes, venant d’un manque de concentration et d’intelligence de jeu.
LACUNES TECHNIQUES ET TACTIQUES
Alors comment expliquer ce manque de performances ? Comparés aux Néo-Zélandais, la référence mondiale, les joueurs australiens ont des skills déficientes. Il y a trop de lacunes dans les gestes techniques de bien des joueurs et trop de mauvaises décisions aux mauvais moments. Ces lacunes techniques s’étendent aussi au plan tactique. On s’aperçoit que, derrière Bernard Foley, c’est le grand vide. Les meneurs de jeu australiens sont d’une indigence extraordinaire. Du coup, les troisquarts ne bénéficient pas de rampes de lancement efficace.Tout est stéréotypé au plus au point et trop prévisible. Tout cela amène à une seule conclusion : la qualité des entraîneurs et de la formation en Australie. Deux des coachs (McKellar aux Brumbies et Thorn aux Reds) en place en sont à leur première année de Super Rugby. Dave Wessels, entraîneur prometteur, vient de changer de club et doit reconstruire cette équipe des Rebels. Enfin, Daryl Gibson doit encore prouver son talent avec les Waratahs. En tant qu’adjoint de Michael Cheika, il a su mettre ne place le jeu des trois-quarts des Waratahs mais depuis, comme entraîneur en chef, il a du mal à s’affirmer. Derrière, on cherche les vrais talents. Peut-être que Chris Whitaker pourrait amener son expérience acquise en France (Top 14 et Pro D2). Il est grand temps pour Rugby Australia de se pencher sur la formation des joueurs mais aussi des entraîneurs sinon l’avenir du rugby australien sera sérieusement compromise pour de nombreuses années.