LA FORCE DE L’HABITUDE
MONTAUBAN VA ENCHAÎNER SA DEUXIÈME PHASE FINALE EN DEUX ANS. S’ILS DÉCOUVRAIENT CE NIVEAU L’AN PASSÉ, LES TARN-ET-GARONNAIS PEUVENT DÉSORMAIS REVENDIQUER UNE VRAIE EXPÉRIENCE DE CES MATCHS COUPERETS ET UN EFFECTIF DE VIEUX BRISCARDS. UN GAGE DE RÉUSSITE ?
Calme et sérénité sur le petit terrain synthétique, accolé à la salle de musculation de l’USM, mardi 24 avril. Les joueurs convoqués pour préparer le choc face à Grenoble déroulent leurs gammes avec une application et une implication de tous les instants. Pierre-Philippe Lafond dirige une séance de mêlée engagée, tandis que Chris Whitaker se charge de peaufiner les lancements de ses gazelles de la ligne de trois-quarts. Rien, au vrai, ne dénote réellement de l’importance de l’échéance que le groupe est en train de préparer. « Par rapport à la saison dernière, on prépare ces phases finales un peu différemment, note Maxime Mathy. Nous sommes plus concentrés, peutêtre moins euphoriques. L’expérience nous sert à canaliser nos émotions. Nous savons à quoi nous attendre. Le stade en fusion, les supporters, l’ambiance, le contexte… Nous maîtrisons beaucoup plus de paramètres. » La force de l’habitude.
Ce passif sera-t-il un atout pour vaincre Grenoble - une équipe novice en phase finale dans un passé récent - et se donner le droit de rêver à une accession ? Difficile de l’affirmer mais il est certain que la grande force des Montalbanais résidera dans son expérience. En plus d’avoir déjà participé à la phase finale l’an passé et de savoir à quoi s’attendre, les Vert et Noir forment un groupe uni, au vécu commun impressionnant. Certains joueurs, dont Amédée Domenech ou Elvis Tekassala étaient déjà de l’aventure lorsque le club montalbanais ferraillait en Fédérale 1 pour gagner sa place chez les professionnels. Ainsi, parmi les joueurs convoqués dans le groupe pour cette demi-finale, ils sont huit à avoir dépassé la barre des cent matchs sous les couleurs montalbanaises. D’Amédée Domenech (196) à Pierrick Esclauze (101), en passant par Serge Sergueev (152), Elvis Tekassala (134), Nicolas Agnesi (131), Dimitri Vaotoa (124), Taleta Tupuola (116) ou Jérémy Chaput (109), cette équipe-là est avant tout une bande de potes qui vivent un rêve éveillé. L’enfer les a soudés en Fédérale 1 avant que le paradis du Pro D2 consente s’ouvrir à eux. Ces hommeslà savent aller à la guerre. Ensemble.
GRENOBLE, UN OUTSIDER QUI S’ASSUME
N’empêche, expérience ou pas, les Grenoblois viendront dans une position d’outsider qu’ils revendiquent et qui leur va bien. Les Isérois joueront leur carte à fond, faisant fi du contexte. David Mélé, le numéro 9 du FCG, croit pouvoir renverser la montagne sapiacaine : « Même à l’extérieur, c’est une demi-finale, on a bataillé toute la saison pour nous retrouver dans cette situation, en s’imposant plusieurs fois à l’extérieur (six victoires, et notamment Mont-de-Marsan, N.D.L.R.). On a perdu de deux points à Montauban (23-25), donc je pense qu’on peut avoir les armes pour les battre. Il va falloir être très forts en conquête et saisir les opportunités qui se présenteront. Nous avons enchaîné une belle série de victoires, alors on sera à Montauban avec des ambition, sans pression. » Même son de cloche du côté de l’entraîneur des avants, Dewald Senekal : « Ils ont peut-être plus de bouteille que nous mais en ce qui nous concerne, cette expérience doit nous servir pour la suite de notre projet, quel que soit le résultat. Les joueurs ont pris goût aux matchs éliminatoires la semaine dernière, alors on veut juste profiter de l’opportunité de vivre quelque chose de différent. »
En ce mardi ensoleillé, alors que « PP » Lafond et Chris Whitaker distillent leurs dernières consignes avant un jour de repos bien mérité, quelques supporters sont essaimés, çà et là, et tentent de se rassurer mutuellement : « Grenoble ne m’a pas impressionné cette saison, je m’attendais à mieux, ils sont prenables… » Depuis le carré de synthétique, rien d’autre ne leur parvient que le bruit sourd des corps qui s’entrechoquent. Calme et sérénité.