JOUEUR ENTRAÎNANT
ARNAUD HÉGUY - GRENOBLE BLESSÉ À UNE ÉPAULE, LE TALONNEUR S’EST MUÉ EN MEMBRE DU STAFF DEPUIS LE MOIS DE JANVIER. UN DES SIGNES DE L’ÉTAT D’ESPRIT IRRÉPROCHABLE MANIFESTÉ PAR LE FCG, QUE N’A PAS ALTÉRÉ LA DÉCEPTION DE LA NON-RECONDUCTION DE SON CONTRAT.
Personne ne l’aurait parié en début de saison mais c’est bien des tribunes qu’Arnaud Héguy assiste aux phases finales du FCG. La faute à un mauvais plaquage face à Béziers, synonyme de fin de saison dès le mois de décembre. « J’ai été opéré de la coiffe quelque semaines plus tard, au mois de janvier, souffle le Basque. Honnêtement, je pensais avoir digéré cette déception depuis tout ce temps. Mais la semaine dernière, à me dire que j’aurais potentiellement pu me trouver sur le terrain contre Biarritz, il y avait une certaine frustration… » Laquelle s’est transformée en sentiment du devoir accompli à l’heure de jeu, lorsque la mêlée iséroise eut la bonne idée de renverser le match avec celle du BO. « Psychologiquement, parvenir à renverser les Biarrots sur cette mêlée nous a fait beaucoup de bien. Alors oui, même si j’ai assez de recul pour savoir qu’aucune mêlée ne se ressemble, c’était une vraie satisfaction de matérialiser sur le terrain ce sentiment de progression. »
Car oui, ce qu’on a peut-être négligé de vous dire, c’est qu’Arnaud Héguy n’était pas tout à fait un spectateur lambda. Mais bien un membre du staff à temps plein, définitivement propulsé de l’autre côté de la barrière par sa blessure. Rien que de plus logique, finalement, pour celui qui a validé son Brevet d’État la saison dernière, après avoir fourbi ses premières armes auprès de l’US Deux-Ponts (Fédérale 3), dans la proche banlieue grenobloise « Depuis le début de la saison, comme je faisais figure d’ancien, Dewald Senekal m’avait déjà intégré sur quelques séances, rappelle Héguy. Et lorsque je me suis blessé, en accord avec Stéphane Glas, il m’a demandé de m’investir un peu plus. J’ai sondé un peu les joueurs pour m’assurer que cela ne posait de problème à personne et j’ai rapidement accepté. Au départ, mon rôle était cantonné à la mêlée. Depuis quelque temps, il a évolué… Lorsqu’on travaille la défense par exemple, je prends à part les joueurs qui ne font pas partie du groupe et je leur fais répéter les stratégies de l’adversaire, pour fournir une opposition la plus proche possible de ce que l’équipe est susceptible de retrouver en match. »
DEUX CHOIX CRUCIAUX POUR SAMEDI
Voilà comment le talonneur s’est mué en joueur entraînant pour continuer à apporter tant bien que mal sa pierre à l’édifice grenoblois, quand bien même l’idée de lâcher prise lui a probablement traversé l’esprit voilà quelques mois. « Lorsque j’ai su que le club ne souhaitait pas me conserver, la facilité aurait été de tout arrêter. Mais je m’étais engagé auprès du staff et des joueurs, et c’était important pour moi de sentir leur volonté de poursuivre collectivement jusqu’au bout de la saison. C’est aussi une manière de continuer à engranger de l’expérience pour plus tard. » Un état d’esprit irréprochable, partie immergée de l’iceberg de la dynamique actuelle sur laquelle compte bien surfer le FCG dans la cuvette de Sapiac, pour son plus gros défi de la saison. « Montauban est peutêtre l’équipe la mieux organisée du championnat dans le domaine du jeu d’avants, qu’il s’agisse des ballons portés ou de la mêlée. Ce sera la clé du match et un énorme défi pour nous. J’espère qu’on saura trouver les solutions pour le relever et parvenir à lancer le jeu. En tout cas, on a travaillé pour. »
Le tout dans un contexte rendu particulier par le forfait du pilier gauche Talakai (plancher orbitaire) et l’incertitude planant autour du talonneur Casey (cervicales) qui a contraint les Isérois à patienter jusqu’à la séance de mêlée en opposition du jeudi pour déterminer à la fois leur première ligne titulaire, et trancher au poste de pilier gauche entre le jeune Lapé ou le polyvalent Auzqui. Peutêtre le choix le plus crucial d’une saison après laquelle, malgré tout, Arnaud Héguy est bien obligé de se projeter. « La situation est simple : je suis en fin de contrat en juin et ouvert à beaucoup de challenges pour continuer à prendre un maximum de plaisir sur le terrain. Dans mon malheur, l’avantage à avoir été opéré tôt, c’est que je serai apte pour la reprise. » En tant que joueur, évidemment, et pourquoi pas plus si affinités…