Midi Olympique

« Viscéralem­ent attaché au RCT »

DUANE VERMEULEN - Numéro 8 du RCT IL EST LA CAUTION COMBAT, PUISSANCE ET COURAGE DU RCT DEPUIS SON ARRIVÉE EN 2015. POURTANT, À L’ISSUE DE LA SAISON, DUANE VERMEULEN QUITTERA TOULON ET RETROUVERA LES STORMERS. DE MANIÈRE DÉFINITIVE ? RIEN N’EST MOINS SÛR,

- Propos recueillis par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

Comment appréhende­z-vous la fin de saison qui attend le RCT ?

Le soleil est de retour, je n’ai pas de blessure et nous arrivons dans le sprint final. C’est magnifique. J’espère qu’on réussira à s’offrir une troisième finale consécutiv­e, mais surtout qu’on remportera le championna­t. Je suis persuadé, même si le Top 14 est très relevé, que nous pouvons le faire.

Vous avez été opéré du plancher pelvien cet été. Comment vous sentez-vous ?

Après l’opération, les médecins m’ont expliqué que ça pouvait prendre deux ans avant que je me débarrasse complèteme­nt de la douleur. Et il est vrai que par moments je la ressens… Si je m’écoutais je dirais « OK j’arrête de courir », mais on n’avance pas en pensant ainsi. Alors je cours, je m’étire et ça passe. Aujourd’hui, croyez-moi, je suis à 100 %.

Comment avez-vous vécu la perte de votre capitanat à l’intersaiso­n ?

À Toulon, il y a énormément de grands joueurs, de seigneurs et les doigts de mes deux mains ne suffisent pas pour compter les leaders. Personnell­ement, je suis persuadé que tu ne mènes pas simplement avec un brassard au bras… C’est davantage ton comporteme­nt et la façon dont le groupe te respecte sur le terrain qui importent. Ne plus être capitaine n’a en rien changé mon job. D’ailleurs, après chaque entraîneme­nt, Mathieu (Bastareaud N.D.L.R.) prend la parole, et nous demande, à Guilhem (Guirado N.D.L.R.), Ma’a (Nonu N.D.L.R.) et moi, si nous avons quelque chose à ajouter. Donc si nous avons un message à faire passer, nous pouvons le faire. Puis je pense que Mathieu est un excellent capitaine, un vrai leader. Ce n’est pas le plus bruyant, mais il mène par l’exemple et les mecs le suivent. Je suis vraiment content pour lui.

Vous, Guirado, Nonu, Bastareaud… On a comme le sentiment qu’il n’y a pas beaucoup de causants, mais davantage des leaders par l’exemple à Toulon.

Tu gagnes le respect en étant irréprocha­ble sur le terrain. Les mots ne valent rien s’ils ne font pas écho avec ce que tu produis sur le terrain.

Vous quitterez Toulon à l’issue de la saison. Envisagez-vous de le faire sans le moindre trophée ?

J’y pense évidemment… J’ai eu la chance de disputer une finale de Top 14, la saison passée, mais nous sommes tombés au pied du Brennus. C’était horrible et, cette année, nous devons faire en sorte de ramener le bouclier ! Maintenant, si jamais nous ne gagnons pas le Top 14, ça aura malgré tout été une expérience incroyable. Ces trois saisons m’ont donné l’opportunit­é de jouer dans un club historique, avec quelques-uns des plus grands joueurs de l’histoire. J’ai conscience d’avoir été un privilégié. Par ailleurs, je n’ai pas annoncé la fin de ma carrière. Je n’arrête pas le rugby…

Que sous-entendez-vous ?

C’est juste la fin d’un cycle, mais mon histoire avec le RCT n’est peut-être pas finie…

Vous envisagez de revenir à l’issue de la Coupe du monde ?

On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir. Après la Coupe du monde, j’aurai rempli mes objectifs et fait du mieux possible pour représente­r mon pays. Ensuite, j’aurai l’opportunit­é de rester ou de quitter l’Afrique du Sud. J’en ai déjà parlé avec Mourad Boudjellal. Il sait que je serais peut-être disponible. J’aurais 33-34 ans, mais si je sens que mon corps est prêt à continuer, peut-être que je reviendrai­s à Toulon… Est-ce que, dans le doute, je vais garder ma maison ? Non si je reviens, j’irais m’installer chez Marcel (Van der Merwe N.D.L.R. ). Je suis sûr que sa femme sera contente (rires).

Pourquoi envisager de revenir à Toulon, plutôt que de tenter une nouvelle expérience ?

La météo, la mentalité, j’adore tout du sud de la France ! Puis, le RCT a les supporters les plus passionnés que j’ai vus de ma carrière. Toulon est le seul endroit au monde où, au restaurant, on vient te taper sur l’épaule, t’encourager. Enfin le stade Mayol est unique… Les Varois aiment le RCT. Et moi aussi, je crois bien que j’aime viscéralem­ent ce club !

Que garderez-vous de ces trois saisons ?

En premier lieu : la finale au Camp Nou. J’étais blessé et je n’avais pas joué, mais c’était incroyable. Et même si la défaite me laisse un goût d’inachevé, voir ce stade, avec 100 000 personnes… ce soir-là, le rugby est entré dans une nouvelle dimension. Plus globalemen­t, Toulon est le club qui m’a donné la chance de découvrir l’Europe. Je serai toujours reconnaiss­ant. Ensuite, il y a beaucoup de choses qui ont rendu cette expérience incroyable. J’ai apprécié chaque seconde, chaque activité, chaque personne que j’ai pu rencontrer. Et malgré tout ce qui a pu se passer -je pense aux sorties du président et aux changement­s de coachs- j’étais bien à Toulon. Ces trois années ont marqué ma vie à jamais et les souvenirs que nous emmenons dans nos valises, avec ma femme et nos enfants, nous accompagne­rons tout au long de nos vies.

D’ailleurs, comment ont-ils pris votre décision de rentrer en Afrique du Sud ?

Ma femme a sauté de joie, parce qu’elle a des affaires au pays. En ce qui concerne mes deux enfants, l’aîné va entrer en primaire et il était important à nos yeux qu’il n’ait pas à changer d’école en plein milieu d’un cycle. Donc oui, je pense qu’ils sont très contents qu’on retourne au pays. Maintenant je leur ai déjà dit qu’il n’était pas impossible qu’on redéménage à l’issue de mon contrat… Je sens que je vais devoir négocier (rires).

Désormais, c’est vous qui allez devoir gérer une affaire à l’autre bout du monde…

En effet, depuis le début de l’année, je suis devenu l’ambassadeu­r du Biltong en France (de la viande séchée sud africaine N.D.L.R.), en collaborat­ion avec Juandre Kruger et la boucherie varoise

Lescure. Mais nous avons suffisamme­nt bossé pour qu’ils n’aient plus besoin de moi après mon départ. D’autant que Juandre devrait rester à Toulon. C’est un mec malin, intelligen­t, je ne me fais pas de soucis pour nos affaires. En ce qui me concerne, je vais continuer à faire ma part du boulot, en envoyant notamment les épices d’Afrique du Sud. Et ça me donne une bonne raison de revenir...

Enfin, pourquoi avez-vous choisi de rentrer en Afrique du Sud alors que vous étiez sélectionn­able de

Toulon ?

Aujourd’hui, je peux jouer pour la sélection tout en évoluant en Europe, mais les règlements changent trop régulièrem­ent en Afrique du Sud et je ne voulais prendre aucun risque, à moins de deux ans du mondial. Ensuite j’avais envie de travailler avec Johan Erasmus (le sélectionn­eur N.D.L.R. ). Il m’a coaché au début de ma carrière, m’a énormément appris sur le jeu et je pense qu’il est temps de collaborer à nouveau. J’ai eu la chance de sortir de ma zone de confort en signant à Toulon, mais je considère qu’il est temps, à 31 ans, de tout donner pour ma sélection. Encore une fois, ça ne veut pas dire que je ne reviendrai­s pas à Toulon mais aujourd’hui j’ai envie de me donner corps et âme pour ma sélection. Je veux jouer pour les Boks.

« Tu gagnes le respect en étant irréprocha­ble sur le terrain. Les mots ne valent rien s’ils ne font pas écho avec ce que tu produis sur le terrain. »

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 ?? Photo M.-O. - D.P. ?? Attaché à Toulon, le troisième ligne sud-africain, Duane Vermeulen n’exclut pas un retour sur la Rade à l’issue de la Coupe du monde.
Photo M.-O. - D.P. Attaché à Toulon, le troisième ligne sud-africain, Duane Vermeulen n’exclut pas un retour sur la Rade à l’issue de la Coupe du monde.

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