UNE FABULEUSE ÉQUIPE
DEPUIS LE 30 SEPTEMBRE, SEYSSINS A OUVERT UNE ACTIVITÉ DE RUGBY ADAPTÉ LE SAMEDI MATIN, AUXQUELS PARTICIPENT HUIT JEUNES HOMMES, EN SITUATION DE HANDICAP MENTAL. À FORCE DE PATIENCE, DE BIENVEILLANCE ET D’EXIGENCE, LES FABULOU’S ONT CRÉÉ UN BEAU GROUPE.
Au fil de l’actualité et parfois des errements et autres turpitudes du rugby professionnel, on oublie souvent que le rugby est un jeu, et qu’il est un vecteur d’intégration, d’éducation, pour tous, que la performance n’est pas toujours la priorité.
À Seyssins, depuis la fin du mois de septembre, aux côtés des enfants de l’école de rugby, une équipe particulière s’entraîne tous les samedis matin. Âgés entre 17 et 36 ans, ces huit membres sont différents, atteints de trisomie 21 ou de TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme), et ont créé un joli groupe. « C’est génial, juge Audrey, monitrice-éducatrice à l’IME Henri-Audignon, que fréquentent quatre joueurs. Dans certaines activités précises, comme dans la psychomotricité, nous avons pu constater des progrès. »
Le projet était en gestation depuis deux ans. Éducateur au club depuis sept ans, Franck Guitton est arrivé quand son plus jeune fils, Théo, a commencé le rugby. Son grand frère, Fabien (18 ans), trisomique, l’accompagnait et traînait souvent présent au bord des terrains. Il a été pris sous son aile par Gaëtan Bouzac, l’actuel entraîneur de l’équipe fanion, et responsable de l’école de rugby. « Gaëtan l’a guidé et l’a aidé à s’intégrer dans le club », explique Franck.
AIDER LES JEUNES À S’OUVRIR
Au printemps dernier, Franck se résout à passer le cap, et reçoit le soutien du club pour la création d’une équipe de sport adapté. Il contacte différentes structures d’accueil pour toucher les personnes intéressées, ainsi que le comité départemental de sport adapté. Le 30 septembre, sept joueurs sont présents – Simon, Basile, Fabien, Anthony, Thibault, Jérémy et Virgile -, rejoints il y a quelques semaines par Charlie.
Au début, il y avait un éducateur présent par joueur. « Ces jeunes ont besoin d’automatismes, de répéter les choses », explique Franck. Par exemple, au début, Jérémy reste souvent assis au bord du terrain, ou se contente de tourner autour du terrain en enchaînant les passes avec un éducateur. « Personne ne nous l’a reproché », souffle sa maman, Alice.
C’est une des grandes forces de ce groupe d’aider ces jeunes hommes à s’ouvrir au monde, en toute simplicité. « Le regard des autres parents a changé, se réjouit Joël, l’un des éducateurs des moins de 14 ans et des FABulou’s, nom donné en hommage à Fabien. Le projet s’est construit autour de lui. Il y a une différence et un côté fabuleux !
Et cela donne un supplément d’âme pour le club. Les gens de l’école de rugby sont fiers. Nous nous sentons tous mieux, par rapport à nous-mêmes. » Fabien et les autres fabuleux joueurs de Seyssins aussi se sentent mieux. « Ils peuvent, d’une certaine manière et à leur niveau, vivre des choses de personnes de leur âge », souffle Audrey.
Ils font aussi le bonheur et la fierté de leurs parents et de tous les éducateurs, Franck, Joël, les deux Nicolas, Isabelle et Stéphanie, et des moins de 14 présents toutes les semaines. Samedi matin, pendant et après la séance de rugby, on a rarement vu autant de sourires pendant une séance d’entraînement, ce n’est pas rien… « Nos enfants n’ont pas été forcément gâtés par la vie mais ils sont gâtés par le club, remercie Laure, la mère de Simon. C’est un beau cadeau. »