LE PHÉNIX KILIONI
REVENU DE PRÊT DE CARCASSONNE LESTÉ D’UNE GRAVE BLESSURE AU GENOU À L’INTERSAISON, LE TONGIEN A RETROUVÉ SA PLÉNITUDE APRÈS UN AN ET DEMI SANS JOUER. DE QUOI LUI VALOIR UNE PROLONGATION...
Comment parvenir en finale d’un championnat de France après une saison à 32 matchs, avec un maximum de fraîcheur ? Probablement en alignant des joueurs frais… Le FCG le sait bien, qui a trouvé son second souffle après l’hiver, en intégrant de nouveaux joueurs. On veut parler ici des jokers médicaux, bien sûr, à l’instar des Casey, Fifita, Talakai, Rinakama ou autres Pourteau, qui ont apporté en cours de saison un surplus de vitalité bien appréciable. Mais aussi des joueurs de retour de blessure, dont l’ailier Daniel Kilioni fait bien évidemment partie. « J’ai passé un an et demi sans jouer, et je ne souhaite ça à aucun autre joueur, nous confiait mercredi le Tongien, dont le prêt à Carcassonne la saison dernière n’a pas été franchement concluant. Ça a été très long, et surtout très dur mentalement. Deux mois après mon arrivée à mon Carcassonne, je me suis blessé au genou. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait… Pourtant, j’ai toujours essayé de prendre le plus possible soin de mon corps. Quand je me sens bien dans ma tête, mon corps suit. Et là, clairement, ça n’allait pas. J’ai eu besoin d’une nouvelle opération au mois de mai, juste avant de revenir au FCG. Comme retour au club, ce n’était pas vraiment l’idéal… »
603 JOURS SANS ESSAI
Voilà comment, pendant de longs mois, Daniel Kilioni s’est contenté de regarder de loin les entraînements de ses partenaires, prenant tant bien que mal sa peine en patience, jusqu’à la délivrance au mois de mars, lors de la fondatrice victoire à Montde-Marsan. « C’était difficile, je ne savais pas vraiment si j’allais pouvoir tenir le rythme après une aussi longue absence des terrains, se remémore Kilioni. J’ai essayé de faire mon boulot le mieux possible, mais j’ai pris un carton jaune qui a failli coûter cher à l’équipe ce jour-là. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’au-delà de ça, j’avais eu de bonnes sensations sur le terrain. » De quoi inciter le staff à lui conserver une place d’impact-player sur le banc, en attendant la bonne occasion. Laquelle se matérialisa par la déchirure qui cloua au sol Teiva Jacquelain face à Aurillac lors de l’avant-dernier match de la saison régulière, qui précipita le retour de Kilioni dans le XV-type, pour ne plus le quitter. Jusqu’à se montrer décisif, lors du match de barrage au stade des Alpes… D’abord en défense, où son sens de l’anticipation lui permit de couper à bon escient les surnombres biarrots. Mais surtout en attaque, où Kilioni parvint enfin à toucher du doigt le Graal de tout ailier qui se respecte : franchir la ligne… « C’était mon premier essai depuis… Waouh ! Je ne m’en souviens même plus. Tout ce qui me revient, c’est que c’était avec Carcassonne, lors d’un match à l’extérieur. »
PROLONGATION ACTÉE POUR DEUX ANS
Précisément à Albi, le 26 août 2016, pour un match nul 23-23 avec des partenaires nommés Adrien Latorre et Benoît Jasmin. Soit 63 jours de disette comblés le temps d’une accélération rageuse et d’un dernier crochet sur Tawalo qui firent rager bien des puristes… « C’est vrai que sur le coup, j’avais beaucoup de partenaires démarqués sur mon extérieur, se marre Kilioni. Mais quand j’ai vu l’intervalle, j’avais tellement envie de marquer… J’avais connu tellement de frustration ces derniers mois, j’avais tellement attendu avant de retrouver les terrains, que marquer cet essai a été une véritable libération. » Pour lui comme pour les siens, lancés depuis lors sur la voie d’un titre et d’un éventuel retour en Top 14, auquel il brûle de participer. « Je suis arrivé ici très jeune, j’ai grandi ici en tant qu’homme. Grenoble, c’est ma deuxième maison aujourd’hui. Je n’avais pas forcément peur d’en partir de nouveau à la fin de la saison mais je suis très heureux d’y rester les deux prochaines saisons. » Car oui, Daniel Kilioni a bien prolongé son bail de deux saisons ces derniers jours. De quoi aborder les dernières échéances le coeur léger. « C’est la première finale de toute ma carrière, je n’en ai jamais disputé, même chez les jeunes… C’est vraiment très excitant de préparer un match dans l’idée d’aller chercher un titre. » Surtout lorsque l’on se souvient d’où l’on vient…