Midi Olympique

« Je veux être champion de France ! »

ALORS QU’IL RETOURNERA À L’USAP, SON CLUB FORMATEUR, LA SAISON PROCHAINE, IL TIENT À LEVER TOUTE AMBIGUÏTÉ QUANT À UN POSSIBLE CONFLIT D’INTÉRÊTS.

- Propos recueillis par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Êtiez-vous supporter de l’Usap dimanche ?

Pas du tout ! Ce n’est pas que je ne suis pas supporter de l’Usap, bien au contraire, et j’étais très content pour eux de les voir se qualifier en finale… Mais disons que pour le coup, le contraire m’aurait plutôt arrangé ! (rires) Cela faisait quelque temps qu’on me parlait de ce scenario. Jusque là, je me disais que si cela arrivait, il faudrait faire avec.

En réalité, la problémati­que du match de dimanche semble moins concerner votre prestation que les interpréta­tions susceptibl­es d’en être faites...

C’est exactement ça ! Le problème, c’est plus ce qui peut se dire autour. Je trouve dommage que l’on puisse remettre en doute mon intégrité, alors qu’il me semble avoir démontré que j’étais attaché à ce club, et qu’on ne peut pas me reprocher mon investisse­ment. Tout le monde se pose la question : que fera-t-il si il a la pénalité de la gagne à une minute de la fin ? Mais franchemen­t, la question ne se pose même pas : bien sûr que je ferai tout pour la passer ! En revanche, si j’ai le malheur de la manquer, je ne pourrai pas empêcher les gens de penser que je l’ai fait exprès. Tout ce que je pourrai rater sera interprété, je le sais, et je fais avec.

Comme votre ballon perdu face à l’Usap lors de la défaite au stade des Alpes (17-24)...

Cette action, je l’ai très mal vécue. Je commets une erreur à 80 mètres de la ligne, l’ailier de Perpignan va marquer sans que personne ne parvienne à le rattraper, et on a dit que j’avais fait exprès de faire perdre le FCG. Comme si ce n’était pas déjà assez dur comme ça… J’attendais ce match avec impatience et j’avais un peu les boules d’être sur le banc. Quand je suis rentré, c’était au contraire avec l’idée de montrer ce que je valais à l’Usap et à tous les Catalans. Résultat, quand je suis entré, j’ai fait cette grosse m… qui nous coûte un essai. Derrière, j’ai passé quatre ou cinq jours très durs.

Ce n’était pas la première fois, puisque vous aviez déjà été copieuseme­nt pris à partie voilà deux ans après une défaite contre Pau...

Ça m’était déjà arrivé, oui, mais cette fois c’est allé encore plus loin. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les gens t’interpelle­nt directemen­t pour te traiter de traître, ou n’importe quoi… Honnêtemen­t, je peux comprendre certains excès de la part des supporters, qui pour certains se saignent pour aller au stade. Moi aussi, quand je regarde un match de foot, il m’arrive de m’emporter devant la télé, de hurler « mais pourquoi tu n’a pas fait ta passe, là, connard ! » Mais parfois, cela va trop loin. Et après ce match contre l’Usap, je suis très heureux d’avoir pu compter sur ma femme et mes enfants, qui m’ont soutenu quand j’en avais besoin.

La question d’un possible conflit d’intérêts semble d’autant plus stupide que dimanche, avant la question de l’accession en Top 14, c’est d’abord d’un titre qu’il sera question...

Mais c’est ça ! Tout le monde semble l’oublier, mais ce qui se joue dimanche, c’est une finale. Au-delà de l’accession en Top 14, il y a un titre à aller chercher. Pour avoir eu la chance de soulever le Bouclier avec l’Usap en 2009, je sais que c’est quelque chose qui marque à vie. Des années après, on se réunit, on fête les cinq ans, les dix ans... Les titres forgent les amitiés, c’est quelque chose qu’on ne peut pas enlever. C’est pourquoi, se poser la question quant à mon intégrité est d’autant plus absurde. Ce que je veux, c’est être champion de France, pas que mon futur club le soit ! D’autant qu’au sujet de l’accession, le perdant aura encore une chance de l’obtenir en passant par le barrage contre le 13e du Top 14… J’ai fait partie de la descente l’an dernier, et il me tient à coeur de laisser le FCG au niveau où je l’ai trouvé. Mais partir sur un titre, ce serait encore plus merveilleu­x..

Vos connaissan­ces catalanes vous laissent-elles dormir cette semaine ?

Oui, les joueurs m’ont laissé tranquille… Je vais même vous surprendre : je connais de fervents supporters de Perpignan qui m’ont demandé de leur trouver des habits rouge et bleus, parce qu’ils préfèrent me supporter plutôt que l’Usap. C’est plutôt le genre de messages qui fait plaisir...

Vous avez maîtrisé votre demi-finale la semaine dernière, en marquant notamment un essai. Avez-vous néanmoins craint le pire lorsque M. Charabas vous a sanctionné après le premier essai montalbana­is ?

Il faut remettre les choses dans leur contexte : le mec mesure deux mètres et pèse 130 kilos, soit à peu près le double de moi… Et il me tient par le cou ! J’essaie de me dégager, et en me débattant, je lui mets une petite gifle… Je pensais avoir un simple avertissem­ent, et l’arbitre met une pénalité aux 50 mètres. Je me suis dit : « et m…, qu’est-ce que tu as encore foutu ? L’équipe était encore une fois bien dans son match, et tu viens de remettre les adversaire­s en selle... »

Heureuseme­nt, notre solidarité et notre défense nous ont permis de nous tirer de ce mauvais pas.

Vous concernant, vous traversez une drôle de saison, entre ces matchs face à l’Usap, mais aussi vos rendez-vous manqué avec la sélection espagnole qui, avec le recul, auraient pu vous être fatals (quatre joueurs ont été suspendus entre 14 et 46 après le match-Belgique Espagne pour avoir pris à partie l’arbitre roumain Vlad Iordachecu, NDLR)...

Peut-être même que j’aurais fait pire ! (rires) Je ne veux pas défendre les joueurs, mais je peux sincèremen­t les comprendre. Quand tout un rêve s’effondre, peut-être à cause de la malhonnête­té de quelqu’un… Mais c’est vrai que cela a été une saison bizarre, entre cet hiver qui m’a mis au fond du trou, cette blessure qui m’a privé une première fois de la sélection espagnole, puis celle de Lilian (Saseras, NDLR) avec qui nous partagions le temps de jeu, qui m’a obligé à rester au club… Après, le fait que j’ai pris beaucoup de responsabi­lités m’a peut-être permis de m’épanouir davantage. Au final, j’ai envie de continuer à répondre présent jusqu’au bout.

Clin d’oeil de l’histoire pour vous : cette finale se déroulera à Toulouse !

C’est le scénario parfait, puisqu’il implique les trois clubs où j’ai évolué en France… (rires) Même si je n’ai passé qu’une saison à Toulouse, cela avait été un moment extraordin­aire, qui m’a permis de rencontrer des gens merveilleu­x. Et puis, j’y ai joué mon premier match avec Franck Pourteau, avec les espoirs, mais sur le terrain de Blagnac. À Ernest-Wallon, ce sera notre grande première...

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