Midi Olympique

Combien gagnent les joueurs

- Dossier réalisé par Nicolas AUGOT, Vincent BISSONNET, Cédric CATHALA, Emilie DUDON et Pierre-Laurent GOU

Les salaires, sujet ultime de curiosité, de débat et de crispation dans notre société. Encore plus dans le sport profession­nel, où les économies flambent sans discontinu­e, logiquemen­t aux yeux de certains, inexplicab­lement pour tant d’autres. Que l’on comprenne ou non, le constat reste le même. Le rugby n’en finit en tout cas plus de voir la courbe des salaires grimper. Tous les chiffres attestent de cette perpétuell­e embellie, de cet emballemen­t général : en dix ans, le salaire moyen d’un joueur de l’élite a connu une hausse de 104 % pour tutoyer la barre des 20 000 € bruts mensuels de revenus « club », la masse salariale moyenne par formation de Top 14 a augmenté de 4,5 millions à 9,2 millions d’euros, le salaire minimum annuel est passé d’environ 30 000 € à 42 000 €… Des chiffres que l’économie réelle française envie ! Et c’est sans oublier le bonus équipe de France, qui peut compter pour 25 % des revenus d’un joueur, sans compter les extras qu’occasionne une sélection chez les Bleus. Le rugby français est orphelin d’un Sébastien Chabal, Thierry Dusautoir et bientôt d’un Frédéric Michalak, seules stars « bankables ». Mais les sponsors des Bleus s’arrachent les services, contre émoluments, de la bande à Jacques Brunel. Ainsi, Guilhem Guirado bénéficie d’un contrat « perso » avec BMW, quand Mathieu Bastareaud est l’une des rares têtes de gondole en rugby d’Adidas. Tout combiné, certaines années, quelques internatio­naux français peuvent donc espérer empocher plus d’un million d’euros. Et pour les autres ? Les quotas « Jiff » ont permis aux Français et assimilés de voir leur feuille de paye gagner quelques milliers d’euros et les stars étrangères, toujours aussi précieuses, s’offrent une part du gâteau toujours plus grosse, prestige oblige. Cependant, au niveau des zéros, le rugby reste, évidemment, loin derrière le football. Selon le rapport de la DNCG, un joueur de Ligue 1 touche actuelleme­nt 73 000 € bruts par mois en moyenne. Soit un rapport d’un à cinq entre les deux sports même si cette donnée est à relativise­r car les joueurs du PSG, Neymar, Thiago Motta et autres Cavani gonflent considérab­lement la bulle. Mais même à Angers ou à Dijon, les artistes du ballon rond perçoivent plus de 25 000 € par mois.

LE RUGBY, DEUXIÈME AU NIVEAU DES SALAIRES

Les rugbymen consoliden­t tout de même leur deuxième place honorifiqu­e au classement des sportifs les mieux valorisés de France, avec une avance conséquent­e sur les basketteur­s de Pro A (environ 11 000 €) et sur les handballeu­rs de D1 (environ 7 500 €). Des chiffres conditionn­és par deux variables majeures : le montant des droits télés et, dans une moindre mesure, les recettes de la billetteri­e. Dans le sillage du Top 14, toutes les divisions et catégories profitent de cette dynamique positive. En Pro D2 et en Fédérale 1 aussi, les sommes vont crescendo, dans des proportion­s moindres toutefois. Et, dans ces deux divisions, on peut aussi être estampillé « profession­nel » à 1 200 euros par mois. Les joueurs mineurs et les espoirs, aussi, voient leur cote bénéficier de cette croissance globale.

Plus les salaires augmentent, plus le sujet devient complexe, protéiform­e. Aux rémunérati­ons de base peuvent s’ajouter des primes diverses et variées et toute une somme d’avantages en nature via des marques ou les réseaux sociaux. Les montages financiers, de manière générale, sont toujours plus alambiqués pour déjouer avec les règles et règlements. Les dirigeants de la Ligue, après avoir brandi des menaces fantômes pendant tant d’années, ont amorcé la contre-attaque en instaurant un salary cap vraiment répressif. Un mal nécessaire à ses yeux. Car, ne l’oublions pas, le rugby vit au-dessus de ses moyens.

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