Midi Olympique

« Babillot, c’était comme un petit frère »

PIULA FA’ASALELE - Flanker de toulouse L’HOMME EN FORME DU STADE VA DÉFIER SON ANCIEN CLUB.

- Propos recueillis par J. Fa.

Dans quel état d’esprit retrouvez-vous les phases finales ?

Que du bonheur. L’année dernière a été dure, on a touché le fond. Quand tu tombes en bas, tu ne peux que viser plus haut. C’est ce qui nous anime. Ce club n’était pas habitué à cette situation, il y avait une grosse pression et chacun en a pris conscience, s’est investi pour le ramener à sa place. Les recrues ont apporté leur fraîcheur. Ce fut un moteur de ce groupe. On a retrouvé des vrais joueurs du Stade toulousain, qui ont la passion. Sans ça, tu n’avances pas.

À titre personnel, vous le faites en réalisant une grosse fin de saison…

Je dis toujours que mes coéquipier­s me font avancer. Si je sens tout le monde investi, le reste vient naturellem­ent. J’ai vraiment eu cette sensation durant le stage en Andorre (début février, N.D.L.R.). Le début de saison s’était bien passé mais, à partir de ce moment-là, on a compris qu’on pouvait aller loin, tous ensemble. Le groupe a tourné la page du passé et atteint petit à petit le niveau où il mérite d’être.

Ugo Mola voit ce stage comme un déclic…

Oui, il n’était pas axé sur le rugby mais la cohésion et l’humain. C’est la première fois que je vis un stage pareil. Avant d’être des joueurs, nous sommes des hommes. Cela a fini de me libérer et je crois que ces discussion­s ont offert à chacun l’obsession de servir l’équipe. Nous sommes tous dans la même aventure et mon esprit est tourné vers le bouclier. Des cadres comme Mama (Maestri), JeanMarc (Doussain) ou Flo (Fritz) vont nous quitter et il s’agit de les récompense­r pour ce qu’ils ont apporté à ce club. Je le dis d’autant mieux que je suis quelqu’un de toujours heureux, dans les bons et les mauvais moments. La vie est trop courte pour se plaindre. Alors imaginez quand on gagne. Pour moi, la victoire est un virus. Quand je l’attrape, je veux que les autres l’attrapent aussi.

Est-ce pour cela que le staff considère aussi Iosefa Tekori ou vous comme des leaders ?

C’est notre attitude de mecs des îles (rires). Je souris et reste tranquille tout le temps car, si vous êtes négatif, ça rejaillit sur les autres. J’aime regonfler le moral de mes partenaire­s. « Joe », c’est mon grand frère, on se connaît depuis la Nouvelle-Zélande (ils étaient à Auckland ensemble), on a le même mode de vie et notre rôle est d’aider tout le monde. Pour nous, la vie est une chance et on agit dans une équipe comme dans une famille. Si tu donnes tout à côté de moi, ne t’inquiète pas, je donnerai tout aussi.

Cet aspect très décontract­é dénote de votre image de guerrier sur le terrain…

Le rugby, c’est mon métier, ma passion et, comme je l’ai dit, mon obsession. Quand j’entre sur un terrain, je ne me dis jamais que je vais perdre. Non, je veux gagner et montrer aux autres que je suis là pour combattre avec eux. Mais ce n’est pas incompatib­le avec mon caractère. Avant la réception de La Rochelle, Flo a dit une phrase qui m’a marqué : « Personne n’est mort sur un terrain de Top 14. » Il a raison. Cela veut dire qu’on peut partir à la guerre sur un match mais on ne joue pas notre vie. Il y a peu de gens qui ont le privilège de faire ce métier. Si je ne suis pas capable de donner le meilleur, il y a un mec à Blagnac ou à Colomiers qui voudra prendre ma place. Il y en a aussi qui se lèvent chaque matin à 5 heures pour aller bosser. Moi, j’ai la belle vie et je ne l’oublie jamais.

Cette saison, vous avez marqué 2 essais en Top 14 - autant que sur les cinq dernières et 2 en sélection. Votre jeu a-t-il évolué ?

Ugo effectue régulièrem­ent des entretiens individuel­s et ils ont été décisifs. Il me connaît depuis un moment, m’a toujours assuré de sa confiance et était persuadé que je pouvais apporter davantage. J’ai toujours pensé à servir mes coéquipier­s et lui m’a répété que je pouvais leur être utile en pensant peutêtre un peu plus à moi, en touchant plus de ballons. Je respecte les consignes mais je participe plus qu’avant et je pense avoir augmenté mon volume de jeu.

Que vous inspire le fait d’affronter votre ancien club ?

Il fait toujours partie de mon coeur. J’y ai vécu des titres, des finales, j’y garde des amis comme MarcAntoin­e Rallier ou Julien Dumora. Cela reste particulie­r mais Toulouse est ma nouvelle maison. J’ai goûté au Stade de France et nous ne sommes qu’à deux matchs… J’ai faim de ce genre d’émotions.

Mathieu Babillot est votre successeur au CO…

Il fait un beau parcours. Il a grandi dans son jeu, est capitaine de Castres, a été appelé en équipe de France. Je suis heureux que son travail paye. Quand j’étais au CO, Babi était comme mon petit frère. Il me demandait des conseils et j’essayais de l’aider. Il mérite sa réussite.

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Photo M. O. - D. P.

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