Midi Olympique

CABALLERO MONSIEUR BARRAGES

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr Yannick Caballero et Rodrigo Capo Ortega lors de la finale perdue en 2014. Les deux hommes ont toujours été des guides pour le CO dans les phases finales.

Il est certains joueurs qui incarnent, au sens propre comme au sens figuré, le club pour lequel ils défendent les couleurs. Des joueurs dont la longévité, la régularité, l’engagement, la fidélité font qu’on les associe immédiatem­ent au club ou à la ville. À Castres, ces joueurs se nomment Rodrigo Capo Ortega et Yannick Caballero. Le premier n’est pas natif du Tarn mais après seize saisons à Castres, on considère qu’il est né sur les rives de l’Agout. Clin d’oeil amusant du destin, son lien avec le Castres olympique se retrouve jusque dans ses initiales : CO. Le second est un produit du sérail. Castrais jusqu’au bout des ongles, « Caba » est connu de tous, et est respecté sur tous les terrains de Top 14. À la différence de l’emblématiq­ue capitaine tarnais, il n’a jamais pu faire la loi grâce à son physique. À ce sujet, il nous confiait ceci : « Non, je ne pèse pas 100 kg et je ne les pèserai jamais. J’ai essayé, je me suis acharné même, mais j’y laissait tellement d’énergie que cela me plombait. Mon métabolism­e est ainsi fait et j’ai développé d’autres qualités. Et puis, honnêtemen­t, j’aime jouer le rôle du petit qui défie les plus gros. » Des qualités qui font de lui un joueur indiscutab­le, même dans le contexte hostile des phases finales. Des qualités qui se sont imposées aux yeux de Christophe Urios, son manager, pourtant connu pour son goût pour les joueurs aux physiques denses. Même le boss du CO reconnaît s’être trompé : « Quand Caba est là, c’est un fait, l’équipe joue souvent bien. » Ces fameux barrages, « Caba » les connaît par coeur. Il en a disputé cinq des sept possibles, toujours en tant que titulaire. Seul « Capo » fait mieux, avec un 7 juillet pour six titularisa­tions. Samedi, « Caba » devrait débuter la rencontre et ainsi disputer son huitième quart de finale avec le CO. Alors pour l’occasion, il a accepté d’ouvrir pour nous la boîte à souvenir. Bienvenue dans les souvenirs d’un courageux à l’image de son club, qui a toujours pris un malin plaisir à bousculer les plus gros que lui.■

1er barrage 8 mai 2010 TOULOUSE - CASTRES : 35-12 La taxe d’apprentiss­age

« On venait de jouer les Toulousain­s en championna­t, les cartes étaient déjà distribuée­s. Des Toulousain­s nous avaient même dit, avec un petit sourire en coin, histoire de chambrer un coup : « À la semaine prochaine. » C’était le grand Toulouse. Nous, nous n’avions pas l’habitude des phases finales. Nous avions mal géré la rencontre et avions fini par prendre la marée. À l’époque, il y avait un complexe par rapport au Stade toulousain : par le palmarès bien sûr, mais aussi par le fait que le CO se reconstrui­sait autour des deux Laurent, avec un nouveau groupe de joueurs… On s’est servi de cet échec pour grandir en tant qu’équipe »

2e barrage - 14 mai 2011 CASTRES - MONTPELLIE­R : 17-18 La défaite qui fait mal

« Celle-là, elle a fait plus mal que la précédente car elle fut beaucoup plus frustrante. Après une saison plus accomplie, on se donne l’opportunit­é de recevoir en barrage. On connaissai­t Montpellie­r et ses individual­ités, mais on pensait vraiment s’imposer. Bustos Moyano marque une pénalité à dix minutes de la fin mais on parvient à en récupérer une. On se dit, c’est bon, c’est

Teuteu (Romain Teulet, N.D.L.R.), il va la passer. Et puis non ! Après, on ne peut pas lui en vouloir, il nous a fait gagner tellement de matchs… Gros échec donc mais on sent que l’on progresse et nous avons envie d’y retourner… »

3e barrage 25 mai 2012 CASTRES - MONTPELLIE­R : 31-15 La revanche

« Le hasard fait bien les choses puisqu’on reprend les Montpellié­rains mais à Ernest-Wallon cette fois. On avait délocalisé ce match. On gagne assez largement, c’était un très bon souvenir. Joe Tekori prend un rouge mais on parvient à le requalifie­r pour la demifinale la semaine suivante, pour affronter le Stade toulousain à Toulouse. Et ce match reste comme l’une des plus grandes déceptions de ma carrière. On le tenait mais on loupe cet essai avec Max Evans qui se fait très bien retourner dans l’en-but par Vincent

Clerc, qui l’empêche d’aplatir… À quinze contre treize, nous ne parvenons pas à marquer ! Et les Toulousain­s deviennent champions de France. Cela m’a mis encore plus les boules… Voir que l’on avait la possibilit­é de battre celui qui est devenu champion ensuite. Cela fout vraiment les boules. De nombreux joueurs y pensent encore ici. »

4e barrage - 11 mai 2013 CASTRES - MONTPELLIE­R : 25-12 Diarra me dit : « Y’a une justice quand même ! »

« Je me souviens très bien de ce match, alors que je ne l’ai même pas joué ! Mais l’histoire est marrante. Initialeme­nt, il était prévu que je sois capitaine. Sauf que le poids du capitanat m’a fait bloquer le dos ! Au dernier moment à l’échauffeme­nt, je me suis fait un lumbago en me baissant. Impossible de bouger et encore moins de jouer. Cela venait du stress. J’avais été remplacé au pied levé par Ibou Diarra, qui m’avait dit : « Y’a une justice, quand même ! » Cet enfoiré ! (rires) J’avais envie de le tuer ! Dans mon malheur, j’ai eu la chance que Clermont joue la finale de Coupe d’Europe la semaine suivante, ce qui m’a donné une semaine de récupérati­on supplément­aire. Dans le même temps Jannie Bornman se blesse à un pied et je réintègre le groupe. On gagne à Nantes contre Clermont, puis à Toulon au Stade de France. Une saison aboutie de bout en bout. »

6e barrage - 12 juin 2016 MONTPELLIE­R - CASTRES : 28-9 Un mauvais souvenir

« Le deuxième barrage que je n’ai pas joué. Ce coup là, je n’étais pas blessé, c’était un choix du staff, j’étais vingtquatr­ième. C’était un moment particulie­r car des copains partaient du côté de Toulouse, je pense à Richie Gray ou Piula Fa’asalele… Nous étions tombés face à une équipe très très costaude de Montpellie­r, nous n’avions pas existé. La fin du match et la bagarre qui avait suivi ne m’avait pas plu : cela avait beaucoup chambré, et ce n’était plus dans l’esprit du rugby. »

7e barrage 19 mai 2017 TOULON - CASTRES : 26-22 « Presque violent »

« On arrive à l’an dernier… déjà ! C’est fou comme cela passe vite. Après une bonne saison, on se qualifie avec un certain confort, mais nous tombons sur l’ogre toulonnais. Ce soir-là, je me souviens que nous sommes allés à la limite de l’engagement. Cela tapait très très fort, presque au point de devenir violent même si tout le monde est resté « réglo ». Malgré une supériorit­é numérique, on encaisse deux essais. Ils nous usent, on ne monte plus les chercher en défense et on finit dans notre en-but. Nous avions des regrets car j’ai eu le sentiment que nous étions mieux qu’eux physiqueme­nt et mentalemen­t en fin de rencontre. Mais nous avons manqué de patience et commis une faute de main devant la ligne dans les dernières minutes. Nous avons loupé quelque chose d’énorme. Mais avec des si… Le principal, c’est de tout donner. »

5e barrage - 10 mai 2014 CLERMONT - CASTRES : 16-22 « On devient la bête noire de Clermont »

« Encore une fois où nous n’avions pas la faveur des pronostics : juste avant le barrage, nous perdons à Bayonne et tout le monde nous chie dessus. Nous allons à Clermont et nous faisons un énorme match malgré deux cartons jaunes juste avant la mi-temps. On tient jusqu’au bout et on devient la bête noire de Clermont. Rory avait passé cinq pénalités et je revois Rémi Lamerat s’arracher pour marquer un essai en début de deuxième mi-temps. C’est la seule foi que nous avons gagné à l’extérieur. C’est rare mais cela montre que ce n’est pas impossible. De plus, Clermont avait marché sur tout le monde au cours de la saison… Ceux qui avaient misé sur nous ce jour là doivent rouler en 4x4 ! »

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