Midi Olympique

Ô MON CAPITAINE

MATHIEU BASTAREAUD - CAPITAINE DU RCT MÉTAMORPHO­SÉ DEPUIS LE DÉBUT DE SAISON, « BASTA » TENTERA DE MENER TOULON EN DEMI-FINALE.

- Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

Ça restera le premier coup de poker de Fabien Galthié sur la rade. Dans un groupe composé de Guirado, Vermeulen ou Nonu, le néomanager décidait de confier le brassard à Mathieu Bastareaud qui - même s’il s’est imposé comme un leader incontesté au gré des saisons et des titres - ne semblait pas prédestiné au capitanat. Plus leader par l’exemple que par la parole, le triple champion d’Europe a d’ailleurs refusé, dans un premier temps, la requête de Galthié. « Avant le premier match, je vais voir Mathieu et je lui demande s’il veut être capitaine. Il refuse et me dit qu’il est quelqu’un de discret et en retrait. » Finalement, l’ancien joueur du Stade français fini par accepter. Grand bien lui en a fait. « En neuf mois, il est passé de non sélectionn­é en équipe de France depuis deux ans et demi à capitaine du XV de France contre le pays de Galles ! […] Grâce au brassard ? Je ne sais pas, mais un jour il m’a demandé s’il allait le garder. Je lui ai demandé pourquoi et il m’a répondu qu’il aimait bien. Depuis qu’il est capitaine, il n’a pas manqué une prestation. » Métamorpho­sé, le Mathieu Bastareaud nonchalant est devenu souriant. Celui qui traînait parfois son spleen à Berg est devenu l’exemple à suivre, et le grand frère du vestiaire. « Mathieu est parfois sévère, souvent exigeant, mais toujours juste et bienveilla­nt », nous confiait, admiratif, l’un de ses jeunes coéquipier­s.

« MATHIEU A PRIS LA MESURE DU BRASSARD »

Pourtant, plus encore que le brassard, ce sont bien évidemment ses performanc­es qui lui ont offert sa légitimité et l’ont rendu indispensa­ble. « Sportiveme­nt, Mathieu marche sur l’eau. Je pense qu’il se pose moins de questions qu’il n’a pu le faire tout au long de sa carrière, louait Fabrice Landreau en ce sens. Il a compris par quoi passait sa réussite et il se donne les moyens. Par exemple, on l’a récupéré en début de saison à 135 kilos, aujourd’hui il flirte avec les 122. Il a gagné en maturité et met tout en oeuvre pour exploiter son potentiel XXL. Enfin, il a rapidement pris la mesure du brassard. Il a pris confiance en lui, et la transmet au reste du groupe.» La France du rugby se cherchait de longue date un porte-drapeau, elle l’a enfin trouvé et, longtemps clivent, Mathieu Bastareaud fait désormais l’unanimité. Pourtant, avant de redevenir la coqueluche du XV de France en juin, « Bastareaud » devra d’abord de porter sur ses très larges épaules le RCT jusqu’au Stade de France. Ainsi, il lui reste trois rencontres, dont une dernière à Mayol, pour prouver que le Bastareaud nouveau est définitive­ment un cru d’exception.

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