BRAVER LES ÉLÉMENTS

ENTRE BLESSURES ET SUSPENSIONS, LE LOU NE SE PRÉSENTE PAS AVEC TOUTES SES FORCES VIVES POUR JOUER DANS L’ENFER DE MAYOL. POUR ESPÉRER CRÉER UN EXPLOIT, IL DEVRA S’APPUYER SUR SA DÉFENSE, SON MENTAL ET SA CONNAISSANCE DU CONTEXTE, GRÂCE AUX ANCIENS TOULONNAIS

Entre les bus affrétés par le club et les déplacements en voiture personnelle, près de deux mille Lyonnais sont attendus ce soir au stade Félix-Mayol. Les supporters rhodaniens rêvent de voir un nouvel exploit de leurs protégés, en très peu de temps. Au vu du passé récent du Lou, c’était déjà un petit exploit de se maintenir la saison dernière. C’en fut encore un petit d’arriver à se qualifier dans un championnat aussi concurrentiel. Après un départ canon en début de saison, et une place de leader après la victoire à Agen au soir de la septième journée, le Lou avait calé à l’automne quand l’identité des adversaires gagna en prestige. Ce n’est pas le moindre de ses mérites d’avoir su surmonter cette mauvaise passe, le départ de Sébastien Bruno pour le XV de France, et les sélections de Lionel Beauxis et Baptiste Couilloud, pour décrocher la première qualification du club dans l’élite de l’ère professionnelle. Mais le Lou peut-il aller encore plus haut ? Réaliser un nouvel exploit ? La lecture des résultats n’incline pas à l’optimisme. Lors de ses quatre dernières saisons passées en Top 14, le Lou a souvent souffert sur la rade (30-6 en 2014, 31-17 la saison dernière, 39-13 en décembre dernier), mais, jouant à chaque fois le maintien, il ne s’est jamais vraiment déplacé en configuration optimale pour prendre des points à tout prix.

Ce sera encore le cas cette fois, mais le Lou le fait contraint et forcé. Au forfait de Lionel Beauxis, acté depuis la semaine dernière, s’ajoute les absences du demi de mêlée, Baptiste Couilloud, et de l’arrière, Delon Armitage, ces dernières heures. Le premier, blessé à la cheville droite, doit renoncer. Sanctionné d’un carton jaune contre Montpellier, Delon Armitage a été suspendu trois semaines mercredi par la commission de discipline. « Je peux vous assurer que les vingt-trois joueurs présents seront prêts », prévient toutefois Pierre Mignoni.

Cette saison, à l’extérieur, il peut s’appuyer sur deux matchs références, deux exploits à l’extérieur : la victoire au Racing (2017) le 30 septembre et la victoire à Toulouse (27-20) le 11 mars. À chaque fois, Frédéric Michalak était titulaire – à l’ouverture au Racing, à la mêlée à Toulouse, lui qui n’a connu que six titularisations en Top 14 cette saison. Cela donne du poids à la candidature de la future légende du rugby français. Mais sa polyvalence et son expérience pourrait être utile en fin de match. « Fred a un rôle dans l’équipe, reconnaît l’ancien demi de mêlée. Il a réalisé une bonne entrée contre Montpellier. C’est ça que j’attends de lui, ni plus, ni moins. L’aider à terminer son histoire sur une bonne note peut aider le groupe à se souder, à se fédérer pour réaliser une belle performance. »

VERTUS COLLECTIVES ET MENTAL

Dans le sprint final, Pierre Mignoni l’a souvent répété : le Lou dispose de moins d’individualités que ses concurrents directs. Au-delà de ses qualités purement rugbystiques, de sa bonne tenue en mêlée, de la qualité de son alignement ou encore sa défense, ses vertus collectives et son mental sont ses meilleures armes pour tenir le choc le plus longtemps possible. « Le rôle d’outsider nous va très bien, reconnaît le centre, Thibaut Regard. Avec la pression du public, on sait que Toulon va commencer très fort. Ça va partir très vite et il faudra rester concentrés. Si on arrive à rester au contact jusqu’à dix ou vingt minutes de la fin, on peut ensuite envisager de créer l’exploit. » Il faut aussi prendre en compte - cela a été dit et répété de nombreuses fois – que beaucoup d’anciens Toulonnais portent le maillot du Lou. Entre leur volonté de briller devant leur ancien public, leur connaissance du contexte qui peut leur permettre d’aborder l’événement avec sang-froid. Cela pourrait servir pour parvenir à contenir les assauts adverses pendant les temps faibles. « On connaît comment joue Toulon, l’atmosphère dans le stade, la pression que met le public », explique Liam Gill. Et le flanker de rappeler que le Lou avait déjà battu deux fois le RCT cette saison, à Gerland cet hiver, mais aussi à… Mayol l’été dernier, en match de préparation. « Le contexte est différent mais c’est bien pour notre confiance », rappelle l’Australien.

Et comme la première condition pour réaliser un exploit est d’y croire… Qui sait ?