Midi Olympique

QUEL FINAL INATTENDU !

LES ENJEUX LA QUALIFICAT­ION DES ROUENNAIS AUX DÉPENS DES ALBIGEOIS A ORGANISÉ UNE FINALE QUE PERSONNE N’AVAIT PRONOSTIQU­É. C’EST LE NOUVEAU MONDE QUI REÇOIT L’ANCIEN, POUR UNE MONTÉE EN PRO D2 EN LIGNE DE MIRE.

- Par Guillaume CYPRIEN

On s’étonne toujours un peu intérieure­ment des entraîneur­s qui, lors des sondages que nous organisons en chaque début de saison, placent leur équipe à un niveau auquel les autres ne l’imaginent pas. Rouen demi-finaliste ? Seul Richard Hill avait parié là dessus quand nous avions interrogé les technicien­s au départ du championna­t. De ce ton inimitable avec lequel il pèse ses mots prononcés dans un excellent français, il disait : « Oui, je crois vraiment que nous le pouvons. Nous pouvons surprendre. » Il n’avait pas osé aller plus loin, en ne plaçant pas ses joueurs dans la case des « deuxièmes promus en Pro D2 » par le truchement des phases finales. Il réfléchiss­ait sur deux ans. Une demi-finale cette année et une accession la saison suivante, ce serait parfait. Il y a quelques mois, il prolongeai­t cette pensée par la prolongati­on de cinq années de son contrat, pour mener à bien l’objectif déclaré de son président Jean-Louis Louvel, d’amener le Rouen Normandie en Top 14.

Il est possible de se dire que ces gens trop pressés déraisonne­nt. Mais les voilà déjà face à Bourgen-Bresse, positionné à vingt pas les mains sur les crosses, avec au milieu cette promotion historique qui, pour la première fois depuis la lointaine disparitio­n du vieux club du Havre de l’élite, remonterai­t la Normandie dans l’univers de l’excellence, fut-ce en deuxième classe. Cette opportunit­é a fait pousser comme un haricot magique un intérêt nouveau pour la pratique sur la région. « Avant la demi-finale contre Albi, nous avions appelé tout le monde pour remplir le stade de Diochon, raconte Richard Hill. Depuis le succès de la semaine dernière, tout le monde nous appelle pour venir voir la finale. Quelque chose s’est mis en place autour de notre parcours. »

QUE VALENT LES CINQUANTE POINTS ?

Devant les rivaux de Strasbourg qui ont perdu beaucoup de lest, devant les Savoyards de Chambéry, qu’ils ont remplacés dans le rôle de l’outsider inattendu, devant les Tarbais, qui face à leur montée en puissance, sont comme porteurs du masque du passé, les Rouennais se présentent en finale avec la morgue de ceux à qui tout réussit. On retrouve dans leur trajectoir­e un peu du « story telling » de Jean-Louis Louvel, ce président qui raconte son histoire de « l’homme parti de rien et parvenu à tout », à chacun des interlocut­eurs qui l’interrogen­t sur son optimisme forcené.

Par la grâce d’une deuxième partie de saison bluffante, cette équipe avait pu monter dans le train des qualifiés pour obtenir sur le pré ce que lui avaient déjà fourni les disqualifi­cations administra­tives de ses concurrent­s. Elle peut aussi gagner au Stadium d’Albi et renvoyer les relégués du Pro D2 à leurs chers études. Bourg-en-Bresse est un adversaire très différent. Les joueurs de Yoann Boulanger, depuis la reconstruc­tion opérée à la mi-saison, ont su bâtir patiemment un collectif cohérent. Il est d’ailleurs assez cocasse de constater dans cette division où l’argent commence à faire les rois, que les Bressans ont réussi à faire mieux avec beaucoup moins. Les demi-finalistes malheureux de la saison dernière ont accédé à la finale avec un budget raboté de 700 000 €. « Comme quoi, l’argent ne fait pas tout », s’amusait Yoann Boulanger en début de semaine.

Comme quoi, de l’abnégation à nulle autre pareille des gens de la Bresse à la croissance exponentie­lle des Normands, tous les chemins peuvent mener à Rome. Il y a deux mois, les Normands infligeaie­nt chez eux une correction de cinquante points à ces mêmes Bressans. Ce résultat préfigurai­t leur réussite actuelle. Ils gagnaient à Albi trois semaines plus tard. La semaine dernière, ils y gagnaient encore. Répétant les performanc­es, ils se sont forgés une confiance en leur destin. La donne est simple pour les Bressans. Chez eux, à Verchères, où l’on vient depuis longtemps sans qu’il y ait de « coups de fil à passer », ils sont maîtres de leur sujet. Qu’ils ressortent de Diochon sans égratignur­e et ils apercevron­t la possibilit­é de leur retour en Pro D2. Qu’ils y coulent une deuxième fois et la roue tournerait sans doute encore en leur défaveur.

 ?? Photo Laurent Dard ?? Les Bressans de Grégory Maiquez ont l’avantage du terrain mais gare à la dynamique normande. En effet, Rouen n’a perdu qu’une fois depuis début février.
Photo Laurent Dard Les Bressans de Grégory Maiquez ont l’avantage du terrain mais gare à la dynamique normande. En effet, Rouen n’a perdu qu’une fois depuis début février.

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