TOUS PERDANTS... SAUF LA RUSSIE
QUALIFICATIONS AU MONDIAL 2019 MARDI, LA COMMISSION DE WORLD RUGBY A RENDU SON VERDICT POUR LE TOURNOI B. RÉSULTAT : TROIS NATIONS SONT EXCLUES ET LA RUSSIE, INITIALEMENT ÉLIMINÉE, SE RETROUVE QUALIFIÉE POUR LE JAPON. L’ESPAGNE ET LA ROUMANIE ENRAGENT. LE RUGBY Y PERD EN CRÉDIBILITÉ.
Cinquante-huit jours après le dénouement sportif du Tournoi des 6 Nations B et le tumultueux Belgique - Espagne, le verdict et le classement final de la compétition ont enfin été communiqués, ce mardi. Et quel retournement de situation, à l’arrivée : la Russie, seulement quatrième de l’édition, grimpe de deux rangs sur tapis vert et se retrouve ainsi qualifiée pour la prochaine Coupe du monde où elle aura l’honneur de disputer le match d’ouverture face au Japon, le 20 septembre 2019, dans l’Ajinomoto Stadium de Tokyo. Dans les faits, la commission indépendante de World Rugby chargée de statuer sur tous les litiges autour du Tournoi B a pris deux décisions fortes : elle a décidé de ne pas donner le match Belgique - Espagne à rejouer - en dépit d’irrégularités de la part du trio arbitral roumain - afin de ne pas créer de jurisprudence ; elle a surtout infligé des retraits de points conséquents à trois des nations participantes - quarante pour l’Espagne, trente pour la Belgique et la Roumanie - et a prononcé leur exclusion de la campagne qualificative à la Coupe du monde. Rien de moins.
LAPORTE : « ÇA ENTACHE LA NOTORIÉTÉ DE NOTRE SPORT »
La raison ? Ces sélections ont aligné des joueurs non éligibles au cours de la compétition, comme souligné par les Russes et les Allemands après coup : selon les règlements de l’instance internationale, les Espagnols Mathieu Belie et Bastien Fuster, capés avec France moins de 20 ans, le Roumain Sione Faka’osilea, aligné avec le Tonga à VII, et cinq Belges, dont les origines avec le Plat Pays étaient trop éloignées, n’auraient pas dû concourir. Cette zizanie administrative profite aux Russes autant qu’elles portent le discrédit sur le rugby dans sa globalité. À tous les niveaux : le mérite sportif n’est pas récompensé, les Fédérations se sont écharpés sur la place publique, le processus de qualification perd en crédibilité et le Mondial japonais se retrouve avec la dixième nation européenne dans son tableau. Interrogé mardi au sujet de cette affaire, Bernard Laporte n’a pu contenir son dépit devant ce malheureux bordel : « J’ai eu une réunion de trois heures avec World Rugby ce matin. Quand on voit que des Fédérations font jouer cinq joueurs inéligibles, soit ce sont des joueurs qui mentent, soit ce sont des fédés qui trichent ! Il faut que World Rugby soit plus présent au niveau des régions, de l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique pour contrôler tout ça au quotidien. Parce que ça entache la notoriété de notre sport. Aujourd’hui, les gens pensent que la Belgique et l’Espagne ont triché. Ce n’est pas professionnel. D’autant plus que ce n’est pas un cas isolé ! »
World Rugby, consciente des désagréments causés par ce pataquès, a d’ores et déjà pris des mesures afin de prévenir un nouvel imbroglio de cet ampleur. Alors que les protagonistes se sont engagées à ne pas aller jusqu’à un recours devant le Tribunal arbitral du sport, la Fédération internationale souhaite se rapprocher de Rugby Europe pour encadrer le déroulement des compétitions et la nomination des arbitres. Elle envisage aussi de clarifier la règle 8 définissant les règles d’éligibilité. Jusqu’à présent, chaque Fédération décide des siennes. À l’avenir, une règle commune pourrait être décrétée pour dissiper tout malentendu. En attendant, les supporters ayant réservé leur billet pour Japon - Roumanie en ouverture de la Coupe du monde pourront être remboursés s’ils le désirent. À moins d’un nouveau retournement de situation en appel…