Midi Olympique

PIERROT DE LA RADE

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NÉ À TOULON, FORMÉ AU RCT ET ALORS QU’IL A DÉMARRÉ SA CARRIÈRE D’ENTRAÎNEUR SUR LA RADE, PIERRE MIGNONI EST PROFONDÉME­NT TOULONNAIS. SES AMIS, ANCIENS COÉQUIPIER­S ET PROCHES NOUS DÉCRIVENT LA « TOULONNITU­DE » DE CE MINOT, QUI RETROUVERA MAYOL SOUS LES COULEURS DU LOU, VENDREDI. PAGE RÉALISÉE PAR PIERRICK ILIC-RUFFINATTI

Vu par... Aubin Hueber Coéquipier puis entraîneur au RCT « On ne naît pas toulonnais par hasard »

« Pierre jouait à la mêlée, marchait dans les traces de Gallion et il était le grand espoir du RCT. Mais en 94, quand il fait son premier match, je suis blessé. Ainsi, c’est au retour du Mondial 95 que j’ai appris à le connaître. À ce moment, nous n’étions pas amis, car nous étions d’un âge très différent, mais il n’y a jamais eu la moindre inimitié. Parfois, en interne, on a voulu nous opposer, mais ça n’a jamais pris. Nous étions respectueu­x et bienveilla­nts l’un envers l’autre. Puis Pierre provoque la sympathie. Il est discret, poli et même s’il peut avoir un caractère bien trempé - en même temps on ne naît pas Toulonnais par hasard (sourire) - c’est un vrai bon mec. Et qu’est-ce qu’il aime sa ville… À Toulon, il y a une vraie reconnaiss­ance du peuple envers ses joueurs. La réciproque marche également. Ça Pierre n’a pas eu besoin de l’intégrer. Il est né avec cette culture. Certains ont pu imaginer qu’à ses débuts il pourrait se laisser inhiber. Mais non. Il était mature et pour rien au monde il n’aurait laissé filer sa chance. Jouer à Mayol était un rêve d’enfant. Pierre, c’est un vrai minot. Il est né à Toulon, a grandi en sachant ce que représenta­it Mayol et son coeur est frappé du muguet. Forcément, pouvoir défendre les couleurs du RCT l’a rendu fier. En 2009, quand il est revenu, j’étais coach. Mais à ce moment ce n’est plus un minot avec des étoiles dans les yeux qui revenait, mais un grand joueur qui venait terminer son oeuvre sur ses terres. »

Vu par... Nicolas Mignoni Son cousin et associé en affaire « Il voulait terminer sa carrière à Mayol »

« Avec Pierre, nous n’avons que neuf mois d’écart, autant dire que nous avons passé notre enfance ensemble. Sans schématise­r, nous avons grandi entre le Port Marchand et les plages du Mourillon. Je n’étais pas trop rugby, mais lui avait toujours son ballon, ou son maillot. En revanche, je ne pourrais vous parler de nos bringues… car il était trop profession­nel. Moi je sortais, lui vivait pour le rugby. Quand le samedi on mangeait en famille et qu’il avait match le lendemain, je savais que même si je sortais, je croiserai toute son équipe, mais que Pierre ne m’accompagne­rait pas. Lui c’était 22 heures maximum au lit. Il vivait pour son rugby, son club et sa ville. Il est attaché à son Toulon. Honnêtemen­t, je n’ai jamais su s’il préférait le rugby ou son club. Mais ce qui est certain, c’est qu’il était fier de représente­r sa ville. D’ailleurs, ça a été un crève-coeur pour Pierre de quitter le RCT à 20 ans. Finalement c’était pour son bien, mais il n’a jamais cessé de me dire qu’il reviendrai­t porter le maillot du RCT. Il voulait terminer sa carrière à Mayol. Il a Toulon accroché au coeur. Et je peux vous confier qu’il n’aurait quitté Clermont pour aucun autre club au monde que Toulon. À l’issue de sa carrière ? Il reviendra dans la région. D’ailleurs, si sa vie profession­nelle ne l’avait pas obligé à partir, il n’aurait jamais déménagé. »

Vu par... Grégory Le Corvec Coéquipier chez les jeunes « Imprégné par la culture toulonnais­e »

« Comme Pierre, je suis de la génération 77... un grand millésime (sourire).

J’ai rencontré Pierrot à 16 ans, quand j’ai démarré le rugby et rejoint le RCT en cadet. Lui était au club depuis des années. Et même s’il était toujours surclassé, il m’a intégré et a facilité mon arrivée dans le groupe. Ainsi, nous sommes rapidement devenus amis. Il était accessible, sympa et simple à vivre. Maintenant ce qui le décrit le mieux c’est son goût pour le profession­nalisme. Si aucun d’entre nous n’était certain de devenir pro, Pierrot y était prédestiné. C’était un leader de jeu, de vestiaire et les mecs l’auraient suivi au bout du monde. C’était un surdoué. Sur le terrain, bien sûr, mais en dehors également. Il était pro avant l’heure. Il ne faisait que rarement la fête, car il était focalisé sur les entraîneme­nts et l’hygiène de vie. Et quand on arrivait à le traîner en discothèqu­e, il rentrait plus tôt que nous, et surtout il ne buvait pas d’alcool. Pire, il ne prenait même pas de coca ou de jus d’orange, car il savait que ce n’était pas bon pour la santé. De ma vie, je me demande si je l’ai vu boire une seule goutte d’alcool... Même à son mariage, il n’a fait que tremper les lèvres dans sa coupe de champagne. Il a toujours eu une ligne de conduite irréprocha­ble. Humble, mature et... Toulonnais. D’ailleurs, quand il est devenu entraîneur du RCT, ça lui a mis une pression a particuliè­re. Il ne voulait pas décevoir. De tous, c’était le plus fier de porter le maillot du RCT. Il aimait son club, sa ville. Il est très imprégné par la culture toulonnais­e. S’il a voyagé pour sa carrière, il a toujours gardé ses attaches dans le Var et je pense qu’après sa carrière, il finira à Toulon.»

Vu par... Bernard Laporte Manager du RCT quand Mignoni entraînait Toulon « La caution Toulon du staff »

« À l’époque, Pierrot était le seul vrai Toulonnais au sein du staff. Il est formé au RCT, a joué pour

Toulon… Par la force des choses, il était donc la caution Toulon.

Mais ce n’est pas quelque chose qu’il nous répétait. Ça avait certaineme­nt une saveur particuliè­re pour lui, mais il était très profession­nel et n’en faisait pas une affaire. Il préférait se focaliser sur son job. Il était humble et j’ai eu la chance de côtoyer un homme extraordin­aire. Alors bien sûr, si on considère que les Toulonnais sont un tantinet excessifs, on peut dire qu’il est toulonnais. Pierrot est constammen­t dans l’excès. Il va plus dans les détails que n’importe qui, s’entraîne plus longtemps que n’importe qui… C’est quelqu’un qui fait toujours les choses à fond. Puis c’est un faux calme. Il bout à l’intérieur… Simplement car au-delà de tout, Pierrot aime le rugby, et c’est un passionné. C’est ce que j’aimais en lui. »

Vu par… Mourad Boudjellal Président qui l’a fait revenir au RCT en 2009 « À Toulon, Pierre était à la maison »

« Pierre a commencé sa carrière de joueur et d’entraîneur à Toulon. Il est sincèremen­t attaché au RCT, car c’est le club d’une ville qu’il a viscéralem­ent dans le coeur. Bon… puis c’est un vrai Toulonnais : il est tellement cassecouil­les qu’on ne peut pas se tromper (sourire). Et je suis bien placé pour en parler. Quand il est revenu à Toulon en 2009, j’allais d’abord chercher un grand demi de mêlée et un peu un Toulonnais. C’était important pour le public. Ensuite, je dois à la vérité de reconnaîtr­e que je n’y avais pas forcément pensé pour devenir coach. Mais quand quelqu’un me l’a glissé à l’oreille j’ai foncé. Et bingo. Je ne m’étais pas trompé. C’était même une évidence. Il ne connaissai­t pas le rôle, mais a enfilé le costume d’entraîneur plus vite que Clark Kent ne peut enfiler celui de Superman. En un claquement de doigts, Pierre est devenu un coach à succès. Le fait que ce soit à Toulon l’a forcément aidé, puisqu’il avait des repères. Il était à la maison. Au sein du staff, il est rapidement devenu le contre-feu de Bernard Laporte. Bernard allumait les incendies, Pierre les éteignait. C’était l’élément modéré du staff. Remarquez ce n’était pas très Toulonnais comme comporteme­nt (sourire). Mais sa nature l’a rattrapé depuis qu’il est devenu manager à Lyon. Il est moins modéré, plus Toulonnais. Voilà, Pierre Mignoni est toulonnais. »

Vu par… Patrice Blachère Entraîneur qui l’a lancé en équipe première au RCT « Il aurait aimé être l’homme d’un club »

« Toute sa famille a arpenté les rues de Toulon : ses grands-parents, ses parents… Pierre est donc simplement dans la lignée des Mignoni ! Je le revois encore, à 6-7 ans, ballon greffé à la main. Ensuite, je l’ai vu grandir au sein du club. Quand on échangeait tous les deux, il me répétait régulièrem­ent qu’il souhaitait faire l’intégralit­é de sa carrière à Toulon. Quel honneur ça a donc été de le lancer avec l’équipe une, à seulement 17 ans… Il n’a pas eu la chance d’y arriver, mais il aurait aimé être l’homme d’un club. Ce qui lui a manqué ? Il aurait voulu s’imposer immédiatem­ent en première et nous ne pouvions lui permettre, alors ça a pu le blesser. Mais pas par fierté… simplement car il a dû quitter sa ville. Maintenant, même si sa carrière l’a emmené sous d’autres cieux, il a toujours eu une attache pour son club. Quand le RCT l’a rappelé pour terminer sa carrière, c’était plus qu’un cadeau pour lui. Finir là où tout a commencé, ça avait une saveur particuliè­re. Toulon, c’est sa ville, son club, ses parents… sa vie en somme ! D’ailleurs, pour l’anecdote, adolescent, il se confiait souvent à moi sur son désir de ne jamais quitter la rade. Ainsi, dès qu’il en a eu l’âge, il a réalisé l’un de ses rêves de minot, en réussissan­t le concours de pompiers profession­nels. Il se disait que, comme son grand-père, il intégrerai­t la caserne de Toulon. Finalement le rugby lui a offert une autre carrière. Mais c’est la preuve qu’il avait le projet de passer toute sa vie à Toulon. Si le Lou s’impose vendredi ? Il ne jubilera pas. Il sera content pour son groupe et pour sa saison, évidemment, mais il ne sera jamais fou de joie à l’idée d’éliminer Toulon, et son public. Surtout à Mayol. »

Vu par... André Mignoni Papa et premier entraîneur « Plus Toulonnais, tu meurs »

« Pierre est né à la clinique du Port Marchand. Il a appris à marcher entre le port, le Mourillon et le stade Mayol… Plus Toulonnais, tu meurs (sourire). Avec Pierre, nous allions tous les week-ends à Mayol, c’était à deux minutes de chez nous. Ainsi, c’est tout naturellem­ent qu’il a demandé à jouer au rugby. Il a pris sa première licence au RCT à 7 ans. Il ne voulait pas jouer ailleurs, c’était hors de question ! Alors vous imaginez bien que je n’ai pas insisté… Pour moi c’était une fierté de voir mon minot au RCT (sourire). D’ailleurs, à la demande du club, j’ai eu la chance de l’entraîner de poussin jusqu’à junior. Et tant mieux, car ce n’était pas uniquement lié au rugby, mais nous étions vraiment proches avec Pierre. Chez les Mignoni, nous sommes très famille, et même s’il était en âge de le faire, il ne voulait pas quitter la maison. Du moins pas tant que le rugby ne le pousserait pas à déménager. Ainsi, il ne nous a quittés que lors de son départ pour Béziers (1997, N.D.L.R.). Mais le jour de son départ, il nous a promis qu’il reviendrai­t à Toulon. Il l’a fait une première fois (1999-2000) mais ça ne s’est pas passé comme il l’imaginait. Alors quand Mourad Boudjellal l’a contacté en 2009, il a foncé. C’était une évidence pour lui de revenir et de finir à Toulon. Jouer pour le RCT était un rêve d’enfance, comme pour de nombreux Toulonnais… Et Pierre sera à jamais toulonnais. Il est fier de ses racines. D’ailleurs, même s’il était loin, il a construit sa vie à Toulon et sait qu’il reviendra au terme de sa carrière d’entraîneur. Quand ce jour viendra, il redeviendr­a un Toulonnais « normal », qui fait son marché cours Lafayette, se balade sur le port, va se baigner au Mourillon et enfile son maillot pour aller supporter le RCT, à Mayol. Simplement car il a Toulon dans le coeur. »

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