« Je crois en notre rugby »
CHRISTIAN LANTA- Directeur sportif de Perpignan LE TITRE ET LA MONTÉE EN TOP 14 ACQUISES, LE MANAGER REVIENT SUR LA SAISON ÉCOULÉE ET ÉVOQUE L’AVENIR DU CLUB SANG ET OR.
Derrière ce titre, il y a la réussite des joueurs mais c’est également la réussite d’un staff. Vous êtes allés chercher fin septembre 2016 Patrick Arlettaz et Perry Freshwater : comment décririezvous cette osmose entre vous trois ?
Je pense qu’il n’y a rien de mieux que lorsqu’on choisit les gens avec lesquels on veut collaborer. Lorsqu’on a la chance de pouvoir choisir des hommes qui sont sur les mêmes valeurs, les mêmes idées de jeu, qui ont la même approche de ce que doit être une équipe de rugby, forcément, ça compte. Il y avait déjà plein de points de convergence entre nous trois. Patrick, je l’avais eu comme joueur pendant trois ans avec France Universitaire et nous avions toujours gardé le contact. Je savais le boulot qu’il faisait et je savais aussi que c’était un excellent technicien. Il en faisait la preuve avec des équipes qui n’avaient pas de gros moyens. Perry, je l’ai un petit peu « violé » parce que sa vocation n’était pas d’être entraîneur. Il était team manager et il était très intéressé par la mêlée. Je sentais qu’il avait énormément d’expérience en luimême si cela n’est pas suffisant. Pleins de grands joueurs n’ont jamais été de bons entraîneurs. Mais Perry a un côté humain qui passe très bien avec le vestiaire. Il est écouté. J’étais derrière lui à le soutenir lorsqu’il a commencé à prendre la mêlée de l’Usap et il a relevé ce challenge. Le deal avec Patrick et Perry, c’était de mettre mon expérience à leur service et de les accompagner tout le long. Cela implique d’être dans l’échange permanent, dans la remise en question, dans quelque chose de construit. Ils ont compris que je n’étais pas là pour une forme de pouvoir mais pour les accompagner et leur donner tous les moyens de réussir.
À quel moment de cette saison avez-vous senti naître cet appétit de réussir ? Est-ce que le stage de pré-saison de Font-Romeu en juillet dernier a donné envie de construire cette histoire ?
Ce qu’il s’est passé à Font-Romeu est la raison pour laquelle je ne peux pas dissocier cette saison de la précédente. Avant le stage, nous savions que nous avions mis des bases importantes dans ce groupe et ce, dans tous les domaines de la performance : la vie de groupe, la préparation physique… Les garçons n’étaient pas dupes, nous avions raté de peu la qualification (pour deux points
N.D.L.R) mais ils savaient qu’ils progressaient, que le groupe avait pris sa pleine mesure. Ils ont senti qu’avec le staff nous leur donnions tous les moyens pour réussir. À Font-Romeu, ils ont décidé de réussir ensemble. Si il y a eu un pacte qui a été fait, c’est durant ce stage qu’il a été signé.
Avec cette force de caractère et cette qualité de rugby qu’a démontré l’Usap cette saison, est-ce que le groupe est prêt pour s’engager dans l’aventure du Top 14 ?
C’est toujours difficile de dire que nous serons prêts. Ce serait même présomptueux de le dire et nous ne le savons pas nous-mêmes. Il y a deux, trois choses que je pense dans tous les cas. Premièrement, ce groupe-là a déjà une force collective avec la saison vécue et le titre remporté. Ils sont devenus des frères et ils ont déjà des liens très forts entre eux. Il faudra s’appuyer dessus, ce sera nécessaire mais certainement pas suffisant. La deuxième chose est que je crois en notre rugby qui nous a notamment permis d’inscrire 113 essais cette saison. Patrick et Perry vont aller plus loin dans ce développement car il faudra que l’on soit à un autre niveau. En revanche, nous avons des bases solides qui seront là aussi nécessaires. Beaucoup de nos joueurs issus des générations 92, 93,94,95, 96, les Tom Ecochard, Karl Chateau, Raphaël Carbou, Julien Farnoux, Enzo Forletta, Alan Brazo pour ne citer qu’eux ont enclenché leurs processus d’évolution. Ils auront forcément un moment d’adaptation avec le Top 14 mais je sais qu’ils s’adapteront assez vite. Dans tous les domaines de la performance, que ce soit physique, technique, tactique, mentale, ils ont encore une marge de progression importante. La troisième question sera de savoir si nous aurons la capacité de nous adapter suffisamment vite et de faire des progrès individuels, techniques et collectifs pour se maintenir. Le maintien est un objectif très ambitieux auquel il faudra se tenir. Je ressens beaucoup d’envie, de détermination et des convictions fortes dans ce groupe. Notre capacité à se transcender sera primordiale.
Est-ce que c’est important d’être champion avec une partie de l’équipe qui est issue du centre de formation de l’Usap ?
Il y a différentes manières de réussir mais celles-ci en est une et je l’aime bien parce que c’est aussi le travail de tout un club qui a été fait en amont par un centre de formation, des éducateurs. C’est l’émanation de la qualité de la formation mise en place à l’Usap. On oublie trop souvent de rendre hommage à ce travail. C’est un bel exemple parce qu’aujourd’hui ces joueurs formés au club sont les gardiens du temple. Ils vont véhiculer et pérenniser l’état d’esprit d’aujourd’hui, qui doit être celui de demain.
Le groupe devra être étoffé. Est-ce que le recrutement est primordial durant cette intersaison ?
Bien sûr, il faut donner d’autres ressources au groupe avec des joueurs qui sont expérimentés et qui ont la connaissance du Top 14. Après, entre ce qu’on a envie de faire et ce que l’on fait, il y a une barrière. La montée a été tardive et c’est toujours délicat de préparer un recrutement. Mais il ne faut pas se tromper dessus pour la suite.
« Ce groupe-là a déjà une force collective avec la saison vécue et le titre remporté. Ils sont devenus des frères et ils ont des liens très forts entre eux. » Christian LANTA Manager de l’Usap