À QUI ENFLAMMERA VERCHÈRE
BRESSANS ET ROUENNAIS ONT MISÉ SUR L’OFFENSIVE POUR OBTENIR LA MONTÉE EN PRO D2. LES PLUS PRÉCIS SERONT PROMUS.
Le spectacle produit en Normandie par la première confrontation entre ces deux équipes a laissé une trace. Jouer une finale sur ce tempo en lâchant les chevaux sans retenue, privilégier les chaudes initiatives aux dépens de la froide stratégie, a mis très en valeur ces deux effectifs, et ceux des joueurs qui, à la fin de la partie, ont attendu dans le couloir de pouvoir répondre au contrôle antidopage, ont partagé une bière en riant du scénario incroyable qu’ils venaient d’écrire ensemble. Selon le style de chacun, de la puissance rouennaise à la vivacité bressanne, de l’organisation plus méthodique normande aux inspirations plus instinctives des joueurs de l’Ain, le rapport des forces devrait à nouveau balancer cette deuxième partie dans le grand bain du jeu de mouvement, de l’incertitude, et des coups du sort.
Qui peut vraiment prétendre maîtriser les débats après cette première manche, lors de laquelle chacune des deux formations a senti la montée en Pro D2 lui échapper complètement, en cédant franchement quand l’adversaire a vécu le moment de son état de grâce ? Les trois points d’avance de Bourg-en-Bresse sont vraiment peu de chose. Mais il est un fait que ces Bressans pourront compter sur un public autrement plus présent que celui du stade Diochon, cette enceinte de football où quelques ultras ont tenté de secouer une masse de supporters normands sans parvenir à créer la vague de soutien du seizième homme.
HILL CHANGE DES HOMMES
Les supporters de Bourg-en-Bresse connaissent ce jeu des phases finales depuis trop longtemps pour ne pas atteindre la ferveur susceptible de faire un peu pencher la balance, de soulever le coeur de leurs joueurs, et dans les moments défavorables, de créer les conditions d’une résistance orgueilleuse. Lorsque la première mêlée sera ordonnée, lorsque le droitier rouennais Wilfrid Hounkpatin tentera d’envoyer dans les cordes le gaucher bressan, celui qui sera ainsi confronté au futur Castrais, sentira sur son épaule se poser la main bienveillante de ce public d’avertis. « Beaucoup de lobbying a été fait sur lui, puisqu’il jouera en Top 14 la saison prochaine. Mais je crois bien que nous avons provoqué une pénalité en notre faveur en seconde période, et que nous n’en avons plus concédé une fois les dix premières minutes passées », disait déjà à ce sujet en début de semaine le capitaine Hugo Dupont, voulant désamorcer le combat annoncé. La partie se jouera un peu ici, c’est évident. Une autre clé : pour être certain de ne pas tomber dans le tempo du rugby débridé bressan auquel ses joueurs ne pourront pas forcément répondre, Richard Hill a décidé de changer la composition de son équipe en réintroduisant son ouvreur « historique » Luke Cozens, pour décaler au centre de l’attaque le plus artistique Zack Henry. Harry Spencer débutera aussi pour tenter de rendre la touche plus opérationnelle. « Les joueurs se sont un peu trop mis la pression lors du premier match, et nous n’avons pas fait ce que nous voulions, a expliqué le manager anglais. Luke connaît bien notre jeu et saura choisir les bonnes options. Nous devons être aussi plus précis. On ne pourra pas gagner si comme la semaine dernière, nous passons 35 minutes dans le camp de Bourg-en-Bresse pour marquer seulement dix points. » « Il n’y a plus rien à calculer, répondait Yoann Boulangner depuis Bourg-en-Bresse. Cela fait un petit moment que l’on sent que le collectif prend le dessus. Je suis content pour les joueurs. Cela fait plaisir de les voir comme ça. Il faut y aller comme vendredi dernier, pour jouer notre meilleur rugby. »
Et de ces infatigables Bressans qui toujours depuis des années ont remis leur ouvrage sur le métier, ou de ces Rouennais vraiment très pressés, promus aux dents longues, qui peuvent devenir la première équipe à vivre deux accessions consécutives à ce niveau de la compétition, celui des deux qui montera intégrera la Pro D2 d’un joli coup de panache.