Midi Olympique

« L’important, c’est d’être heureux »

HUGO DUPONT - Arrière et capitaine de Bourg-en-Bresse IL BALAYE LA PRESSION DU RÉSULTAT. POUR LUI, LA SAISON DE SON ÉQUIPE LUI APPORTE TOUTE LA SATISFACTI­ON DONT IL A BESOIN.

- Propos recueillis par G. C.

Votre équipe a manqué l’occasion de creuser un écart important lors de la première rencontre de vendredi dernier. Qu’est-ce qui l’emporte chez vous, de la frustratio­n ou du contenteme­nt du succès ?

Nous n’avons jamais raisonné en termes de résultat depuis le départ de la saison, et nous n’allons pas commencer maintenant. Nous avons la chance d’être toujours en course, c’est tout ce qui compte. Une seule chose nous importe : bien vivre ensemble, se retrouver pour générer du plaisir, et le transmettr­e à notre public. On aurait pu créer un écart conséquent ? On aurait pu aussi rejoindre la mi-temps dans de moins bonnes dispositio­ns que le score de parité à dix points partout. Le scénario de ce premier match, avec tous ces rebondisse­ments, était tout de même assez improbable. Et c’est pour ça que les gens viennent au stade, pour se faire surprendre. Cette première confrontat­ion était très excitante.

La possibilit­é de la montée en Pro D2 ne vous place-t-elle pas dans une dimension psychologi­que particuliè­re ? N’êtes-vous pas plus regardant sur votre sort ?

Vous savez, je m’appelle Dupont et je pèse soixante-dix-huit kilos. Dans le contexte actuel du rugby profession­nel, pour un arrière, ce n’est pas très vendeur. Mes camarades et moi, nous avons tout à fait conscience que si nous voulons jouer en Pro D2, il faudra y accéder par nous-mêmes. Mais je ne fais pas de cette montée l’alpha et l’oméga de notre action. Dans le fond, cela changera quoi, que l’on monte ou pas ? Je peux vous assurer que cela ne multiplier­a pas nos salaires par deux… J’en profite pour remercier nos dirigeants qui nous placent chaque année dans un état de sérénité très appréciabl­e en assurant des budgets sains. D’autres clubs ont tellement souffert ces dernières années… Le plaisir, vivre rien que pour le plaisir entre coéquipier­s, que ce soit en Fédérale 1 ou en Pro D2, c’est tout ce qui compte. Il n’y a pas d’affect à développer par rapport au résultat. Si nous ne devions pas monter, le ciel ne nous tomberait pas sur la tête.

Quel genre de plaisir prenez-vous en ce moment ?

Nous avons construit un collectif d’une rare solidarité depuis la reprise. C’est très appréciabl­e. La philosophi­e de cette équipe fait rayonner les coéquipier­s. En ce qui me concerne, je suis très heureux à Bourg-en-Bresse. J’y ai trouvé un équilibre de vie. Cela n’a pas de prix.

Vous étiez reparti à l’intersaiso­n avec un effectif et un staff très remanié. Il fallait reconstrui­re. Votre présence en finale n’était pas écrite. Y a-t-il eu un moment particulie­r dans la saison à partir duquel vous avez senti se réaliser votre potentiel ?

Il n’y a pas eu de déclic, si c’est cela que vous voulez dire. Au départ, nous avons mis l’accent sur la nécessité de construire notre groupe. Au fur et à mesure, l’adhésion de tous est devenue très forte. Et ce collectif s’est forgé autour de l’idée de la recherche permanente. Il est mouvant. Il est tout le temps en train de se remettre en forme. Il est vivant. J’ai le sentiment que nous progresson­s tout le temps.

Vous restez sur deux échecs en demi-finale depuis deux ans. Que vous ont-ils appris ?

Pas grand-chose. Je n’avais pas joué contre Soyaux-Angoulême, puisque je m’étais blessé à la mâchoire au tour précédent contre Auch. La fin de saison dernière, je l’avais plutôt mal vécue. Mais quel rapport avec notre aventure de cette saison ? Nous sommes toujours en course, et notre public viendra en masse nous soutenir à Verchère. Tout ce qui compte, c’est de vivre ce moment. Nous devons énormément à ce public, qui forme la plus grande affluence de la Fédérale 1. Mais son soutien n’est une chose acquise. Il nous faut le provoquer et l’entretenir. Il nous faut lui transmettr­e notre enthousias­me. Pour cela, le simple fait de jouer cette finale est une aubaine.

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