DANS L’INCONFORT DU BERCAIL
JONATHAN GIRAUD - TROISIÈME LIGNE DE ROUEN CELUI QUI A FAIT TOUTE SA CARRIÈRE A BOURG-EN-BRESSE REVIENT À VERCHÈRE POUR ESSAYER DE PRIVER SES ANCIENS COÉQUIPIERS DE LA MONTÉE EN PRO D2.
Tombant dans les bras de toute la famille Buatier montée à Rouen voir le match en Normandie, en attendant le moment d’embrasser son meilleur ami Quentin Drancourt, le Rouennais d’adoption Jonathan Giraud a vécu l’après-match de la première confrontation dans la chaleur des retrouvailles avec sa famille biologique. Lui, le grand goal maladroit de l’Albarine Club de Saint-Denis-enBugey, venu au rugby sur le tard à 18 ans à Ambérieu-le-Bugey, avant de rejoindre rapidement Bourg-enBresse en Reichel, reviendra demain à Verchère provoquer la tribune CGT avec ses nouveaux coéquipiers pour souffler à ses camarades de toujours la montée qui déjà depuis deux ans leur échappe. « J’en ai rêvé », assumet-il, grand joueur et grand rieur, et beau sourire franc, sans vergogne aucune en imaginant réussir contre ceux avec lesquels il a partagé les échecs cuisants, et la réussite éclatante.
Ses sept années d’équipe première à Bourg-en-Bresse l’ont conduit de l’accession en Pro D2 obtenue contre feu l’équipe de Lille - « mon meilleur souvenir de rugbyman » - jusqu’aux désillusions de SoyauxAngoulême et de Chambéry, en passant par la honte de ce match perdu contre Aubenas au moment d’inaugurer la saison dernière la nouvelle pelouse hybride. Il était parti à Rouen à l’intersaison sur le désaccord survenu entre les Berjalliens et les Bressans, avec l’idée de participer à un projet pionnier sur une terre à conquérir. Qui aime bien, châtie bien, il a balancé vendredi dernier en position de deuxième ligne, tout ce qu’il avait dans le ventre, dans ce match où l’intensité de ses plaquages et de ses charges volontaires, barbe hirsute et cheveux au vent, lui ont donné des faux airs du très généreux Jacques Burger du temps où il jouait au Saracens. Quelle énergie dépensée !
REPOSITIONNÉ EN TROISIÈME LIGNE
Demain, il changera de poste comme il en a l’habitude. Le retour du preneur de balle en touche Harry Spencer le déplacera en troisième ligne où il cherchera à rayonner encore davantage, aux yeux de ce public qui le connaît bien. « On va prendre quarante mille mauls dans la gueule,
prophétisait-il au sortir de sa douche à l’issue de la courte défaite de la semaine dernière. On a conservé nos chances de gagner, mais ceux qui pensent qu’il suffira de contenir le jeu vivant de Bourg-en-Bresse pour monter, se trompent complètement. Ça va être très très chaud. Ça fait dix ans qu’il n’y a pas eu de match comme celui-là à Verchère, avec cet enjeu dramatique immédiat. Il faut mettre le casque à pointe, croire en nos chances, et relever le défi qui nous sera proposé. » Pour réduire au silence ce public dont il a souvent bénéficié de la ferveur, et provoquer le troisième échec de ceux avec lesquels il a tant partagé.